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Plants de pommes de terre : l’UNPT livre ses propositions pour sécuriser l’avenir


TNC le 20/09/2024 à 16:30
Plantationdepommesdeterre

L'UNPT met en avant la nécessité de « redonner des moyens techniques et économiques aux producteurs de plants ». (© Stéphane Leitenberger/Adobe Stock)

Le développement attendu des surfaces de pommes de terre a été freiné par une pénurie de plants conséquente en 2024, en volumes et en qualité. Face à cette situation inédite pour la filière, l’UNPT a formulé 17 propositions pour « tenter de mieux sécuriser l’avenir ».

La pénurie de plants subie en 2024 est un évènement inédit pour la filière pommes de terre. « Mon père auparavant ou moi, nous n’avons jamais connu un tel souci de disponibilité », indique Alain Dekequer, producteur dans le Nord et secrétaire général de l’UNPT, lors du salon PotatoEurope.

En cause, une conjonction de facteurs : des surfaces de plants en baisse (- 3 % en 2022 et – 11 % en 2023 en France), auxquelles se sont ajoutées une faible tubérisation en 2023, ainsi qu’une forte pression pucerons et des difficultés de récolte aux Pays-Bas.

« Cette année, la situation est plutôt à l’opposé, fait remarquer Alain Dekequer. Les surfaces de plants ont augmenté de 5,4 % dans l’Hexagone, il y a eu quelques refus en parcelles, mais globalement la campagne a permis une très bonne tubérisation et une récolte satisfaisante. »

« Besoin de transparence »

Néanmoins, l’UNPT, qui a créé une « commission plants » au sein de son organisation pour travailler à la base sur les litiges et le plant fermier, a lancé une réflexion plus large sur la filière plants de pommes de terre. L’organisation signale notamment un besoin de transparence quant à « la répartition de la valeur, qui pèse trop peu dans la trésorerie du producteur de plants, mais qui coûte de plus en plus au producteur de consommation ». Sur les 600-800 €/ha du coût du plant pour le producteur de consommation, Alain Dequeker estime qu’environ 200 à 300 € reviennent aujourd’hui au producteur de plant.

Avec le travail de la commission, l’UNPT a abouti à une liste de 17 propositions structurantes. L’objectif : « alimenter les débats et permettre d’assurer, à l’avenir, la disponibilité optimale en plants français pour les utilisateurs de manière à ne pas entraver le développement des marchés et ne pas freiner les perspectives de développement de la filière ».

« Redonner des moyens techniques et économiques »

Parmi les propositions, l’UNPT met en avant la nécessité de « redonner des moyens techniques et économiques aux producteurs de plants », en alignant le panel de solutions, notamment phytosanitaires (gestion des pucerons…), au niveau de la seule et unique réglementation européenne et en déployant un panel variétés plus adapté.

« L’évolution des coûts de production devrait aussi être prise en compte en intégrant la particularité qui fait qu’un producteur de plants signe un contrat autour de janvier en année N et livre ses lots au printemps N + 1, pour un paiement juin N + 1. Si des dispositifs (EGalim) existent au niveau français, il n’en va pas de même au niveau européen qui concerne un grand nombre d’acteurs en charge de la production de plants en France et de l’approvisionnement en plants de producteurs français, une mécanique concourant à une prise en compte à l’échelle européenne (EGalim « européen ») pourrait être envisagée. »

« Compte tenu des difficultés et des aléas climatiques », l’UNPT souligne également la nécessité de « se donner les moyens de valoriser une part plus importante des plants produits. On peut imaginer demain aller travailler sur des calibres supérieurs à 50 mm dans les propositions de contrats. Une limite devra certainement être envisagée (60 mm) compte tenu de la capacité actuelle des matériels existants et les plus largement déployés pour gérer les calibres disponibles. »

« Encadrer l’utilisation du plant coupé et lui donner un statut »

Autre suggestion de l’UNPT : « encadrer l’utilisation du plant coupé et lui donner un statut réglementaire. La pratique est largement répandue aux Pays-Bas depuis de nombreuses années, mais en France, dès que le plant est coupé, il perd aujourd’hui sa certification et l’ensemble des services qui lui sont associés ». Pour l’organisation, « il convient notamment de connaître l’aptitude des variétés à la coupe et de déployer une certification pour les prestataires concernés ».

Du côté de l’organisation de la filière, l’UNPT estime que « des modèles alternatifs, pour certains marchés et débouchés, peuvent être envisagés comme alternative au système actuel. Le schéma « 1 obtenteur – 1 producteur de plant – 1 producteur de consommation – 1 usine » est la base de la chaîne, tous les autres intermédiaires ne sont pas indispensables ». « Considérant la visibilité d’un certain nombre d’opérateurs (notamment industriels dont les usines ont la capacité d’absorber) sur leurs besoins pluriannuels, une solution pour sécuriser une partie de l’approvisionnement en plant correspondant pourrait résider dans la mise en place de contrats plus directs, dans une logique tripartite. »

« Maintenir un haut niveau de qualité du plant »

L’organisation soutient également le besoin de « professionnaliser la production de plants de ferme, dans le cadre des accords interprofessionnels Semae, via la formation et tout en gardant le niveau actuel du cahier des charges lié à la certification française ». « Il faut maintenir le niveau d’exigence sur le statut des parasites et maladies de quarantaine à l’échelle de la zone de production européenne », précise aussi l’UNPT.

En ce qui concerne les lots importés, elle préconise la mise en place d’un réseau de surveillance. Enfin, sur la question des litiges, l’UNPT propose aussi la construction d’un accord professionnel avec Semae, structurant la gestion des litiges et clarifiant en profondeur les responsabilités entre les différents maillons de la chaîne du plant. « Actuellement, les collecteurs, négociants et industriels provisionnent déjà le risque de litige sur plant (à hauteur d’une centaine d’euros la tonne). Il pourrait s’avérer intéressant de travailler à un produit assurantiel spécifique, couvrant (entre autres) les risques de non levées, les risques sanitaires, dont la prime serait assurée à équivalence et de manière transparente entre le fournisseur et l’utilisateur ».