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Chlordécone, glyphosate...

Nouvelle étude pour mesurer l’imprégnation de la population antillaise


AFP le 30/01/2024 à 11:55

Une nouvelle étude en Guadeloupe et en Martinique va mesurer « l'évolution de l'imprégnation » de la population à la chlordécone et d'autres pesticides comme le glyphosate, ainsi qu'à des métaux lourds comme le plomb, selon une annonce de Santé publique France.

« Cette nouvelle étude est importante pour améliorer les connaissances afin de poursuivre et renforcer les mesures de prévention de l’exposition à la chlordécone et autres polluants aux Antilles, avec des mesures d’accompagnement adaptées », a exposé l’agence sanitaire dans un communiqué lundi soir. Elle portera sur plus de 3 000 personnes tirées au sort et acceptant d’y participer, dont 700 enfants d’au moins 6 ans, et se déploiera de janvier à juillet en Guadeloupe continentale et en Martinique.

L’objectif est notamment de « mesurer l’évolution des niveaux d’imprégnation de la population à la chlordécone, 10 ans après la première étude » et « d’évaluer l’imprégnation à une sélection d’autres molécules (pesticides et métaux lourds), dont certains pour la première fois comme le glyphosate, les métabolites des pyréthrinoïdes (insecticides) et plusieurs métaux lourds (plomb, arsenic, mercure) », a détaillé SpF.

La précédente étude a montré que plus de 9 Antillais sur 10 avaient de la chlordécone détectable dans le sang et que 14 % des adultes en Guadeloupe et 25 % en Martinique dépassaient le seuil au-delà duquel des effets sont possibles sur la santé.

L’étude vise aussi à identifier les facteurs associés au niveau d’imprégnation élevé dans la population ou à étudier l’imprégnation des plus sensibles (enfants et femmes en âge de procréer) et plus exposés (travailleurs agricoles, pêcheurs, résidents en zone contaminée).

« La participation du plus grand nombre est indispensable pour la réussite de cette étude », a insisté la directrice générale de SpF, le Dr Caroline Semaille, soulignant son intérêt pour la population antillaise.

Le chlordécone, pesticide répandu dans les bananeraies pour lutter contre le charançon, a été interdit aux Etats-Unis dès 1975, mais autorisé en France de 1972 à 1990, et même jusqu’en 1993 aux Antilles, où il a bénéficié d’une dérogation.

S’ils ont reconnu un « scandale sanitaire », des juges d’instruction du pôle santé du tribunal judiciaire de Paris ont prononcé début 2023 un non-lieu dans l’enquête sur l’empoisonnement des Antilles au chlordécone, mettant fin à une information judiciaire ouverte en 2008. Indignées, les parties civiles ont fait appel.