Accéder au contenu principal
Importations de maïs

Accord avec le Mercosur : l’AGPM réclame une UE « plus cohérente »


TNC le 26/01/2024 à 11:30
MaisBrEsil

Les perspectives d’évolution de la production brésilienne et l’écart de compétitivité entre le maïs brésilien et le maïs européen laissent craindre d'ici à 2030 un doublement des imports européens de maïs brésilien au détriment de la production européenne de maïs, alerte l'AGPM. (© Vitalii, AdobeStock)

L’Association générale des producteurs de maïs condamne l’accord entre l’Union européenne et le Mercosur et propose cinq mesures « pour aligner la politique commerciale de l’UE sur les objectifs qu’elle affiche en matière de souveraineté et de durabilité ».

Dans une note parue le 25 janvier, l’AGPM revient sur les impacts que pourraient avoir l’accord de libre-échange entre l’Union européenne et les pays du Mercosur (Brésil, Argentine, Paraguay, Uruguay) pour la filière maïs, et avance des propositions « pour une UE plus cohérente et des agriculteurs mieux protégés ».

En discussion depuis presque vingt-cinq ans, conclu en 2019, cet accord visant ouvrir le commerce entre les deux zones en réduisant fortement les tarifs douaniers n’a pas encore été ratifié en raison de l’opposition de plusieurs pays, dont la France. Il est d’ailleurs particulièrement pointé du doigt ces derniers jours, alors que la colère du monde agricole explose un peu partout dans l’Hexagone

L’AGPM regrette que la Commission européenne « encourage avec vigueur la ratification de cet accord » prévoyant « l’octroi d’un quota supplémentaire d’un million de tonnes de maïs grain et de sorgho sans activation possible de droits de douane, de mille tonnes de maïs doux et de nouveaux quotas à droits de douane nuls ou réduits concernant des débouchés à haute valeur ajoutée pour les producteurs de maïs français et européens tels que la volaille (180 000 t) ou l’éthanol (650 000 t).

Elle déplore la dépendance accrue de l’UE aux importations de maïs et la multiplication « d’opportunités commerciales offertes à d’autres systèmes de production de maïs à travers le monde qui ne respectent pas les normes de production environnementales et sanitaires européennes ».

Dans le Mato Grosso brésilien, des exploitations atteignant parfois 500 000 ha cultivent de fait « du maïs safrinha à contre-saison, après la récolte de soja sur des terres généralement issues de la déforestation ». Par ailleurs, « la quasi-totalité du maïs planté y est OGM » et, de l’atrazine aux néonicotinoïdes, « 77,5 % des substances actives autorisées au Brésil et en Argentine sont interdites en France ».

L’AGPM appelle donc à mettre en place cinq solutions « pour aligner la politique commerciale de l’UE sur les objectifs qu’elle affiche en matière de souveraineté et de durabilité » :

  • Inclure dans l’accord UE-Mercosur des clauses-miroir conditionnant toute préférence commerciale accordée au maïs ou à ses dérivés à la non-utilisation des substances actives interdites en Europe parce qu’elles présentent un risque pour la santé humaine ou l’environnement.
  • Adopter des mesures miroir interdisant les imports de maïs ou dérivés traités avec des substances actives interdites dans l’UE et considérées comme les plus toxiques.
  • Dans les principaux pays exportateurs de maïs, imposer la structuration de filières dédiées à l’exportation vers l’UE, qui devront garantir la non-utilisation de ces substances interdites à toutes les étapes de la production agricole et diligenter des contrôles sur les normes de production dans ces filières, sans se limiter au contrôle des « limites maximales de résidus » sur le maïs importé.
  • Ajouter le maïs et les zones de savane brésilienne du Cerrado dans la liste des produits et des écosystèmes concernés par le règlement européen relatif à la lutte contre la déforestation importée.
  • Rénover le mécanisme de droits de douane relatif au maïs « pour protéger efficacement les capacités de production européennes et accompagner les efforts des agriculteurs européens en matière de transition écologique ».