Il distribue des betteraves fourragères dans son robot de traite
TNC le 22/06/2023 à 04:30
Afin de réduire ses coûts alimentaires tout en continuant à appater ses vaches au robot de traite, Johan Van Hecke a adapté un système afin d'y incorporer des betteraves. Depuis l'hiver dernier, l'éleveur a donc remplacé une partie des concentrés au robot par des betteraves fourragères.
Johan Van Hecke est agriculteur à l’est de Bruges en Belgique. Il élève 65 vaches laitières et leur suite pour une moyenne de 9 700 l/VL/an (44 g/l de TB et 34,5 g/l de TP). Il y a trois ans, il a opté pour un robot de traite Lely. Il distribue deux types de concentrés au robot, et a constaté depuis la mise en route un surcoût alimentaire par rapport à avant. Changement classique en robot, mais l’éleveur flamand cherchait une alternative pour réduire ses coûts tout en continuant à attirer les vaches au robot. Producteur de betteraves, Johan avait en tête depuis plusieurs années l’idée d’incorporer de la betterave fourragère dans l’alimentateur de son robot de traite.
Un broyeur installé en amont du robot
L’éleveur a intégré un projet européen à partir duquel il a pu se faire accompagner pour concevoir l’installation. La machine élaborée et utilisée à ce jour coupe et distribue les betteraves dans le robot de traite.
Johan Van Hecke explique : « Les betteraves sont stockées en cellules d’une tonne environ. Elles sont nettoyées avant si elles sont trop sales. Nous avons modifié une vis qui les convoie sans les abîmer vers le broyeur et ce dernier les coupe en petits morceaux afin d’obtenir des portions intégrables à l’auge du robot. » Un capteur a aussi été installé pour alerter l’agriculteur en cas de colmatage dans le système. L’installation est d’ailleurs nettoyée une fois tous les trois mois.
Cette invention permet de distribuer des morceaux de betterave frais au quotidien tout en maîtrisant les quantités distribuées (gérées par le logiciel Horizon de Lely). Les multipares en ont 4 kg par jour et les primipares 3 kg.
Combien ça coûte tout ça ? Après la phase d’essais est venue la phase de calcul : il faut compter environ 32 000 € pour la machine au complet.
De la betterave au robot d’août à fin avril
Johan Van Hecke a mis en route ce système durant l’hiver 2022. Il cultive 0,75 ha de betteraves fourragères, pour un rendement autour des 100-120 t/ha et estime pouvoir en distribuer du mois d’août (dès la récolte) jusqu’à la fin du mois d’avril. « J’en stocke aussi une partie dans un frigo avec des pommes de terre pour me permettre de faire la jointure de mai à la mi-août. Et au cas où il n’y en aurait pas assez, je remplacerai les betteraves par des pommes de terre.
En effet, d’autres aliments grossiers peuvent être intégrés au broyeur. « Pommes de terre, pommes, poires, carottes… Nous y passerons peut-être s’il y a un meilleur rapport qualité/prix. »
Le système broie les betteraves fourragères en morceaux fins pour distribuer de petites quantités au robot. ( © Johan Van Hecke)
Pas d’embouteillages à la traite
Dans sa stabulation, le robot est en accès libre et Johan n’a pas constaté de changement depuis l’intégration des betteraves : « Les vaches oscillent entre 2 et 3 traites par jour, ça dépend de la saison. Elles ne stagnent pas au robot après la traite, il y a de toute façon un système qui les pousse à sortir à la fin. Et une caméra 3D mesure le volume de betterave restant, ça me permet d’ajuster les quantités si besoin. »
Côté organisation du travail, cela ne demande pas beaucoup plus de temps : l’éleveur remplit un container de 1 000 kg de betteraves une fois par semaine. Ensuite, c’est la vis qui envoie au broyeur au quotidien. S’il n’y a qu’un seul robot de traite en fonctionnement chez lui, l’éleveur l’affirme : ce système peut tout à fait être adapté à de plus grosses structures.
Une cellule contenant les betteraves fourragères a été intégrée à l’installation pour pouvoir incorporer des morceaux de betterave dans l’auge du robot. ( © Johan Van Hecke)
La betterave fourragère : un aliment de qualité
« C’est un aliment appétent, les vaches l’adorent. L’objectif était de continuer à les attirer au robot tout en réduisant les coûts de concentrés. » Pari réussi : même si l’éleveur a conservé ses deux aliments du commerce (1 686 kg/VL/an pour un coût de 705 €/VL/an), la betterave lui a permis d’en réduire les quantités (sur une base d’équivalence en matière sèche, c’est-à-dire une économie moyenne de 0,63 kg MS/VL/j d’aliment pour 3 à 4 kg de betterave distribués par jour).
Ration des vaches laitières (base calculée pour 28-29 l/j) :
7,5 kg MS de maïs ensilage
6,75 kg MS d’ensilage d’herbe
3 kg MS de pulpe de betterave
2,4 kg de soja
+ 3 à 4 kg de betteraves au robot
+ aliments au robot pour les vaches qui produisent 29 kg ou plus
Coût alimentaire : 126,3 €/1 000 l
Johan Van Hecke est aujourd’hui satisfait de son système : « Bien que riche en énergie, la betterave est moins concentrée qu’un aliment du commerce du fait de son faible pourcentage de matière sèche. On peut donc continuer à l’utiliser pour attirer les vaches au robot, même quand elles sont en fin de lactation et n’ont plus aucune supplémentation (pour éviter d’avoir des vaches trop grasses en fin de lactation). »