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Vu sur Youtube

L’écimeuse récolteuse pour lutter contre vulpins et ray-grass résistants


TNC le 20/11/2023 à 09:23
Ecimeuse

(© Farming Together/Youtube)

Arthur de la chaîne Youtube Farming Together nous emmène avec lui à la rencontre de Romain Bouillé. Ne trouvant pas sur le marché le modèle qui lui convenait, l’agriculteur de Seine-et-Marne a mis au point une écimeuse récupératrice de graines d’adventices. La machine est utilisée sur vulpins et ray-grass, mais pas seulement…

Après une première expérience dans une ferme céréalière située près de Provins (Seine-et-Marne), Romain Bouillé s’installe en 2017 sur l’exploitation familiale. En parallèle, il réfléchit à la conception d’une machine pour désherber mécaniquement ses parcelles en fin de saison, et lui permettre notamment de lutter contre les ray-grass et les vulpins résistants. L’agriculteur développe alors une écimeuse avec une benne récupératrice afin d’exporter les mauvaises graines de ses parcelles.

« Quand on s’est rendu compte qu’il y avait un potentiel de marché, on a déposé un brevet européen (en 2018), note Romain Bouillé. À notre échelle, on pouvait fabriquer une à deux machines par an. Mais la demande était un peu plus importante ». Né alors un partenariat entre l’entreprise Bouillé Concept et le constructeur allemand Zürn pour développer l’écimeuse récolteuse Top Cut collect.

« Il n’y a pas beaucoup de cultures qu’on ne peut pas écimer »

« Cela nous a permis de croiser les idées, de faire des prototypes plus aboutis et aussi plus simples d’utilisation, ajoute l’agriculteur. Les premières machines étaient en 18 m, on a fait le choix de retomber à 12 m pour répondre à une demande plus standard. Elles étaient plutôt adaptées au vulpin et au ray-grass, avec de petits rabatteurs et de petits tapis. On a fait évoluer les réglages de la machine pour atteindre des objectifs plus larges : aujourd’hui la coupe peut, par exemple, aller de 15 cm à 1,8 m. L’écimeuse permet ainsi de répondre à davantage de problématiques : chénopodes, chardons, folle-avoine… Elle est parfois même utilisée dans la récolte de cultures porte-graines… À part le maïs et le colza, il n’y a pas beaucoup de cultures qu’on ne peut pas écimer ».

Concernant le fonctionnement de la Top Cut collect, « on est parti sur une double lame sans doigts pour éviter les bourrages. Cela permet aussi d’avoir des fréquences réduites puisqu’on dispose de deux fois plus de couple ». « L’écimeuse est également équipée d’un rabatteur hélicoïdal qui, comme sur une moissonneuse-batteuse, va venir pousser la matière dans les lames. Et derrière les tapis vont collecter ce qu’on vient de couper, et les emmener vers un tapis central, direction ensuite la trémie », explique Robin, ingénieur concepteur qui a rejoint Bouillé Concept depuis 2 ans.

Pour assurer la précision, « la liaison au sol est gérée par le tracteur, des roues de jauge sont situées aux extrémités de la rampe. La force de la machine, c’est aussi le délestage de la rampe avec un système de boules d’azote. La rampe est vraiment portée par le châssis, ce qui permet d’améliorer la stabilité et le suivi du sol ».

20 à 50 ha par jour

La Top Cut collect est « très peu énergivore, et elle ne crée pas de vent, les cultures ne se couchent pas avec le passage de la machine, ajoute Romain Bouillé. Le fonctionnement est hydraulique, on peut travailler en circuit continu soit en LS (load sensing) (80 l/min). La consommation peut aller de 2 à 5 l/ha ». Niveau débit de chantier, « tout va dépendre de la quantité de matière à récolter. On peut aller de 20 à 50 ha par jour ». Et que faire des graines récoltées ? « Il y a plusieurs possibilités : certains les intègrent dans les méthaniseurs ou les compostières. On peut aussi les laisser maturer en bout de champ. »

Si l’écimeuse récolteuse Top Cut Collect est construite par Zürn, Bouillé Concept gère la distribution dans l’Hexagone. Les clients se répartissent ainsi : un tiers en agriculture bio, un tiers en conventionnel et le dernier concerne les entrepreneurs de travaux agricoles. En parallèle, l’entreprise française continue de développer d’autres modèles : « une écimeuse sur le relevage avant du tracteur, plus accessible. Par contre, avec ce modèle, on ne récupère pas l’adventice coupée. Il faut donc être vigilant quant au stade d’intervention. L’adventice doit dépasser la culture, mais ne doit pas être mature, indique Robin. On travaille aussi sur un petit automoteur pour les entrepreneurs notamment. Ces deux machines sont conçues et fabriquées en Île-de-France ».