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Selon l'ONU

La faim se stabilise dans le monde mais son élimination encore hors de portée


AFP le 12/07/2023 à 23:28

Après sept années de hausse, le nombre de personnes souffrant de la faim s'est stabilisé dans le monde en 2022, signe de « modestes progrès » qui ne seront toutefois pas suffisants pour atteindre l'objectif d'éliminer la faim en 2030, ont prévenu mercredi cinq agences de l'ONU.

Environ 735 millions de personnes ont souffert d’une sous-alimentation chronique l’an dernier, soit près de 9,2 % de la population mondiale, ont indiqué dans un rapport conjoint l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le Fonds international pour le développement de l’agriculture (Fida), l’Unicef, le Programme alimentaire mondial et l’Organisation mondiale de la santé (OMS).

Ce chiffre, qui progressait depuis 2015, se stabilise et amorce même un léger recul, avec 3,8 millions de personnes en moins comparé à 2021.

« L’heure n’est pas à l’autosatisfaction cependant, car la faim continue d’augmenter en Afrique », où une personne sur cinq est actuellement touchée, en Asie occidentale et dans les Caraïbes, ont souligné les agences en introduction de ce rapport annuel sur l’état de la sécurité alimentaire et la nutrition.

Il constitue, selon elles, un « instantané d’un monde qui se remet encore d’une pandémie mondiale, et qui est maintenant aux prises avec les conséquences de la guerre en Ukraine, qui a ébranlé les marchés de l’alimentation et de l’énergie ».

Depuis 2019, ces crises majeures ont plongé 122 millions de personnes supplémentaires dans la faim, selon l’ONU, affectant particulièrement les femmes et les habitants des zones rurales.

La reprise économique post-pandémie a permis d’améliorer la situation, « mais il ne fait aucun doute que les modestes progrès réalisés ont été compromis par la hausse des prix des denrées alimentaires et de l’énergie, amplifiée par la guerre en Ukraine ».

« Si nous ne redoublons pas d’efforts, notre objectif d’éradiquer la faim, l’insécurité alimentaire et la malnutrition sous toutes leurs formes d’ici à 2030 restera hors de portée », ont alerté les organisations.

« Nouvelle normalité »

« Il y a des lueurs d’espoir (…) mais nous avons besoin d’un effort mondial intense et immédiat pour sauver les objectifs de développement durable », a défendu le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, cité dans un communiqué.

Si les progrès ne s’accélèrent pas, près de 600 millions de personnes pourraient encore être sous-alimentées en 2030, principalement en Afrique. Cela représente « 119 millions de personnes de plus que dans un scénario où ni la pandémie de Covid-19, ni la guerre en Ukraine n’auraient eu lieu », ont pointé les agences dans leur rapport.

Par ailleurs, les principaux facteurs d’insécurité alimentaire – conflits, chocs économiques et catastrophes climatiques – et les inégalités galopantes semblent désormais constituer « une « nouvelle normalité » », se sont-elles inquiétées. « Ce qui nous manque, ce sont les investissements et la volonté politique de mettre en œuvre des solutions à grande échelle », a estimé Alvaro Lario, président du Fida.

Dans la Corne de l’Afrique, qui souffre de sa pire sécheresse depuis 40 ans, plus de 23 millions de personnes sont « en proie à une grave famine » en Somalie, au Kenya, et en Ethiopie, prévenait en mai le Programme alimentaire mondial.

« La faim augmente alors que les ressources dont nous avons besoin de toute urgence pour protéger les plus vulnérables s’amenuisent dangereusement. En tant qu’humanitaires, nous sommes confrontés au plus grand défi que nous ayons jamais connu », a alerté mercredi sa directrice exécutive, Cindy McCain.

Comme l’an passé, 2,4 milliards de personnes ont souffert d’insécurité alimentaire grave ou modérée en 2022 – autrement dit, près de trois personnes sur dix n’ont pas eu accès à une alimentation suffisante tout au long de l’année.

D’autre part, à cause de l’impact « durable » de la pandémie sur les économies puis de la flambée du prix des denrées, « la capacité des populations à accéder à une alimentation saine s’est détériorée dans le monde entier », a souligné l’ONU.

Plus de 3,1 milliards de personnes n’ont pas eu les moyens de s’offrir un régime alimentaire équilibré en 2022, provoquant de la dénutrition (émaciation, retard de croissance), des carences ou de l’obésité.