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Commerce extérieur de viande bovine

La France importe toujours plus de viande bovine, et en exporte moins


TNC le 04/05/2023 à 14:03
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Les abattages de bovins continuent leur repli sur les premiers mois de 2023. Cette baisse de l'offre domestique entraîne une hausse des importations. (©TNC)

Les importations françaises de viande bovine étaient évaluées en hausse en début d’année et les exportations se sont repliées, détaille l’Idele. L’inflation pèse sur la demande intérieure mais la chute de l’offre est encore plus importante à cause de la décapitalisation du cheptel, qui s’amplifie. Si bien que les prix continuent de se tenir, même si la concurrence européenne sur le marché commence à jouer sur les cotations.

Début 2023, le commerce extérieur français de viande bovine continue sur sa lancée des mois précédents avec toujours « plus d’importations » et « un peu moins d’export », relate l’Idele dans ses dernières Tendances. En janvier, les importations ont grimpé de 26 % par rapport à 2022 et de 51 % par rapport à 2021, à 32 000 tonnes-équivalent-carcasse (téc) ; les exportations se sont repliées de 13 %/2022 et de 2 %/2021, à 17 500 téc, « en raison du manque de disponibilités en France ».

Evolution des importations et exportations françaises de viande bovine depuis 2021 (©Idele, d’après Eurostat)

Mais attention, alerte l’institut technique : les niveaux d’importations et d’exportations françaises de viande bovine en 2021 et 2022 ont sûrement été gonflés artificiellement par les procédures de dédouanement liées au Brexit. En particulier, certains opérateurs néerlandais font dédouaner des viandes britanniques en France avant de les réexporter vers les Pays-Bas.

Cela a provoqué une hausse apparente des flux à l’import (du Royaume-Uni vers la France) et à l’export (de la France vers les Pays-Bas), de l’ordre de 35 000 téc en 2022 et 15 000 téc en 2021. Un phénomène qui a mené l’Idele à réviser à 20 % la part des importations dans la consommation française de gros bovins en 2021 (contre 21 % sans correction) et à 23,1 % en 2022 (25,5 % sans correction). Cette part des imports dans la consommation était de 21,1 % sur la moyenne triennale 2017-2019.

Hors flux liés au Brexit, la France a importé 356 000 téc de viande bovine en 2022, contre 229 000 téc en 2021, 279 000 téc en 2020 et 326 000 téc en moyenne sur 2017-2019.

Une inflation toujours importante qui joue sur les ventes

L’inflation alimentaire a poursuivi sa progression « à un rythme soutenu », soulignent aussi ces Tendances, mais la progression des prix de la viande de bœuf et de veau a « légèrement décéléré » au mois de mars : + 12,4% /2022 contre + 13,3% en février. Elle reste supérieure à la moyenne de la zone euro, pour le troisième mois consécutif.

Si depuis fin 2022 cette inflation participait à la hausse des ventes en valeur, elle « commence à peser sur les ventes en volume », notamment pour les ventes des produits de grande consommation et de frais libre-service (PGC-FLS) au détail : sur la période allant du 1er janvier au 9 avril 2023, les ventes en valeur ont ainsi progressé de près de 10 % alors que les ventes en volume ont reculé de 5 % par rapport à 2022.

Sur les quatorze premières semaines de 2023, les ventes en volume des produits de grande consommation et de frais libre-service en GMS ont baissé de 4,7 % par rapport à 2022. (©Iri/Circana)

« L’offre baisse plus vite que la demande » 

« L’inflation élevée en Europe fait reculer la demande en viande », mais « la chute de l’offre est plus importante encore », poursuit l’Idele. De fait, la décapitalisation s’amplifie dans les deux troupeaux : les effectifs se sont contractés à cause de « la forte baisse des entrées de génisses », ils reculaient au 1er mars de 3,2 % sur un an pour les vaches allaitantes et de 2,6 % pour les laitières (-2,3 % en février).

La baisse des effectifs dans le troupeau allaitant français s’amplifie (©Idele, d’après SPIE-BDNI)

Et en parallèle, les abattages reculent toujours : sur la période allant du 13 février au 9 avril, ils baissaient de 4 % pour les gros bovins, de 5 % pour les vaches laitières, de 3 % pour les vaches de type viande et pour les génisses viande, et de 15 % pour les jeunes bovins de type lait ». Les abattages de jeunes bovins viande ont en revanche augmenté de 1 % en raison de « mises en place un peu plus dynamiques de broutards en 2022 ».

Les importations pèsent sur les cotations des vaches laitières

Cette baisse de l’offre à abattre soutient les prix et « l’écart de prix entre les viandes françaises et européennes reste élevé », ce qui mène à une hausse des importations qui commencent à « peser sur les prix des vaches les moins bien conformées ».

À 5,81 €/kg de carcasse, la vache U restait en hausse de 4 cts sur un mois la semaine allant du 10 au 16 avril (+ 9 % /2022 et + 25 % /2021). Mais « la vache R avait à l’inverse perdu 2 cts à 5,46 €/kg (+ 9 % /2022 et + 34 % /2021), la vache O avait perdu 6 cts à 4,95 €/kg (+ 8 % /2022 ; + 55 % /2021) et la vache P avait perdu 7 cts à 4,74 €/kg (+ 6 % /2022 ; + 59 % /2021).

Du côté des jeunes bovins, les prix français enclenchent « avec retard » leur baisse saisonnière, suivant les prix italiens et allemands. La cotation du JB U a ainsi « perdu 3 cts en 4 semaines pour retomber à 5,55 €/kg de carcasse en semaine 15 (+ 8 % /2022 et + 38 % /2021), celle du JB R a perdu 4 cts à 5,42 €/kg (+ 9 % /2022 et + 42 % /2021). Soutenus par le recul de l’offre, les prix des JB laitiers O n’ont perdu que 2 cts, à 5,11 €/kg (+ 11 % /2022 et + 53 % /2021).

Les cotations des jeunes bovins français ont amorcé leur baisse saisonnière. (©Idele, d’après FranceAgriMer)

Les charges des éleveurs ont pour leur part « évolué moins vite que les prix des animaux finis ». En février, l’indice des prix d’achat des moyens de production agricole » restait 10 % supérieur à son niveau de février 2022, note l’Idele (dont + 20 %/2022 pour les aliments achetés) et « les cotations des bovins viande demeurent inférieures à leur prix de revient » calculé par Interbev dans le cadre de l’accord interprofessionnel et évalué au second semestre 1022 à 5,92 €/kgéc pour les jeunes bovins de type viande et 6,12 €/kg éc pour les vache de type viande.