Menaces de sous-nutrition dans le monde
AFP le 12/03/2022 à 08:35
Huit à treize millions de personnes supplémentaires pourraient souffrir de sous-nutrition dans le monde si les exportations alimentaires de l'Ukraine et de la Russie étaient durablement empêchées du fait de la guerre, s'alarme vendredi l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Alors que le président français Emmanuel Macron a averti vendredi que l’Europe et l’Afrique seraient « très profondément déstabilisées sur le plan alimentaire » dans les 12 à 18 mois à venir en raison de la guerre, le directeur général de la FAO, Qu Dongyu, a livré de façon détaillée quels pays seraient affectés et dans quelle mesure.
Il estime, dans un communiqué, que « les perturbations subies par la production et les filières d’approvisionnement et d’acheminement des céréales et des graines oléagineuses, et les restrictions imposées aux exportations de la Russie, auront des répercussions sensibles sur la sécurité alimentaire ».
« Cela est particulièrement le cas de la cinquantaine de pays qui dépendent des importations de blé et se procurent 30 %, voire plus, de leur blé auprès de la Russie et de l’Ukraine », ajoute-t-il.
Il rappelle que « l’Égypte, la Turquie, le Bangladesh et l’Iran, qui sont les plus grands importateurs de blé, achètent plus de 60 % de leur blé à l’Ukraine et la Russie (…). Le Liban, la Tunisie, le Yémen, la Libye et le Pakistan sont eux aussi fortement dépendants de ces deux pays pour leur approvisionnement en blé ».
Si la réduction des exportations de l’Ukraine et de la Russie venait à durer, « le nombre global de personnes sous-alimentées pourrait augmenter de 8 à 13 millions en 2022/2023 », estime l’organisation dans une note d’information publiée en parallèle. Les régions les plus touchées seraient l’Asie-Pacifique, l’Afrique subsaharienne, le Proche-Orient et l’Afrique du Nord.
L’organisation internationale recommande aux pays de poursuivre leurs échanges autant que possible, afin de « protéger les activités de production et de commercialisation destinées à satisfaire les demandes nationales et mondiales ».
« Au grand nombre de personnes supplémentaires qui, dans le monde entier, sont susceptibles d’être précipitées dans la pauvreté et la faim à cause du conflit, nous devons proposer sans délais des programmes de protection sociale correctement ciblés », plaide Qu Dongyu.
L’épidémie de Covid-19 avait déjà eu pour effet d’aggraver la sous-nutrition au niveau mondial, le nombre de personnes affectées ayant augmenté de 1,5 % en 2020 après cinq ans de stabilisation relative, selon les agences spécialisées sur l’insécurité alimentaire dans le monde (SOFI).