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Avec la piètre récolte 2024, les exports de blé tendre vont fondre de 40 %


TNC le 18/09/2024 à 17:21
PortdeRouenSLeitenberger

A Rouen, les volumes de blé tendre chargés sur les bateaux à destination de l’export vont être, pour cette campagne 2024-2025, en très forte baisse. (© Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

À l'occasion de son conseil spécialisé Grandes Cultures, le 18 septembre, FranceAgriMer a dressé un bilan de la récolte. Les rendements sont en forte baisse, en deçà des estimations de juillet. Si les volumes disponibles à l’exportation chutent de près de 40 %, le maintien de la qualité des protéines de blé tendre devrait permettre à la France de répondre aux cahiers des charges de ses clients.

Les estimations de fin juillet faisaient déjà état d’une baisse marquée de la production française de céréales, en raison des pluies persistantes. Le nouveau bilan présenté par FranceAgriMer le 18 septembre 2024, à l’occasion de son conseil spécialisé Grandes Cultures, révèle des volumes plus faibles que prévus.

La collecte de blé tendre s’établit à 23,518 Mt, en baisse de 26 % par rapport à la campagne 2023/2024. En juillet, elle était estimée à 27,25 Mt. Le stock initial particulièrement haut, à 3,17 Mt, et les importations en hausse, à 250 000 t, parviennent difficilement à endiguer la chute de la production, avec un total disponible à 26,938 Mt, près de 7,5 Mt de moins que l’année dernière.

Des exportations de blé en baisse, en raison de faibles disponibilités

Pour limiter les impacts de cette baisse de production, les exportations françaises de blé seront marquées par un recul de 39 %. FranceAgriMer estime que seuls 10,109 Mt de grains seront exportés cette campagne, contre 16,6 Mt environ au cours des trois précédentes.

Les États membres de l’Union européenne bénéficieront de 60 % des exportations françaises, et les pays tiers, de 40 %. Cela devrait permettre à la France de voir son stock final diminuer de seulement 14 % par rapport à la campagne 2023/2024, pour atteindre un niveau similaire à celui des années précédentes. Les données des douanes font bel et bien état d’une baisse des exportations au mois de juillet, de l’ordre de 18 % en blé tendre (0,9 Mt contre 1,1 Mt).

Mais si la quantité n’est pas au rendez-vous, la qualité du blé tendre est relativement satisfaisante, selon une analyse menée à l’entrée des silos, sur 566 échantillons français.

La teneur en protéines atteint 11,4 %, contre 11,6 % habituellement, et 41 % de la récolte a une teneur en protéines supérieure à 11,5 %. « Compte tenu des rendements, on aurait pu espérer avoir des niveaux de protéines plus élevés, reconnaît cependant Christine Bar. Mais les blés ont été lessivés par les pluies. » Les poids spécifiques ont également été impactés par les précipitations : 28 % de la récolte seulement affiche des PS au-dessus de 76, contre les trois quarts en temps normal.

Mais ces valeurs ne tiennent pas compte du travail de nettoyage, d’ensilage et d’alotage qui sera réalisé par les collecteurs et les silos portuaires. « Il devrait être possible de récupérer un point de PS, pour atteindre les cahiers des charges aux normes 75 et 76 » estime Christine Bar. Par ailleurs, le blé tendre affiche une excellente qualité panifiable, signe de protéines de qualité.

Baisse des orges et du blé dur, croissance du maïs

Du côté des orges, la collecte atteint 8,5 Mt, en recul de 2 Mt, ou de 19 %, par rapport à la récolte 2023/2024. Les exportations pourraient passer de 6,8 à 5 Mt, soit un recul de 26 %, qui viserait principalement les pays tiers, avec un recul de 43 %, tandis que les États membres de l’UE ne verraient leurs importations diminuer que de 5 % environ.

La baisse de la récolte se fait moins drastique pour le blé dur, avec une collecte estimée à 1,159 Mt, contre 1,25 Mt l’année dernière, soit une diminution de 7 % seulement. Les exportations ne baisseraient que de 10 %, avec une perte estimée de 18 % pour les pays tiers et de 9 % pour les pays de l’UE. Contrairement au blé tendre, « la qualité du blé dur est en moyenne assez dégradée cette année » déclare Christine Bar, qui pointe des taux de mouchetures plus élevés que d’ordinaire, et une vitrosité en baisse. Au mois de juillet, les données douanières font état d’une baisse des exportations de 40 % en blé dur (30 000 t contre 50 000 t) et de 50 % en orges (500 000 t contre 1 Mt).

Le maïs grain, hors maïs humide, est, selon FranceAgriMer, la seule culture affichant une croissance, de l’ordre de 12 Mt. La collecte atteindrait 11,6 Mt, contre 10,6 Mt en 2023/2024. Cela pourrait entraîner une hausse de 8 % des exportations de grains (11 % pour les pays tiers et 8 % pour les pays de l’UE) et de 4 % des exportations de farines et semoules. Selon les chiffres des douanes, les exportations de maïs ont augmenté de 8,7 % en juillet, passant de 210 000 t à 230 000 t.

Le soja et le tournesol n’ont pas encore fait l’objet d’une analyse par FranceAgriMer, qui pourra dresser un premier bilan pour les oléoprotéagineux au mois d’octobre. Quant aux betteraves, dont la collecte vient de commencer, les premiers retours indiquent une qualité satisfaisante. «  Ce n’est pas si mal que cela, pointe Benoît Piètrement, qui devrait être reconduit à son poste de président du conseil spécialisé grandes cultures. Il y a du tonnage, mais il n’y avait pas de sucre. Finalement, les quelques éclaircies ont permis un résultat correct. »

D’après le service de la statistique et de la prospective (SSP), les rendements de betteraves pourraient atteindre ceux de la dernière campagne, en hausse de 6,8 % sur la moyenne quinquennale. « Mais ce ne sont que de premières estimations, pointe Benoît Piètrement. La campagne de betteraves dure jusqu’en janvier. »