« Un jeune engagé dans une OPA vit mieux son métier »
TNC le 13/12/2023 à 08:12
Les conseils d’administration des organisations agricoles n’échappent pas à l’actuel renouvellement massif des générations. Comment motiver les nouveaux installés à prendre des responsabilités ? Des initiatives se font jour.
Coopératives, Cuma, syndicats, chambres d’agriculture, enseignement agricole… nombreuses sont les organisations professionnelles agricoles (OPA) à être dirigées par un conseil d’administration. Avec la vague de départs en retraite d’agriculteurs qui s’annonce sur les 10 prochaines années, la plupart des CA vont voir bon nombre de leurs membres partir. Si des adhérents y entrent régulièrement, l’importance du renouvellement générationnel actuel intensifie les actions pour motiver et former les jeunes installés à s’impliquer dans la gouvernance de leurs outils.
« Un facteur d’intégration »
« Faire monter de nouveaux responsables est un véritable enjeu pour la vie démocratique de nos structures, estime Jean-Luc Duval, vice-président de La Coopération Agricole Ouest. Pour que nos conseils d’administration ne soient pas en décalage, il est important que cette nouvelle génération d’agriculteurs, avec sa vision, ses attentes, y soit bien représentée ».
Une meilleure connaissance des marchés,
et des tendances d’évolution de l’agriculture en général.
L’implication apporte aussi à ces nouveaux entrants dans le métier. « Un jeune engagé vit mieux son métier, remarque Jean-François Appriou, président de LCA Ouest. Il a une meilleure connaissance des marchés, des tendances d’évolution de l’agriculture en général. » « Pour les jeunes non issus du milieu agricole, l’implication dans les structures est un facteur d’intégration, complète Vincent Laizé, directeur de la fédération des Cuma de Bretagne. Ils y trouvent un lieu d’échanges, de concertation, où tisser des liens avec leurs pairs ».
Favoriser l’implication professionnelle
Selon une étude réalisée par LCA Ouest, 76 % des coopératives de l’Ouest ont des actions pour favoriser l’intégration des jeunes agriculteurs dans la vie coopérative et la prise de responsabilité. Cela peut passer par des places réservées dans les conseils d’administration, une montée en responsabilité avec le statut d’administrateurs stagiaires, des commissions jeunes. « Les Cuma n’ont pas d’obligation statutaire, chacune trouve l’organisation qui lui convient », précise Vincent Laizé.
Si la critique est aisée de dire que les jeunes ne veulent pas s’impliquer, les structures doivent aussi être prêtes à faire évoluer leur fonctionnement pour faciliter la prise de responsabilité. « Il y a un travail à faire à tous les échelons sur l’attractivité du métier d’agriculteur dans toutes ses composantes, y compris l’implication professionnelle », estime Vincent Laizé. On reproche, à tort ou à raison, aux jeunes générations d’être individualistes. Ce qui ne fait pas débat, c’est le manque de disponibilité du fait de la surcharge de travail.
Manque de disponibilité liée à la surcharge de travail.
Adapter le fonctionnement
Les structures doivent donc s’adapter, par exemple en panachant réunions en visio pour économiser du temps de trajet et en présentiel, pour garder la convivialité et les échanges informels. Beaucoup de structures se penchent aussi sur la répartition des responsabilités pour faciliter l’investissement des jeunes. « Il est souvent judicieux d’y aller progressivement, que les administrateurs en place transfèrent petit à petit les responsabilités pour que les jeunes n’aient pas peur de l’ampleur de la mission », remarque Vincent Laizé.
Cela peut sembler paradoxal mais regrouper des petites Cuma semble faciliter l’implication. « Sur notre territoire, il y a une tendance au regroupement et au développement de grosses Cuma avec salariés, qui sont une réponse au manque de main-d’œuvre sur les exploitations. Cela permet entre autres d’avoir des chefs d’équipe et des secrétaires comptables à temps partagé, qui décharge le conseil d’administration de tâches du quotidien », souligne Vincent Laizé.
Prise de responsabilité progressive, partage de responsabilité…
LCA Ouest organise des forums des jeunes coopérateurs
« Il est important de former les futurs dirigeants de nos coopératives », souligne Jean-François Appriou, président de la fédération Ouest de la Coopération agricole. Pour y contribuer, tous les 2 ans, 80 futurs ou récents engagés dans différentes coopératives de l’Ouest et de Picardie se réunissent. « On les fait travailler sur la coopération de demain », partage Yoann Méry, directeur de LCA Ouest. Cette année, ils ont planché sur l’adaptation des coopératives au changement climatique et ont présenté leurs idées à des responsables plus expérimentés. « Ces deux jours d’échange créent une émulation, une complicité autour de l’engagement », apprécie Jean-François Appriou.