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PFAS

Deux ONG alertent sur la présence de « polluants éternels » parmi les pesticides


AFP le 09/11/2023 à 19:05

Les associations Générations Futures et Pesticide Action Network (PAN) Europe ont dénoncé jeudi la présence parmi les pesticides autorisés en Europe de substances chimiques considérées comme des PFAS, les « polluants éternels », et ont appelé à leur interdiction immédiate.

Les PFAS, qui doivent leur surnom au fait qu’ils sont très peu dégradables une fois dans l’environnement et, pour certains, à leur effet néfaste sur la santé, sont habituellement évoqués pour leur utilisation dans l’industrie ou dans des produits de consommation comme les revêtements antiadhésifs des poêles. Mais l’agriculture utilise aussi ces substances.

Selon un rapport des deux associations, 12 % des principes actifs synthétiques autorisés pour l’utilisation de pesticides dans l’Union européenne – soit 37 sur 306 – sont des PFAS. En France, leur utilisation augmente, déplorent les ONG. D’après leur analyse, les ventes de substances PFAS y ont triplé entre 2008 et 2021, atteignant alors 2 332 tonnes.

La substance la plus utilisée dans le pays est l’herbicide flufénacet. « Plus de 10 000 jours sont nécessaires pour décomposer la moitié » d’un de ses composés, le TFA, détaille le rapport.

L’Union européenne discute actuellement sur une restriction de l’usage des PFAS. Mais les pesticides classés PFAS sont exclus du champ de cette restriction, car les produits phytosanitaires sont réglementés par leur propre texte. Ce dernier exige bien « la fourniture de données spécifiques qui permettent une évaluation précise notamment de la persistance et de la toxicité », a indiqué l’Agence de sécurité sanitaire (Anses) à l’AFP.

Mais selon les deux ONG, « l’évaluation actuelle des pesticides ne tient pas compte de la présence de PFAS (…) en raison de lacunes dans la mise en œuvre du règlement européen ». Le règlement sur les pesticides ne considère pas, par exemple, que la persistance de ces produits en tant que telle est un obstacle à leur approbation.

Pour les ONG, l’évaluation menée par les agences sanitaires présente par ailleurs « de nombreuses failles ».

Alors que l’UE a décidé d’interdire les produits chimiques à base de PFAS en Europe, il est « inacceptable (…) qu’elle n’ait pas pris de mesures spécifiques pour réduire la pollution due aux pesticides à base de PFAS », estiment Générations Futures et PAN Europe.

Pour l’organisation française représentant les fabricants de pesticides, Phyteis, la présence de substances actives PFAS dans les pesticides est « connue et suivie ». Les produits phytosanitaires sont soumis à une évaluation sur l’environnement avec des « données très précises avant la mise sur le marché », explique à l’AFP un responsable de l’organisation en réfutant l’appellation de « polluants éternels ».

« Le devenir des produits (dans l’environnement, NDLR) est pris en compte » dans cette évaluation, relève-t-il.

Le groupe allemand Bayer, qui produit 5 des 10 substances PFAS utilisées dans les pesticides les plus vendus en France selon le rapport, renvoie de son côté à l’évaluation encore en cours des PFAS par l’Autorité européenne des produits chimiques.

« Les effets sur les processus de production ainsi que sur les matières premières et intermédiaires dans la production ne peuvent pas encore être évalués de manière concluante », affirme Bayer dans un message transmis jeudi à l’AFP. « Il convient de continuer à garantir une utilisation sûre des PFAS dans des applications qui sont essentielles pour des secteurs clés et notre vie quotidienne », ajoute l’entreprise.