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Viande bovine

Deux exemples de contractualisation réussie


TNC le 05/10/2023 à 10:11
Contractualisationenbovinviande

Depuis le 1er janvier 2023, toutes les ventes de bovins doivent faire l’objet un contrat entre l’éleveur et le premier acheteur. (© Adobe Stock Budimir Jevtic)

À l’occasion du Space 2023, Interbev a présenté deux éleveurs ayant mis en place des contrats sur leurs exploitations en bovin viande. La contractualisation a permis à Alban Nicolas de s’installer, et à Hugues Lemesle d’officialiser sa méthode de formation de prix avec son boucher.

Depuis plus d’un an, l’interprofession du bétail et de la viande milite pour l’instauration de la contractualisation au sein de la filière viande bovine. D’après un sondage réalisé par Interbev, 13 % du total des animaux écoulés en France seraient sous le coup d’un contrat. La production de JB fait figure d’exemple, avec des volumes contractualisés autour de 25 % en viande, et 39 % en lait.

Mais pour nombre d’agriculteurs, la mesure demeure impopulaire. Un sondage, réalisé auprès de lecteurs de Web-agri du 12 au 19 septembre, montre que 94 % des répondants n’ont pas contractualisé. Pourtant l’enjeu est d’importance. Pour Emmanuel Bernard, président de la section bovin d’Interbev, « la contractualisation est indispensable au maintien des filières ». Solution pour appréhender la décapitalisation bovine, l’interprofession dit avoir besoin de visibilité à long terme pour maintenir les outils agroalimentaires nécessaires à la filière viande.

Pour tenter de convaincre les éleveurs, Interbev a proposé à deux éleveurs travaillant avec des contrats de témoigner.

H. Lemesle : un contrat pour les réformes avec un boucher

Hugues Lemesle, à la tête de 95 vaches allaitantes dans le Maine-et-Loire, a mis en place un contrat avec son boucher. « Cela fait plusieurs années que nous travaillons ensemble. Nous avons mis sur le papier ce que nous faisions déjà », explique l’agriculteur.

D’une durée de trois ans, le contrat engage l’éleveur à fournir des vaches bouchères bien engraissées, et le boucher, à rester fidèle à l’éleveur. « C’est lui qui vient présélectionner les vaches sur les fermes. On planifie les départs ensemble », décrit Hugues Lemesle.

Question rémunération, les deux partis ont opté pour un tunnel de prix. « Nous sommes entre 5 et 7 € le kilo carcasse. » Le tunnel de prix a volontairement été choisi assez large pour pouvoir prendre en compte les évolutions de coût de la matière première. D’autant que le contrat est révisable, d’ailleurs « nous avons déjà tourné les étiquettes deux fois », insiste l’éleveur.

Le contrat est bipartite : il engage l’éleveur et le boucher. Bovinéo assure ensuite le transport, et gère les relations entre les deux acteurs. « Le prix négocié avec le boucher comprend la commission de Bovinéo », détaille Hugues Lemesle.

A. Nicolas : un contrat sur les JB pour s’installer

Dans les Côtes-d’Armor, la contractualisation a aidé Alban Nicolas à s’installer sur un atelier d’engraissement. « Nous avions un bâtiment qui n’était pas exploité, je sortais du bac, je voulais en valoriser le potentiel », détaille le jeune agriculteur, du haut de ses 20 ans.

Le contrat a notamment permis son installation. Tout d’abord auprès des banques : « elles étaient frileuses et ne voyaient pas beaucoup d’avenir en la viande. Le contrat a changé la donne », mais aussi en termes de rémunération. « Je ne me voyais pas m’installer, et regarder le cours du bovin tous les matins en me demandant si ça serait rentable », poursuit Alban Nicolas.

Le contrat a été construit, avec la coopérative Eureden, autour d’un prix d’équilibre. Revu chaque trimestre selon l’évolution des coûts de production, il garantit à l’éleveur une rentabilité. Question prix, difficile d’en savoir plus, mais l’éleveur le juge « satisfaisant ».