26 organisations dénoncent les pressions de l’agriculture « productiviste »
AFP le 10/03/2022 à 17:41
Des ONG et représentants du monde agricole ont dénoncé jeudi des tentatives de « détricoter les rares avancées environnementales des politiques agricoles européennes » de la part d'organisations comme la FNSEA, dans une lettre ouverte à Emmanuel Macron et au ministre de l'agriculture Julien Denormandie.
Au moment où la guerre en Ukraine fait craindre des pénuries alimentaires, « les représentants d’un modèle agricole industriel, sous couvert de répondre à la demande alimentaire mondiale, cherchent à détricoter les rares avancées environnementales des politiques agricoles européennes pour pousser leur logique productiviste », critiquent ces 26 organisations.
Parmi elles figurent notamment Agir pour l’Environnement, la Fédération nationale de l’agriculture biologique, France Nature Environnement, Générations futures, Greenpeace France, Réseau Action Climat, le Syndicat national d’apiculture ou encore Sol-Alternatives agroécologiques et solidaires.
La présidente du principal syndicat agricole, la FNSEA, multiplie les appels à « cultiver toutes les terres disponibles » pour éviter une flambée supplémentaire des prix des denrées alimentaires. Le ministre de l’agriculture Julien Denormandie estime que l’Europe doit produire plus pour « éviter une crise alimentaire mondiale » avec l’arrêt « probable » d’une partie des exportations de céréales russes et ukrainiennes.
« Trop dépendante des importations »
Pour les ONG et autres organisation signataires, « la situation actuelle illustre de manière frappante à quel point l’alimentation et l’agriculture européennes, et l’élevage industriel en particulier, sont dépendants d’importations » pour les engrais et pesticides ou pour l’alimentation du bétail.
« La guerre en Ukraine et ses conséquences nous forcent ainsi à réfléchir aux choix fondamentaux de l’agriculture européenne et de l’accès pour toutes et tous à une alimentation saine et respectueuse de l’environnement », plaident-elles, appelant à « une véritable transition agroécologique, la seule compatible avec l’autonomie de nos agriculteurs et agricultrices et donc avec notre souveraineté alimentaire ».
Il s’agit de consommer moins de viande, de développer les légumineuses, les élevages extensifs et « des modes d’agriculture et d’élevage autonomes, peu dépendants des énergies fossiles et des intrants de synthèse ». « Les rares avancées environnementales des politiques publiques européennes agricoles et alimentaires doivent être préservées et le plan de résilience prévu par le gouvernement doit être construit sur une vision de long terme », défendent-elles encore.