Vers 17 Mt de blé tendre français exportés sur 2023/24, mais des débuts poussifs
TNC le 16/11/2023 à 09:46
FranceAgriMer vient de réviser à la hausse le potentiel d’exports français de blé tendre vers les pays tiers sur 2023/24 et à la baisse vers l’Union européenne. Le potentiel global dépasserait celui des deux dernières campagnes. Mais pour l’instant, les exportations mensuelles sont moins dynamiques que sur les premiers mois de 2021/22 et 2022/23.
La France devrait exporter environ 17 Mt de blé tendre sur 2023/24, estime FranceAgriMer en cette mi-novembre, soit 2 % de plus que sur la campagne de commercialisation 2022/23. C’est aussi une baisse de 248 000 t par rapport aux prévisions du mois dernier pour cette campagne.
Car depuis octobre, l’établissement a réduit de 535 000 t son estimation des exports de blé tendre français vers les autres pays de l’UE en 2023/24, à 6,79 Mt (contre 6,39 Mt en 2022/23 et 8 Mt en 2021/22).
De fait, nos expéditions vers l’Italie et l’Espagne devraient être réduites par le « poids de la concurrence ukrainienne, avec des afflux de blés fourragers » vers ces deux pays, précise Adèle Dridi, chargée d’études économiques au sein de l’unité Grains et sucre de FranceAgriMer. Elle évoque aussi la compétitivité moindre du blé par rapport au maïs pour l’alimentation animale, et des problèmes de fret routier vers l’Espagne et ferroviaire vers l’Italie.
Et vers les pays tiers ? D’un mois sur l’autre, FranceAgriMer a à nouveau revu en hausse de 300 000 t les exports de blé tendre français vers ces destinations pour la campagne 2023/24, notamment vers la Chine et l’Égypte. « Des ventes à la Chine ont été faites il y a environ un mois et demi et les chargements devraient commencer à se voir début décembre », souligne Adèle Dridi.
Quant à l’attrait de l’Égypte pour les blés européens et notamment français cette campagne, il pourrait s’expliquer par une qualité moindre des blés russes. « Le cahier des charges du Gasc (l’organisme public égyptien chargé de l’achat de céréales, NDLR) est extrêmement rigoureux, c’est peut-être un problème de qualité mais il n’est pas possible d’être affirmatif », avance avec précaution Marc Zribi, chef de l’Unité grains et sucre de FranceAgriMer.
Les exportations françaises devraient aussi être plus importantes que prévu vers l’Afrique subsaharienne et vers l’Algérie, ajoute Adèle Dridi. Qui note aussi l’arrivée de la Colombie parmi les pays importateurs, « avec environ 30 000 t par mois depuis le début de la campagne ».
La France exporterait donc 10,1 Mt de blé tendre vers les pays tiers sur cette campagne de commercialisation, soit quasi autant que la dernière campagne, et 17 Mt toutes destinations confondues, soit un peu plus qu’en 2022/23. Pour atteindre ces chiffres, les exports mensuels devront gagner en dynamisme : les chiffres pour les trois premiers mois de la campagne sont bien en-deça de ceux des deux campagnes précédentes.
En particulier, la part du Maroc dans les exportations françaises diminue : le pays « était très présent sur le début de la campagne mais de moins en moins par la suite », commente Adèle Dridi. Fin octobre 2023, l’Algérie avait importé 157 500 t de blé tendre français, contre 1,05 Mt fin octobre 2022 et 650 298 t fin octobre 2021.
Du côté des utilisations du blé tendre français sur le marché intérieur, elles atteindraient 14,41 Mt sur la campagne 2023/24 contre 14,14 Mt sur 2022/23 et 14,92 Mt sur 2021/22.
C’est une baisse de 149 000 t par rapport à l’estimation du mois d’octobre, avec notamment une baisse de 100 000 t pour la fabrication d’aliments composés – « sur la base du réalisé et de rapports de prix moins favorables au blé tendre par rapport au maïs » – et de 50 000 t pour le secteur de l’amidonnerie.
Avec des estimations à la baisse à la fois pour les exportations et pour l’utilisation domestique du blé tendre français, le stock attendu en fin de campagne s’alourdit forcément : selon FranceAgrimer, il atteindrait 3,06 Mt, au plus haut depuis la campagne 2017/18.