Plus de 600 foyers de FCO et 190 de MHE selon le GDS
TNC le 13/10/2023 à 15:03
Si la MHE défraye la chronique, la FCO fait tout autant de ravages sur le cheptel bovin et ovin français. En cause, l’apparition d’une nouvelle souche du sérotype 8.
L’arrivée de la MHE a fait couler beaucoup d’encre. Et pour cause, la perte du statut indemne pour certains départements du Sud-Ouest et de l’Est n’est pas sans conséquences commerciales. Mais la maladie hémorragique épizootique est loin d’être la seule menace sanitaire qui pèse sur le cheptel bovin français.
Plus de 600 foyers de FCO
L’année 2023 est marquée par une recrudescence des cas de FCO. D’après la plateforme d’épidémiosurveillance en santé animale (ESA), la France compte au 6 octobre plus de 600 foyers de fièvre catarrhale ovine (FCO) dans 13 départements. Et l’observatoire sous-estime très certainement l’étendue de la maladie « dans ce genre de situation, on estime que l’on ne recense qu’un tiers de foyers de contamination » précise Kristel Gache, directrice du GDS France.
D’autant que la souche qui sévit actuellement sur les troupeaux français semble présenter un fort impact clinique. « Depuis quelques années, nous étions sur une « FCO de laboratoire ». Le virus circulait, mais les symptômes étaient rares », décrit Romain Persicot, directeur du GDS Aura. Mais après la détection de cas de FCO atypiques dans le Massif central, une nouvelle souche de sérotype 8 a été identifiée « c’est un peu comme si l’on trouvait un nouveau variant du covid », décrypte la directrice du GDS France. A noter toutefois qu’il n’a aucune incidence sur la santé humaine. Cette souche présenterait un taux de morbidité entre 10 et 20 %. « Nous travaillons actuellement à objectiver ces données, sur la morbidité et la mortalité — car il y en a — des souches de MHE et FCO présentes en France », précise Kristel Gache.
D’autant qu’un autre sérotype de la maladie est aux portes de la France. « Le sérotype 3 de la FCO a été identifié en Belgique, à 125 km de la frontière française. Il provoque également d’importants signes cliniques, notamment chez les ovins ». Et si la vaccination contre la FCO apparaît efficace contre le sérotype 8, il n’y a pas encore de vaccin contre le sérotype 3. « L’efficacité de la vaccination dépend pour beaucoup du sérotype ».
Au moins 190 foyers de MHE
L’apparition de la MHE en France intervient donc dans un contexte sanitaire déjà tendu. « Le gouvernement devrait annoncer l’identification de 140 foyers supplémentaires dans la journée », un chiffre qui porterait à plus de 190 le nombre de foyers identifiés depuis l’arrivée de la maladie en France.
Et si la MHE fait peur par sa récente intrusion sur le sol français, les manifestations cliniques des deux maladies sont extrêmement proches. « Seules les analyses en laboratoire permettent de déterminer s’il s’agit de l’une ou de l’autre ».
Des maladies qui « cognent fort »
« Dans tous les cas, il faut redoubler de vigilance sur les questions de biosécurité », insiste Romain Persicot. « Nous sommes sur des maladies qui « tabassent », et s’il n’y a pas forcément de mortalité, les conséquences restent très importantes sur les troupeaux ». Dans le Sud-Ouest, les vétérinaires sont plus que jamais mobilisés. L’ulcération des muqueuses provoquées par la FCO comme la MHE engendre entre autres des problèmes d’alimentation, voire d’abreuvement des bovins, pouvant aller jusqu’à la déshydratation. « On voit des vétérinaires transfuser des bovins », insiste le directeur du GDS Aura.
Dans ce contexte, les GDS misent sur l’importance de l’application de mesures de biosécurité sur les exploitations. « C’est la meilleure manière de lutter contre toutes les maladies, et pas seulement la FCO et la MHE », ajoute Romain Persicot.