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Avenir de l’élevage français

Au Sommet de l’élevage, les producteurs attendent une « vision politique » claire


TNC le 03/10/2023 à 13:00
FesneauSommetdelElevage

A l'occasion de sa visite du Sommet de l'élevage 2023 à Cournon, au premier jour du salon mardi 3 octobre, Marc Fesneau est attendu par les éleveurs sur l'enjeu d'enrayer la décapitalisation du cheptel bovin et sur la reconnaissance du modèle d'élevage français. (© TNC)

Le ministre de l’agriculture inaugure l’édition 2023 du Sommet de l’élevage mardi 3 octobre. Les éleveurs attendent des mesures concrètes pour enrayer la décapitalisation du cheptel et un soutien plus important de l’État au modèle d’élevage à la française, le seul compatible avec tous les enjeux de la planification écologique.

« Les éleveurs ne vivent plus de leur métier. Tous les ans, ils sont nombreux à arrêter. Face au poids de l’industrie et de la grande distribution, la loi Egalim n’est pas pleinement appliquée sur le terrain. Et les éleveurs en souffrent au quotidien. » En accueillant le ministre de l’agriculture sur le grand ring du Sommet de l’élevage mardi 3 octobre, Olivier Lasternas, président du herd-book limousin, l’a tout de suite mis au parfum des difficultés persistantes du secteur allaitant.

Un peu plus tard dans la matinée, Patrick Bénézit insiste : « le compte n’y est toujours pas. Avec l’inflation, les prix payés aux producteurs ne compensent pas l’intégralité des coûts des éleveurs ». Et si elle est moins intense ces derniers mois, l’hémorragie de la décapitalisation du cheptel bovin français perdure. Au 1er août, le cheptel de vaches allaitantes a perdu 98 000 têtes en un an, soit une baisse de 2,8 %, contre une baisse de 3,1 % au 1er mai, selon les derniers chiffres de l’Institut de l’élevage.

« On a perdu 800 000 vaches depuis l’élection de Macron en 2017 ! »

Comment enrayer ce cercle vicieux qui fragilise l’élevage français ? Les éleveurs de la FNB veulent se concentrer sur deux axes : « des mesures financières d’accompagnement » des éleveurs. Parmi ces mesures, la FNSEA souhaiterait une défiscalisation partielle des stocks d’animaux présents dans les élevages, des stocks dont la valeur a été nettement revalorisée à cause de l’inflation. À la mi-journée de sa visite inaugurale, Marc Fesneau n’en a pas dit mot. Et il se murmure que Bruno Le Maire pourrait faire personnellement le déplacement à Cournon pour en faire l’annonce.

Au-delà de mesures financières, les éleveurs bovins viande « attendent des signaux clairs sur la stratégie de la France » pour le secteur. Affirmer une vision politique pour notre secteur, « c’est acter la durabilité du modèle de production français, fondé sur le lien au sol, une très large part d’autonomie alimentaire, un équilibre agronomique prairies et cultures, et une dimension d’exploitation à taille humaine … autant de différences fondamentales avec les pays dont l’Europe voudrait faire entrer plus encore les viandes, dans sa logique d’accords de libre-échange destructeurs », rappelait la FNB lundi 2 octobre. Avec l’Interbev, le syndicat entend défendre auprès du ministre – ou des ministres si Bruno Le Maire s’y déplaçait d’ici vendredi – son « plan pour le maintien de notre élevage durable ».

MHE : les flux d’exportation rouverts vers l’Espagne

À court terme, il s’agit aussi de minimiser les impacts commerciaux de l’essor de la maladie hémorragique épizootique (MHE) en France. Alors que les 19 foyers de MHE enregistrés dans les Pyrénées-Atlantiques et les Hautes-Pyrénées ont empêché un certain nombre d’animaux de faire le déplacement sur le grand ring du salon, le ministre a voulu se montrer rassurant. « Je peux vous dire que le blocage des flux d’exportation vers l’Espagne est levé. Pour l’Italie, c’est, je l’espère, qu’une question d’heures. » Mais la reprise des flux est plus complexe à obtenir vers les pays du Maghreb. « Nous sommes mobilisés depuis le début de cet épisode. Il faut rester crédible sur le plan sanitaire et œuvrer avec rigueur et diplomatie. »