Au même endroit, « tous les acteurs, infos, étapes de l’installation »
TNC le 04/03/2022 à 08:02
Pour rassembler au même endroit les informations, les étapes et les acteurs de l'installation agricole, six organisations (Sol, Terre de Liens, la Fadear, le Reneta, les réseaux Civam et Crefad) ont lancé, au Salon de l'agriculture, la plateforme numérique Passerelles paysannes. Objectif : permettre, aux porteurs de projets, de s'informer plus facilement, et de mieux cerner le parcours et les intervenants à contacter pour devenir agriculteur.
Comment faire pour s’installer en agriculture ? Où s’informer ? Et auprès de qui ? « Accéder à l’information, connaître les intervenants, identifier les démarches et l’étape où ils se situent, c’est compliqué pour ceux qui souhaitent devenir agriculteur ».
Le constat : un accès difficile à l’information
Tel est le constat unanime dressé par sixorganisations paysannes et citoyennes sur le terrain :Sol Alternatives agroécologiques et solidaires et le Crefad (Centre de recherche, d’étude et de formation à l’animation et au développement), qui proposent un accompagnement personnalisé via le tutorat et le compagnonnage, Terre de liens spécialisé sur l’accès au foncier, les réseaux Fadear (Fédération associative pour le développement de l’emploi agricole et rural) et Civam (Centres d’initiatives pour valoriser l’agriculture et le milieu rural) qui interviennent aussi dans le parcours à l’installation, et le Reneta qui coordonne les espaces-test agricoles à l’échelle nationale.
La cause : la diversité des actions et interlocuteurs
À l’origine de cette situation : la grande diversité, dans ce domaine, d’actions et d’interlocuteurs à tous les échelons territoriaux. Ces associations en font partie : elles ne cherchent pas à concurrencer mais « à valoriser la complémentarité » avec les dispositifs des chambres d’agriculture et de Jeunes Agriculteurs, « dans un contexte de diversification des profils et projets des personnes tentées par l’agriculture, « auxquels sont associés des besoins spécifiques (formation pratique, installation progressive…) », expliquent-elles.
L’objectif : tout regrouper dans une plateforme numérique
C’est pourquoi ces dernières ont « associé leurs savoir-faire » pour regrouper les ressources et partenaires au sein d’une même plateforme digitale, Passerelles paysannes, « gratuite et accessible à tous ». Fruit d’une réflexion initiée en 2018, elle est opérationnelle depuis le 28 février et a été présentée au Salon de l’agriculture.
Le but : « Faciliter l’installation des agriculteurs et agricultrices, de l’idée à la concrétisation de leur projet », et donc le renouvellement des générations agricoles, en favorisant l’agriculture paysanne, précise Clotilde Bato, déléguée générale de l’association Sol.
La cible : les Nima
Le public ciblé : les Nima ou personnes non issues du milieu agricole, « de plus en plus nombreuses » à être attirées par le secteur mais peu au fait des voies d’accès (foncier, financement, etc.). « Nous voulons toucher, au niveau national, cette cible qui aspire à un mode de vie respectueux de l’environnement et des modèles agricoles préservant la planète », « axés vers la transition agroécologique et la relocalisation de l’alimentation ».
L’enjeu : des agriculteurs nombreux pour nourrir les Français
Répondre à ces deux enjeux semble impossible au regard des chiffres actuels : 100 000 exploitations de moins ces 10 dernières années et 50 % des exploitants à la retraite dans les 10 prochaines, soit 20 000 arrêts d’activité/an contre 14 000 installations. « Plusieurs études montrent qu’il faudrait aller plus loin, à l’image du scénario du think tank The Shift Project (2021) qui révèle un besoin de + 540 000 agriculteurs d’ici 2050, en plus des 20 000 installations annuelles » que s’est fixées le gouvernement.
Une véritable boîte à outils
Le site web www.passerellespaysannes.fr réunit :
1)Une carte interactive de plus de 300 acteurs de l’installation en agriculture.
« Ils accompagnent, dans tous les territoires de la France métropolitaine et d’Outre-mer, des futurs producteurs et productrices, détaille Clotilde Bato. Or, ces derniers ont parfois du mal à savoir où ils en sont dans leur projet et à qui ils doivent faire appel. Les aider, c’est l’objet de ce site internet. »
Pour « montrer qu’il n’existe pas un parcours à l’installation unique, mais que chacun a le sien », que ce soit en termes d’origine socio-professionnelle, de formation, de choix de productions et de systèmes…
3)Une infographie « Les chemins de l’installation » avec toutes les phases clés.
Ceci afin « d’avancer de manière efficace ».
4)La présentation de différents dispositif régionaux.
Par exemple : « Passerelles paysannes compagnonnage paysan » ou « Pratiques paysannes », qui permettent de « bénéficier de l’appui de tuteurs déjà installés ».
5)Un centre de ressources documentaires basé sur des questions-réponses.
La plateforme est bien sûr amenée à « évoluer dans le temps pour s’adapter aux attentes des futurs installé(e)s », avec le même fil conducteur : « Multiplier les outils numériques pour toucher un maximum » de candidats à l’installation en agriculture, met en avant Clotilde Bato.
Passerelles Paysannes fait partie d’un programme plus vaste visant à « assurer la transmission des savoirs et des savoir-faire » entre générations d’agriculteurs, des paysans aux paysans de demain ». Il s’inscrit dans la continuité de Biofermes France, un compagnonnage paysan s’appuyant sur des « stages en immersion et en itinérance encadrés par un exploitant tuteur, et un réseau de fermes formatrices, avec un suivi technico-économique ». Depuis 2020, 84 porteurs de projet ont ainsi pu s’installer en Occitanie, Bourgogne, Centre Val de Loire et Isère.