L’année où l’inflation ne sera plus en tête de menu
AFP le 07/12/2023 à 11:50
Le marché de Rungis est en pleine ébullition à l'approche des fêtes de fin d'année et les grossistes y évoquent des prix plus accessibles sur quantité de produits phares, avec notamment le retour du foie gras, malgré des fruits plus chers.
Cette période est un moment de rendez-vous important pour les grossistes du « ventre de Paris » qui réalisent alors autour de 15 % de leur chiffre d’affaires annuel. Il est 4 heures du matin mercredi au pavillon de la marée, décoré de guirlandes lumineuses, où les grossistes en produits de la mer s’attendent à une fin d’année « assez exceptionnelle ».
« La production était bonne et l’offre est présente » cette année, s’enthousiasme Stéphane Reynaud, membre du comité de direction de la maison Reynaud. Selon lui, « les stocks ont été conséquents tout au long de l’année » pour les huîtres « encore présentes dans les bassins » permettant « d’alimenter le marché du mois de décembre ».
Le prix des huîtres revient à un « niveau inférieur à 2020, 2021 », période durant laquelle la mortalité dans les parcs ostréicoles avait augmenté, précise-t-il.
Grippe aviaire
D’autres produits phares comme les crevettes ou les noix de Saint-Jacques vont conserver un prix stable voire en baisse, détaille M. Reynaud. « Il y a bon espoir d’avoir un menu contenu cette année. C’est une très bonne nouvelle pour nos ménages. » Le jour n’est toujours pas levé, mais le pavillon de la volaille voit les chariots et les transpalettes défiler au milieu des cartons de produits festifs empilés.
Chapons, dindes, poulardes ou pintades seront au rendez-vous cette année et à un prix « accessible », s’émerveillent les grossistes, après trois années marquées par la grippe aviaire.
« On est aujourd’hui sur des flux d’approvisionnement normaux, comme on avait dans les années 2018, 2019 », rapporte Jean-Luc Lasjunies, grossiste au marché de Rungis depuis 25 ans.
Pour Adrien Fernandez, vendeur chez Courtin Hervouet, les prix sont stables et même en baisse sur les produits festifs, notamment les « poulets fermiers », « pintades », « chapons » ou encore « les volailles de Bresse ».
Il souligne que le canard – particulièrement touché par la grippe aviaire – revient « progressivement » sur les étals.
Depuis 2021, la France est touchée de manière continuelle par la grippe aviaire qui a resurgit ces derniers jours, sans toutefois menacer les produits festifs de Noël, déjà disponibles sur le marché.
« Pas l’année de la mangue »
« Tous nos producteurs se sont organisés pour traiter ce problème », assure Frédéric Masse, dirigeant de la maison Masse, spécialiste du foie gras, espérant « retrouver les productions l’année prochaine » grâce au vaccin pour les canards.
Seule déception pour les réveillons, les fruits exotiques connaissent « un petit 8 % de hausse en moyenne » en cette période, selon Alain Alarcon, président du grossiste de fruits Banagrumes, notamment en raison des « conditions climatiques » dans les pays producteurs.
« C’est pas l’année de la mangue », regrette M. Alarcon, soulignant que la production de ces fruits au Pérou a baissé de « 70 à 80 % ». Les clémentines importées d’Espagne ont également « un peu de mal à mûrir, un peu de mal à grossir » en raison des « problèmes de température » Outre-Pyrénées, constate Alexandre Familiari, responsable de production chez Bratigny.
« On a beaucoup de petits fruits et une demande qui est assez forte à l’approche de Noël. Donc ça fait augmenter les prix parce qu’on n’a pas forcément les volumes qu’on veut », explique-t-il.