Faire vieillir ses vaches, la recette d’un « Maître éleveur »
TNC le 28/11/2023 à 09:01
Un des dix « Maîtres éleveurs » désignés par l’association Prim’Holstein France à l’occasion de son centenaire se trouve en Loire-Atlantique. Le Gaec de la Bouge collectionne les distinctions, résultat d’un travail génétique de longue haleine.
« Les meilleures lactations sont la quatrième et la cinquième. » Jan et Hilde Schutter, installés depuis 27 ans à Saint-Hilaire de Chaléons (Loire-Atlantique), se fondent sur les chiffres de leur production pour justifier un de leurs objectifs : faire vieillir leurs vaches. Et pour cela, ils accordent depuis toujours la priorité aux indices fonctionnels des taureaux qu’ils choisissent. Des aplombs solides, des mamelles bien accrochées, des bassins qui facilitent le vêlage… « On aime les belles vaches », résume Jan Schuttert, qui ajoute que le passage du pareur, trois fois par an, est lui aussi déterminant.
Résultat : plus de la moitié du troupeau est en troisième lactation ou plus. « C’est là qu’on commence à gagner de l’argent », insiste Jan. Record de l’élevage : une vache qui a produit plus de 180 000 litres en 14 lactations. Des volumes qui ne se font pas au détriment des taux, pour cet élevage qui annonce en moyenne un TB à 44 et un TP à 34.
L’insémination : le travail de l’éleveur
Depuis une quinzaine d’années, c’est Jan qui insémine lui-même les vaches, aidé par Heller, son fils, depuis quatre ans. « Et inséminant nous-mêmes, nous sommes libres de le faire quand nous le voulons, explique Jan. Nul besoin de bloquer une vache en case ou au cornadis pendant de longues heures, quand les autres sont au pâturage. ». Les vaches sont inséminées le matin ou le soir, après la traite, « en prenant son temps, car c’est la condition pour bien le faire », soulignent les éleveurs.
« Pour moi, l’insémination fait partie de mon travail, dit Jan, tout comme la réalisation du plan d’accouplement. Et je préfère laisser quelqu’un d’autre préparer les parcelles pour le maïs pendant que je m’occupe des animaux. » Seule concession à l’intervention d’un tiers : les échographies. « Pour détecter les vaches vides et avoir un œil extérieur », précise Jan.
Quant à la ration, Jan et Hilde l’ont voulue simple. Avec un objectif : « faire du lait avec ce qu’on produit sur la ferme » Les vaches profitent donc le plus possible des 69 hectares de pâture groupés autour des bâtiments. Tout au long de l’année, elles reçoivent une ration qui comprend 50 % de maïs ensilé et 50 % d’herbe, pâturée ou ensilée. S’ajoute à cette base du maïs grain humide et un correcteur.
Transmettre la passion
En 27 ans, l’exploitation a collectionné les records et les distinctions. Parmi elles, une des plus belles : un prix de grande championne au SIA en 2012. D’autres sont plus discrètes mais rendent les associés tout aussi fiers, telle la doyenne actuelle, qui côtoie sa fille, sa petite-fille et son arrière-petite-fille. Elle atteindra 100 000 litres produits en fin d’année.
L’autre motif de fierté pour Jan et Hilde est d’avoir transmis la passion à leurs trois enfants. Leurs deux filles sont désormais installées avec leur conjoint respectif. Quant à Heller, il est actuellement salarié de l’exploitation et prévoit de prendre la suite. « Les enfants sont toujours venus avec nous aux vaches et aux concours ; Heller a fait son premier Space alors qu’il était bébé », se souvient Hilde.
Le prix de « Maître éleveur » récompense toutes ces années d’investissements. « C’est un prix qui distingue les éleveurs qui travaillent bien », a déclaré Céline Le Ru Le Laurent, lors du centenaire de l’association Prim’Hostein France dont elle est la présidente.