La sécheresse est un « coup de massue » pour les producteurs de maïs
AFP le 11/08/2022 à 09:35
Dans le sud des Landes, en Chalosse, où il n'a « pas plu depuis le 28 juin » Michel Larrère ne met plus un pied dans ses champs de maïs pour ne pas « aller voir la misère », qualifiant la sécheresse actuelle de « coup de massue » pour la profession.
« Je suis du genre optimiste mais quand tu subis le Covid, puis une quatrième pandémie d’influenza aviaire, puis quatre épisodes de canicule et une sécheresse, c’est dur », commente cet agriculteur de 56 ans, installé dans le petit village de Montaut depuis 25 ans.
Sur son exploitation de 98 hectares, 55 hectares sont consacrés au maïs, le reste aux légumes, tournesol et élevage de poulets.
L’irrigation est interdite et les plantes sont desséchées. Cette semaine encore, les températures grimperont jusqu’à 39 degrés.
La succession des vagues de chaleur depuis juin a condamné 60 % de son rendement annuel, affirme Michel Larrère. « Six plantes sur dix n’ont pas d’épis », explique l’agriculteur en écartant les feuilles des tiges.
Les rares épis qui ont poussé, sont pour certains rachitiques. Alors qu’il prévoit une récolte dans les prochains jours, un mois en avance, l’exploitant table sur une perte de 70 000 euros, « soit deux-tiers de ma culture et trois fois mon revenu annuel ». D’hypothétiques pluies dans les jours ou semaines à venir n’y changeraient pas grand chose, estime l’agriculteur.
Le quinquagénaire, par ailleurs secrétaire départemental du syndicat agricole FNSEA, ne met plus un pied dans ses champs, à l’image de beaucoup de ses voisins, « j’évite d’aller voir la misère ».
Selon lui, le moment de la récolte et des « remorques qui ne vont pas se remplir » sera un « coup de massue » pour nombre d’entre eux, « on a beau s’en douter, c’est toujours pire que ce à quoi on avait pensé ».
Le maïs, essentiel en Chalosse
Depuis sa terrasse, il peut voir ses champs de tournesol, très précoces et moins productifs, et un champ vierge. « Celui-là, je ne l’avais pas ressemé cette année et j’ai bien fait sinon, tous les soirs, j’aurais mangé avec vue sur un champ en souffrance. » Michel Larrère souhaiterait que cet été 2022, « encore plus fort que la canicule de 2003 », mène à la création de retenues d’eau.
Selon des données du ministère de l’Agriculture, la région Nouvelle-Aquitaine est le premier producteur de maïs en France, avec 54 % de sa production assuré par les Landes. Le maïs est une part essentielle de l’économie du département et notamment de Chalosse, pour nourrir les canards et plus largement pour l’élevage. « Sans eau, notre zone agricole va disparaître », résume l’agriculteur.
Il dénonce des projets « dans les tuyaux depuis 15 ans » mais bloqués pour « des raisons environnementales, des études d’impact ou la découverte d’écrevisses à patte blanche », ironise-t-il.
« Aucun politique ne veut se lancer, ça n’avance pas », regrette-t-il, citant en exemple le projet abandonné du barrage de Sivens, en 2015, dans le Tarn.
« Il fait de plus en plus chaud et on est en train de réfléchir à comment diviser une même bouteille d’eau alors qu’il nous en faut une deuxième », résume le Landais, un peu désabusé. « S’il se met à pleuvoir, dans deux mois, tout le monde aura oublié l’été qu’on vient de passer. »