+ 3 000 € de résultat/actif, ça facilite la transmission et l’installation !
TNC le 20/12/2021 à 15:11
« Les systèmes pâturants, une voie d'avenir pour les fermes laitières » : c'est ce que dit une étude du Civam, confrontant les résultats de leurs adhérents du Grand Ouest à la moyenne des exploitations du Rica.
En 2019, les résultats des systèmes pâturants(1) des fermes du réseau Civam(2) ont été comparés à la moyenne des exploitations laitières du Rica(3)Grand Ouest. Deux stratégies économiques différentes ressortent de cette comparaison, aux répercussions tout aussi diverses sur la transmission des élevages et l’installation des éleveurs. L’une permet en effet de « capitaliser pour produire du volume » et l’autre de « produire de la richesse pour rémunérer le travail ».
Deux stratégies : « volume » et « valeur ajoutée »
1- « Capitaliser pour produire beaucoup » : des fermes difficiles à reprendre
Ce sont en effet des exploitations de grande taille avec une production laitière importante, donc « très dépendantes des fluctuations de prix », indique l’étude. Outre « leur impact environnemental », la charge de travail est souvent lourde ; ce qui, associé au poids du capital à reprendre, pénalise la transmission et limite l’attractivité pour les repreneurs éventuels, notamment en hors cadre familial.
2- « Produire de la richesse pour rémunérer le travail » : des structures plus attractives pour les futurs éleveurs
En moyenne, même « avec 137 000 l de lait vendus en moins, les élevages laitiers pâturants du réseau Civam, non bio, dégagent 24 366 € de résultat courant par actif, soit 3 000 € (+ 15 %) de plus que la moyenne du Rica. Soit un résultat social(4) supérieur de 125 €/ha et 3 actifs supplémentaires/10 km2. Selon cette analyse, les systèmes pâturants créent « plus de richesse et d’emplois en utilisant moins d’intrants et de moyens de production ».
L’assolement basé sur l’herbe et surtout la place accordée au pâturage (55 % de l’alimentation du troupeau en moyenne dans l’échantillon Civam) réduisent les achats d’aliments. La présence de haies et les rotations allongées diminuent également la pression des adventices et des maladies. De plus, lorsqu’elles contiennent des légumineuses, les prairies captent davantage d’azote. Et pas besoin de machines, ni de gasoil, « les herbivores ont une barre de coupe à l’avant et un épandeur à l’arrière » ! Il y a aussi moins de matière à stocker.
Les herbivores ont une barre de coupe à l’avant et un épandeur à l’arrière !
« Des élevages peu capitalisés et plus efficaces pour rémunérer le travail »
Pour toutes ces raisons, « ces systèmes produisent en consommant moins, en achetant moins, impactant moins leur environnement ». Ils sont plus « agronomiques et efficaces économiquement ». Et « nécessitent moins de terres, de bâtiments et de matériels ». « Avec un capital d’exploitation plus faible et plus efficace pour rémunérer du travail, ils sont financièrement et économiquement plus attractifs pour des repreneurs ! » S’installer en bovins lait est donc possible, « en reprenant une ferme herbagère ou en développant à l’installation un système pâturant sur une ferme conventionnelle ».
Moins de terres, de bâtiments et de matériels.
Avec « 50 % des éleveurs et des éleveuses qui cesseront leur activité dans les 15 prochaines années, la transmission des fermes laitières est une urgence », conclut le Civam. « C’est aussi une opportunité pour la transition agroécologique ! Aux pouvoirs publics de s’en emparer. » Or, tout élevage laitier est transmissible, il faut le faire comprendre aux cédants et cédantes, insiste-t-il, comme Mathilde Lefèvre, animatrice au Civam Adage 35, nous l’expliquait au cours d’une interview au Space 2021.
Reprendre une ferme herbagère ou réorienter une exploitation conventionnelle.
(1) « Systèmes de production économe et autonome qui valorisent au maximum l’herbe pâturée : maïs dans la surface fourragère < 20 %, 194 jours en moyenne de ration 100 % pâturage. »
(2) Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural. « C’est un réseau de 150 associations, qui regroupe 13 000 agriculteurs et agricultrices ainsi que des ruraux, travaillant de manière collective à la transition agroécologique pour une agriculture plus économe et autonome, pour une alimentation relocalisée au cœur des territoires et des politiques agricoles, pour l’accueil de nouvelles populations et pour la préservation des ressources. Leur mission : animer et accompagner les projets collectifs et durables qui contribuent à dynamiser le tissu socio-économique rural. Ils développent des initiatives, testent de nouvelles pratiques et proposent des méthodes d’actions basées sur la transmission des expériences de terrain, l’apprentissage entre pairs et la coopération à l’échelle locale et nationale.
(3) Réseau d’information comptable agricole.
(4) « Il mesure le résultat permettant de : 1. rémunérer tout le travail, exploitant et salarié (rémunérations et cotisations sociales) ; 2. assurer la santé financière de l’exploitation (réduire l’endettement) ».