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Au Gaec de Kernan (56)

Des échanges parcellaires et des croisements de races pour un meilleur revenu


TNC le 14/11/2023 à 10:01
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Les Prim'holstein ont été croisées avec des taureaux Red viking et Montbéliards, pour plus de rusticité et une meilleure qualité des aplombs. (© Emmanuelle Bordon)

Au Gaec de Kernan, les vaches ont une ration de pâturage en plat unique. Ce choix implique des conséquences techniques, qui ont conduit les associés à des échanges parcellaires. Pour cette même raison, ils ont également choisi le croisement de races pour leur reproduction.

Augmenter son revenu en élevage laitier bio. C’est pour atteindre cet objectif que les associés du Gaec de Kernan ont initié des échanges parcellaires avec leurs voisins et croisé leurs Prim’holstein avec des races plus rustiques.

Le Gaec de Kernan en bref :

– 4 associés
– Production laitière en agriculture biologique
– SAU : 185 hectares dont 50 ha accessibles
– 15 ha de maïs ensilage, 15 ha de culture de vente
– Le reste en prairie temporaire
– 120 VL traites + la suite
– Niveau d’étable : 5 400 litres
– EBE pour 1 000 litres : 328 €

Jean-Pierre Gouello, l’un des quatre associés du Gaec, rencontrait souvent son voisin sur la route quand il allait épandre le lisier. Ils finissent un jour par en discuter et se rendent compte que chacun a des parcelles près du bâtiment de l’autre. C’est ainsi qu’ils en sont venus à envisager un échange parcellaire.

Malheureusement, il n’y a pas de parcelles échangeables proches entre les deux exploitations. C’est pourquoi un échange triangulaire est envisagé avec un autre voisin. L’opération est réalisée en plusieurs étapes, avec l’aide de la chambre d’agriculture et de la communauté de communes de Ploermel : l’exploitation n°1 cède du parcellaire à l’exploitation n°2, qui en cède à l’exploitation n°3. Cette dernière cède à son tour du parcellaire à l’exploitation n°1.

La peur du qu’en dira-t-on

C’est ainsi que le Gaec de Kernan récupère d’abord quatre, puis dix hectares accessibles au pâturage. La procédure est encadrée par plusieurs contrats (un par échange) d’une durée de cinq ans.

Comme l’exploitation a fait le choix d’accorder la plus grande place possible à l’herbe dans la ration, l’accès à de nouvelles parcelles pâturables permet une baisse de l’affouragement en vert. Il en résulte une baisse des coûts de mécanisation, ainsi qu’une économie de temps de travail que Jean-Pierre Gouello évalue à 150 heures par an.

Pour faire aboutir le projet, le plus difficile a sans doute été de convaincre tous ses acteurs. Le doute sur ce qu’on récupère et la peur du qu’en dira-t-on sont tenaces. Mais trois ans après avoir initié cette démarche, les associés du Gaec se disent satisfaits sur toute la ligne.

Les Prim’holstein ont été croisées avec des taureaux Red viking et Montbéliards, pour plus de rusticité et une meilleure qualité des aplombs. (© Emmanuelle Bordon)

Des races rustiques en croisement

En 2016, l’exploitation est convertie à l’agriculture biologique. La ration des vaches est modifiée et passe d’une formule conventionnelle à base de maïs à une ration fondée sur du pâturage en plat unique. « Ce choix a posé un problème pour nos Prim’holstein, dont la génétique les destinait plutôt à valoriser le maïs, se souvient Frédéric Maray, associé du Gaec. Nous avons été confrontés à des pertes d’état, une baisse de notre TP et des problèmes de reproduction ».

Pour pallier ce problème, les associés décident de croiser leurs Prim’holstein avec des races plus rustiques : de la Montbéliarde et de la Viking red. Ces races ont été choisies pour leur masse musculaire et leur aptitude à garder de l’état au pâturage. Capables malgré tout d’une production élevée, elles sont également réputées pour la solidité de leurs aplombs. Ce dernier point est important pour des animaux qui sont régulièrement conduits au pâturage. « Notre objectif est d’avoir des vaches en bonne santé, adaptables aux fluctuations du fourrage, et surtout, capables de « répondre » à une amélioration de leur alimentation », explique Frédéric Maray.

Ration habituelle :

– Pâturage et herbe récoltée en plat unique (le pâturage est organisé en padocks d’une journée)
– Foin
– Complémentation en maïs ensilage si nécessaire, à hauteur de 5kg maximum.
– Complément azoté lorsque la sortie au pâturage n’est pas possible
– Pas de VL, ni de céréale
– Coûts alimentaires pour 1000 litres : 63 €
– Marge brute pour 1000 litres : 411 €

Quant au choix du croisement, il a été fait pour des raisons économiques et pratiques. « C’est moins cher que de changer les animaux et on part d’une base qu’on connaît », commente l’éleveur.

Si le choix du pâturage comme aliment principal a entraîné d’autres orientations techniques, les résultats sont là : un coût de ration bas (63 €/1 000 l) et une marge brute élevée : 411 €/1 000 l.