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Marchés mondiaux du lait

L’Idele s’attend à une relance prochaine du dynamisme US


TNC le 05/07/2022 à 04:50
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Le cheptel laitier US a brusquement baissé courant 2021, et la tendance se confirme sur les premiers mois de 2022 (©AdobeStock)

Puissance laitière majeure, les États-Unis voient actuellement leur production et leurs exportations s’essouffler. Pour autant, la machine devrait redémarrer dans les mois qui viennent, juge l’Idele.

Elle revient sur la rupture observée ces derniers mois dans la dynamique de croissance laitière aux États-Unis, bassin majeur de production. La collecte laitière y est en hausse linéaire depuis plusieurs années et a atteint 102,6 Mt l’année 2021.

Mais ce record masque un essoufflement de la production tout au long du deuxième semestre. Une tendance qui se confirme début 2022 : « La production US est en baisse tous les mois par rapport à 2021 : – 1,7 % en janvier, – 0,9 % en février, – 0,4 % en mars, – 1 % en avril ».

Cheptel en baisse, marge insuffisante, météo adverse

Marion Cassagnou relève plusieurs explications à cette baisse de la collecte. D’abord, l’évolution du cheptel laitier : élevé sur les premiers mois de 2021, il a ensuite brusquement baissé à 9,37 millions de vaches, « très loin des niveaux de 2020 ». La tendance se confirme sur les premiers mois de 2022.

Autre motif : la marge nette dégagée ne semble pas suffisante pour encourager les éleveurs à produire. Certes, le prix du lait a fortement augmenté en 2021 suite à une politique incitative, « mais cette hausse a été plus tardive qu’ailleurs ». Et en parallèle, le coût alimentaire est en hausse depuis mi-2020, et les prix des engrais et de l’énergie ont explosé.

Les éleveurs sont peut-être aussi « très méfiants de voir comment va évoluer la conjoncture en fonction de la demande chinoise », avance la spécialiste. Il est également possible que les laiteries aient « demandé à ne pas augmenter la production, ou prévenu qu’elles paieraient le lait moins cher pour éviter une production immédiate à la hausse tant que le marché n’est pas prêt ».

La météo adverse explique aussi la baisse de la collecte étasunienne. Les zones de production laitière, notamment la Californie, sont particulièrement touchées par la sécheresse, ce qui rend les éleveurs très sensibles aux coûts de l’alimentation importée.

Côté exports de produits laitiers, une situation moins rose qu’en 2021

Côté fabrications, « on voit bien l’effet météo » : la production de poudre, justement produite dans les zones touchées par la sécheresse, est en baisse de 13 % sur le premier trimestre 2022 par rapport à janvier-mars 2021. « Les ingrédients secs sont en recul et à l’inverse les fromages sont en hausse, comme chaque année ».

Les exportations de produits laitiers US étaient quant à elles en forte hausse en 2021 par rapport à 2020 (+ 11 % en volume, à 13,6 Mt équivalent lait, et + 19 % en valeur), marquées par le retour du Mexique (+ 26 % en valeur) et du Canada (+ 19 %) et par la présence de plus en plus forte de l’Asie : + 27 % vers la Chine, 15 % vers la Corée.

Mais la situation est moins rose début 2022 : si les exports de fromage continuent leur hausse, la demande en produits secs est moindre. « Avec une baisse de 8 % en mars 2022 par rapport à mars 2021, ça décroche complètement sur la poudre maigre, notamment vers le Mexique ».

Une production stable pour 2022, puis à la hausse ensuite

Alors, quelles perspectives pour 2022 et au-delà ? L’USDA table sur une production laitière US 2022 similaire à celle de 2021, donc sur un sursaut sur le second semestre.

Mais « tout le monde n’est pas d’accord là-dessus, souligne Marion Cassagnou : les éleveurs ont-ils des indicateurs économiques suffisamment intéressants pour augmenter la production ? Et « le ralentissement de la demande chinoise va obliger les USA à trouver d’autres marchés ». Tout cela avec une logistique déréglée par le Covid.

L’USDA prévoit pour les États-Unis un retour de la dynamique de hausse après 2022, avec une production de lait envisagée à 104 Mt pour 2023. L’agroéconomiste souscrit à cette vision, pourvu que la demande mondiale soit présente. « La dynamique laitière ne se fait pas en Nouvelle-Zélande, ni trop en Europe. Si on veut continuer à exporter, il faut que quelqu’un le fasse et il est plus probable que ce soit les USA ».

La consommation US devrait reste stable, et le prix du lait aux producteurs en hausse en 2022, mais en baisse en 2023.