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Marché du blé tendre

Avec le conflit ukrainien, l’Égypte achète davantage de blé français


TNC le 21/04/2022 à 17:56
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En Égypte, la consommation de pain par habitant atteint 130 kg par an, bien au-dessus de la moyenne mondiale. Face à l'inflation liée à l'augmentation des prix du blé, Le Caire a décidé pour la première fois d'encadrer les tarifs du pain non subventionné. (©AdobeStock)

La guerre en Ukraine pèse sur les finances et la sécurité alimentaire de l'Égypte, largement tributaire des blés de la mer Noire. Depuis le début du conflit, le pays multiplie les achats auprès d'autres fournisseurs, dont la France.

L’Égypte est le pays qui importe le plus de blé tendre au monde – en moyenne 12,2 Mt/an par sur les cinq dernières campagnes – et elle se fournit à 61 % en Russie et à 23 % en Ukraine. La guerre fait donc peser un risque fort sur la sécurité alimentaire et les finances du pays.

Production, importations et exportations de blé de l’Égypte. (©CIC)

En asséchant les disponibilités mondiales en blé, le conflit a provoqué une forte inflation des produits alimentaires. Dans les trois semaines qui ont suivi l’invasion de l’Ukraine, le prix du pain non subventionné a bondi de 25 % dans certaines boulangeries égyptiennes et Le Caire s’est vu contraint d’en plafonner les prix de vente.

Quant au pain subventionné*, il représente pour l’État une facture annuelle de 2,6 milliards d’euros sur les quasi 6 milliards alloués à l’achat de denrées de base pour nourrir la population. La hausse du prix du blé vient alourdir la note. Le gouvernement a annoncé avoir rehaussé son budget de 865 millions d’euros pour acheter du blé, et a récemment sollicité une aide du Fonds monétaire international.

L’Égypte a suspendu ses exports…

Le 12 mars, l’Égypte a par ailleurs décidé de suspendre pour trois mois ses exports de blé, de farine et de pâtes. L’objectif est d’assurer les besoins intérieurs alors que les stocks sont tendus et que la consommation bondit en général pendant le mois du Ramadan (du 1er avril au 1er mai cette année).

Autre conséquence du conflit russo-ukrainien : le rôle du Gascva se trouver renforcé. Roland Guiragossian, responsable du bureau du Caire d’Intercéréales, l’explique : l’office public chargé des achats de blé avait tendance à se retirer ces dernières années face au secteur privé mais se retrouve à présent en première ligne pour nourrir le pays.

… et multiplie les achats

Pour pallier l’absence de l’Ukraine sur le marché mondial du blé, l’Égypte multiplie les achats auprès d’autres fournisseurs. Et l’origine France a là de quoi tirer son épingle du jeu : « le cahier des charges du Gasc est à la portée des blés français, avec des contraintes techniques moins fortes que pour les blés de la mer Noire », note Roland Guiragossian.

Après avoir contractualisé 315 000 tonnes de blé sur la première quinzaine de mars, dont 63 000 tonnes d’origine française, le Gasc a d’ailleurs annoncé le 13 avril un achat de 350 000 tonnes de blé européen, parmi lesquels 240 000 sont d’origine hexagonale.

Trois jours plus tard, le ministre indien du commerce et de l’industrie annonçait que l’Égypte ouvrait son cahier des charges aux blés indiens. L’Inde envisagerait d’ores et déjà d’y expédier 240 000 tonnes avant la fin du mois, et au total 1 Mt avant la fin de l’année.

L’Égypte souhaite néanmoins limiter sa dépendance aux marchés internationaux et vise une hausse de production. « Le gouvernement mise sur une prochaine collecte à 6 Mt au lieu de 3,6 Mt, précise Roland Guiragossian. Et il prévoit à moyen terme de mettre en culture des superficies supplémentaires et de développer ses capacités de stockage interne ».

*L’État égyptien a mis en place en 1941 un système de distribution de pain subventionné, en passe d’être réformé. Chaque bénéficiaire dispose de 150 miches de pain par mois pour 0,05 livre égyptienne chacune.

Pour suivre les évolutions des cours des matières premières agricoles, rendez-vous sur les cotations Agri Mutuel.