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Congrès FNEDT à Blois (41)

Gérard Napias : « Il faut se libérer des produits pétroliers ! »


TNC le 18/02/2022 à 06:02
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Les énergies seront au cœur de ce 88e congrès. (©TNC)

À l'occasion de leur congrès annuel à Blois, les entrepreneurs des territoires entendent être acteurs de la décarbonation du secteur agricole et de celui des transports. Pour Gérard Napias et Patrice Durand, respectivement président et directeur général de la FNEDT, il s'agit de contribuer, via leur rôle de prestation de services, à la production de nouvelles sources d'énergies comme le biogaz ou l'hydrogène à partir de résidus de bois, pour pouvoir s'affranchir partiellement du pétrole à moyen terme.

Dans un contexte d’augmentation des prix des carburants et du matériel et d’allongement des délais de livraison, l’enjeu majeur est de « se libérer des produits pétroliers », estiment Gérard Napias et Patrice Durand, respectivement président et directeur général de la Fédération nationale des entrepreneurs des territoires, à l’occasion du congrès de l’organisation, qui se tient du 17 au 19 février à Blois.

Car les énergies, thème central de l’événement, posent des difficultés économiques croissantes aux entreprises de travaux agricoles et forestiers. « Nous attendons toujours le remboursement de la TICPE sur le GNR. Pour un agriculteur, cela représente entre 500 et 1 000 euros de remboursement, tandis que pour nous entrepreneurs, cela représente entre 3 000 et 30 000 euros. Nous avons relancé Bruno Lemaire à ce sujet, afin de réduire la charge supplémentaire qui pèse sur nos trésoreries, due à l’augmentation des prix du GNR, et qui vient s’ajouter à la hausse des salaires et du matériel », précise Gérard Napias.

Les entrepreneurs ont bien conscience que le coût de l’énergie fossile ne baissera pas et veulent être proactifs dans la mise en place de solutions alternatives. « L’agriculture et la forêt sont productrices d’énergies à exploiter. Des projets de méthanisation et de stations à hydrogène à partir de résidus de bois sont en cours de développement. L’agriculture et la forêt ne peuvent pas rester à l’écart du reste du monde qui s’apprête à passer à d’autres énergies. Le mouvement est lancé. Le gouvernement a annoncé une enveloppe de 65 millions d’euros pour décarboner le secteur du transport routier. On veut faire partie de cette révolution », explique Gérard Napias.

La FNEDT compte s’inspirer des initiatives d’autres acteurs du monde agricole en matière d’énergies alternatives, comme New Holland pour le méthane et JCB pour l’hydrogène. « On ne veut pas partir dans un schéma 100 % électrique comme dans l’automobile car nos problématiques agricoles sont différentes, donc il faut arriver à trouver le bon chemin pour le futur », ajoute Patrice Durand.

Faire « reconnaître les entrepreneurs comme producteurs de richesses »

« Pour nous, il est important de reconnaître la prestation de services en temps que telle, qu’elle soit aussi bien pour l’agriculteur que pour le propriétaire de terres qui fait cultiver par l’entreprise, poursuit plus largement Gérard Napias. Agriculteur ou entrepreneur, il est important d’être reconnus comme producteurs de richesses et de s’unir tous ensemble pour aller dans ce sens là. De même pour les entrepreneurs forestiers, il faut arrêter de les prendre pour des vaches à lait de la production forestière. Ils sont attaqués eux et leurs machines pour avoir coupé des arbres de la même manière que les chauffeurs de moissonneuses-batteuses étaient attaqués car ils faisaient de la poussière. Tout cela alors que l’on a toujours coupé des arbres pour produire des chaises et des tables en replantant la forêt durablement. »

Les représentants de la FNEDT regrettent par ailleurs que les programmes agricoles des candidats à la présidentielle n’affiche « rien de concret » pour les entrepreneurs. « Pour l’instant les candidats s’exprime pour l’élevage par exemple, mais on ne peut pas dire que les programmes soient clairs, détaille Patrice Durand. Il y a un travail à faire pour préciser les choses. On a perdu les exonérations de cotisations sociales en 2016. Les entrepreneurs payent les charges sociales plein pot alors que les exploitants agricoles ont eu le maintien de ces exonérations. Cela représente 2 €/heure et soulève un sujet de compétitivité et de montée en compétence des salariés agricoles pour rester attractifs. Il y a peu de charges sur les Smic mais dès qu’on sort de ce cadre, ça s’envole côté charges. Les candidats ce qu’ils veulent c’est beaucoup d’agriculteurs avec des prix bas ; et là ça coince ! »

« Ce qui est important aussi, c’est que les politiques prennent conscience qu’il n’y a pas qu’une seule agriculture en France, qu’il y a différentes pratiques (bio, conventionnel, raisonné, TCS, …) mais aussi différentes organisations du travail. L’exploitant agricole doit pouvoir recourir à l’organisation du travail qui lui correspond. Il n’y a pas une organisation ni un modèle unique en France. Nous attendons déjà que le gouvernement actuel fasse son travail d’ici la fin du mandat et nous rembourse la TICPE pour soulager la pression sur nos trésoreries », conclut-il.

Chaque année, le Congrès national de la FNEDT permet aux entrepreneurs de travaux agricoles, forestiers et ruraux de débattre sur les sujets d’actualité qui intéressent la profession. Ce congrès est également une occasion de mieux faire connaître le secteur auprès des partenaires économiques et institutionnels départementaux et régionaux. Il est organisé dans une région différente par un syndicat départemental/régional. L’organisation de cet évènement offre ainsi aux entrepreneurs de la région l’occasion mettre en avant les spécificités de leurs activités professionnelles et de leurs entreprises. En 2022, il a donc lieu à Blois, dans le Centre-Val de Loire.