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Robotique agricole

Faire le plein d’électricité dans les champs, c’est pour demain !


TNC le 08/09/2023 à 05:03
enedisInnovagri

Selon Jean-Marie Tyrode, chargé de mission chez Enedis, la recharge en bout de champ des tracteurs électriques est loin d'être utopique.

Et si la solution pour recharger les futurs robots et tracteurs électriques était déjà dans les champs ? Selon une étude d’Enedis, 80 % des parcelles cultivées dans l’Hexagone sont à moins d’1,5 km d’une ligne HTA (moyenne tension). De quoi déployer facilement un vaste réseau de points d’alimentation au milieu des cultures.

« Le problème de l’électrique dans les champs, c’est qu’après un cycle de travail, il faut ramener l’engin à la ferme pour le recharger. C’est une vraie contrainte », résume Jean-Marie Tyrode, chargé de mission chez Enedis. Le distributeur, qui gère 95 % du réseau français, était présent sur le salon Innov-Agri, qui s’est tenu du mardi 5 au jeudi 7 septembre à Outarville (Loiret). « Nous sommes une entreprise de service public, nous avons des missions. C’est donc de notre devoir d’accompagner la transition écologique dans l’agriculture française ». Enedis est ainsi membre de RobAgri, l’association qui structure la filière robotique agricole et regroupe ses acteurs en France.

« Nous avons commencé par une étude. Et nous avons constaté que 80 % des parcelles cultivées en France sont à moins d’1,5 km de notre réseau HTA », annonce Jean-Marie Tyrode. Ces lignes permettent le transport de l’électricité à l’échelle locale. Un agriculteur peut ainsi demander un raccordement et créer un point d’alimentation dans ses parcelles. À lui ensuite de souscrire un contrat de façon tout à fait classique avec son fournisseur. « C’est une solution de bon sens pour la grande culture, que ce soit pour des robots ou des tracteurs électriques », reconnaît Philippe Potier, responsable essais et innovations chez Kuhn. « Tous les constructeurs sont partis avec la recharge à la ferme en tête. Notre constat change complètement la donne », abonde Jean-Marie Tyrode.

Des stations-service électriques au milieu des blés permettraient aussi de réduire la taille des batteries, d’alléger les machines et de limiter le compactage des sols. « On peut très bien envisager des tracteurs électriques polyvalents de 150 chevaux. On profite de la pause de l’ouvrier pour recharger et c’est reparti », poursuit le chargé de mission d’Enedis. Pour cela, il reste à développer un dispositif de charge rapide en courant continu, aujourd’hui en cours d’étude et de recherche. Pour la robotique, Christophe Augé, le président de RobAgri, envisage des machines qui viendraient « se docker de façon autonome comme les robots tondeuses qu’on trouve dans les jardins ».

Dans le cadre d’une Cuma (coopérative d’utilisation de matériel agricole), un point d’alimentation pourrait être partagé entre plusieurs agriculteurs. Une nécessité selon Philippe Potier : « Il va falloir trouver un compromis en termes de partage. Une prise dans chaque champ, ce n’est pas envisageable. » Avec le développement du photovoltaïque et de l’agrivoltaïsme, Jean-Marie Tyrode évoque aussi la piste de l’autoconsommation collective : « Ce n’est pas très connu mais il est possible de dédier sa production électrique à un point d’alimentation précis. Pour l’agriculteur, en mettant de côté les investissements, faire le plein d’un engin électrique ne lui coûterait ainsi rien ! »