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Diagnostic prairial

Prairie dégradée : reconnaître les causes et agir en conséquence


TNC le 08/04/2019 à 10:16
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D'une année sur l'autre, mais également au cours d'une même saison, les espèces présentes dans les prairies évoluent. Il est essentiel de réaliser des diagnostics pour identifier les espèces présentes, vérifier l'état général du couvert et agir rapidement si besoin.

La dégradation d’une prairie peut être causée par un surpâturage ou sous-pâturage, une fauche trop rase, un piétinement en mauvaises conditions, un mauvais déprimage, une fertilisation mal raisonnée, une flore mal adaptée à l’objectif, des conditions climatiques difficiles (sécheresse, inondation, gel exceptionnel) et enfin la sénescence simultanée des plantes.

Observer le développement et le recouvrement du couvert

Les experts du Gnis expliquent : « Il convient d’observer le recouvrement. Même lorsque l’herbe est courte, on ne doit pas voir la terre. Un bon recouvrement est conditionné par le déprimage. C’est en fait un pâturage précoce qui permet aux graminées de taller et de densifier la végétation. Cette notion de densité est essentielle. En effet, le rendement est la résultante à la fois de la densité du couvert et de la hauteur de ce dernier. La densité de la végétation dépend du déprimage et la hauteur du couvert dépend de la fertilisation et des conditions climatiques. »

Au niveau de la morphologie de la prairie, il faut vérifier si le couvert présente des touffes ou s’il a tendance à gazonner. « Lorsque ça pousse en touffes, les animaux font des refus et surpâturent certains espaces. La productivité et la qualité du fourrage diminuent. » Pourtant, certaines espèces se développent de cette manière, comme la houque laineuse ou les joncs. Dans ce cas, les spécialistes préconisent de rouler ou herser avec une herse à rabot, en conditions peu humides afin d’aplanir et scalper les touffes avant la saison de pâturage.

Connaitre les espèces et leurs intérêts

Faire le tour de la parcelle permet de déterminer les espèces présentes et leur homogénéité. Le site Prairies-gnis propose des outils pour identifier les graminées au stade feuillu. Les espèces relevées donne un état de la situation de la prairie qui varie selon la situation hydrique, le mode d’exploitation, la fertilisation, le pH et la profondeur de sol. Le tableau ci-dessous énonce la phyto écologie des graminées les plus fréquentes et leurs intérêts fourragers :

Ray-grass anglais Sol riche, frais, pâturé, climat océanique Espèce de l’ordre pour le pâturage d’animaux exigeants
Fétuque élevée Tout type de sol par rapport à l’eau, mais riche en éléments fertilisants, de bon pH Espèce de l’ordre pour la fauche pâturage
Dactyle Sol riche, frais ou séchant, tant pâturé que fauché Plante très productive, riche en azote, convient à la fauche et au pâturage
Fétuque rouge Plante de sol pauvre, peu piétinée, près de fauche Espèce peu productive, ni digestive
Fromental Espèce de sol pauvre, exclusivement fauché Espèce peu productive et surtout avec peu de repousses
Pâturin commun Plante de sol riche, de sol tassé ou peu profond Bonnes valeurs et appétence mais production essentiellement au printemps
Crételle Plante de sol pauvre, pâturée Faible appétence et productivité
Flouve odorante Plante de sol pauvre et de fauche Espèce faible valeur et productivité
Houlque laineuse Espèce nitrophile, de conditions humides et de sol pauvre Espèce moyennement productive, mais souvent support à des maladies
Vulpin des près Espèce de sol riche, humide et de fauche Espèce productive, de bonne valeur mais trop précoce pour être exploitée au bon stade

En fonction des espèces présentes (bonnes ou mauvaises), l’exploitant pourra décider d’intervenir ou non afin d’améliorer la situation. Attention cependant : « Diagnostiquer une prairie et prendre les bonnes décisions peut paraître difficile car les causes sont multifactorielles. Il ne s’agit pas d’une photographie mais d’un film sur lequel on fait un arrêt sur image ! » Ainsi, mieux vaut renouveler ces diagnostics de façon régulière.

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