La maladie hémorragique épizootique tient le marché du broutard en suspens
TNC le 26/09/2023 à 18:46
Après la détection de trois foyers de maladie hémorragique épizootique dans le sud de la France, les exportations de broutards sont stoppées dans les zones tampons instituées par le ministère de l’agriculture.
Le 21 septembre, le ministère de l’agriculture a annoncé la détection de trois cas de maladie hémorragique épizootique (MHE) dans le Sud-Ouest. Faisant partie des maladies réglementées des bovins à l’échelle européenne, elle donne lieu à une interdiction des échanges d’animaux entre pays membres, pour les exploitations situées dans un rayon de 150 km autour des foyers. En bref, fini l’export de broutard pour les exploitations à proximité des zones infectées.
L’export de broutard impacté
Le ministère de l’agriculture a défini un périmètre autour des élevages porteurs interdisant les mouvements d’animaux. Les retours d’estive, ainsi que les mouvements en partance d’un centre de rassemblement ou vers un abattoir (à raison d’un abattage dans les 24 h) restent toutefois autorisés.
Sont concernés les départements des Pyrénées-Atlantiques, Hautes-Pyrénées, Landes, Gers, Haute-Garonne, et Ariège. Une partie du département des Landes, de la Gironde, Lot-et-Garonne, Tarn-et-Garonne, Tarn, Aude et Pyrénées-Orientales est également comprise dans la zone tampon.
La question est maintenant de savoir combien de temps dureront les restrictions. Car comme le rappelle Thierry Deltor, conseiller bovin viande à la chambre d’agriculture des Pyrénées-Atlantiques, « le broutard d’export est la première production des exploitations de bovin viande du Sud-Ouest ». L’interdiction de l’export pourrait donc peser lourd sur la filière.
D’autant que la maladie est très certainement arrivée d’Espagne. Observée dans les Pyrénées espagnoles à l’été, la MHE a profité des conditions climatiques favorables à la circulation de moucherons porteurs dans le sud de la France. La Sardaigne ainsi que la Sicile sont également touchées par cette maladie. L’Italie continentale, grosse importatrice de bovins vifs, en reste indemne.
Des discussions, entre la direction générale de l’alimentation (DGAL) et les pays importateurs, visent à étudier la possibilité – ou non – de maintenir les échanges, et sous quelles conditions. Reste à voir le temps que cela prendra. « Nous avons des restrictions à l’export avec l’Espagne, mais le pays est déjà concerné par la maladie, souligne Thierry Deltor. Nous sommes dans l’attente de prescriptions précises ».
Une maladie proche de la FCO
Sur le plan clinique, la MHE est très proche de la FCO, notamment concernant les symptômes. « La maladie se manifeste par une hyperthermie, un larmoiement ainsi que par des œdèmes au niveau de la bouche et des naseaux » décrit Maxime Arrebolle. Avec un taux de mortalité de 1 % et un taux de morbidité de 10 %, la maladie est peu contagieuse, et l’incidence sanitaire semble faible. « Il s’agit d’une maladie vectorielle, c’est-à-dire qu’elle ne se transmet que par le biais d’un vecteur, en l’occurrence les insectes culicoïdes (des petits moucherons) ». Les bovins ne peuvent donc pas se contaminer entre eux en l’absence de ce vecteur.
Question traitement, « aucun vaccin n’est disponible » poursuit le directeur du GDS. La seule mesure à mettre en œuvre est une désinsectisation des bovins. « En procédant par aspersion, c’est assez rapide, mais cela suppose l’utilisation de produits biocides ».