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Santé

La fièvre Q, une maladie qui concerne aussi les humains


TNC le 01/02/2024 à 08:30
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Maladie des ruminants, la fièvre Q est transmissible à l'homme, avec un risque particulier pendant la grossesse. (© TNC)

Le 16 janvier dernier, le comité fièvre Q proposait son webinaire annuel. Cette édition avait pour objectif de faire un tour d’horizon des connaissances sur la fièvre Q et la santé humaine.

La fièvre Q peut aussi concerner les être humains. C’est cette thématique que les membres du comité fièvre Q ont abordée lors de leur dernier webinaire annuel, le 16 janvier dernier.

Cette maladie est provoquée par une bactérie, transmise par les ruminants, et peut donner lieu à des épidémies. Elle s’attrape par inhalation de particules contaminées. En France, la dernière épidémie en date a eu lieu dans les Deux-Sèvres en 2017. 11 cas ont été identifiés, dont un seul était en contact direct avec un élevage. « Un chiffre à multiplier par 20 pour estimer le nombre réel de personnes qui l’ont contractée, explique le docteur Simon Sunder, infectiologue à l’hôpital de Niort (Deux-Sèvres). Dans ce cas, la source n’a jamais été identifiée. Il a finalement été établi que le simple fait de vivre à Niort ou dans les environs immédiats était un facteur de risque. Ce n’est pas forcément une maladie rurale ».

1 % de cas graves

Asymptomatique chez 60 % des personnes qui la contractent, la fièvre Q peut se compliquer et nécessiter une hospitalisation dans 5 % des cas. « On pourrait la considérer comme peu préoccupante, commente le docteur Sunder. Il existe cependant des cas où elle devient problématique parce que l’infection est persistante ». Les risques sont alors de développer des maladies cardiaques et, plus rarement, des maladies des os ou des cancers du sang. Ces cas graves concernent environ 1 % des personnes qui ont attrapé la maladie.

Les facteurs de risques qui peuvent favoriser les complications sont connus : une maladie cardiaque déjà présente, un déficit immunitaire ou le syndrome des antiphospholipides (SAPL). Les hommes sont aussi plus à risque, surtout au-delà de 40 ans.

Une maladie sous-diagnostiquée

Impossible d’identifier la maladie sans sérologie, les symptômes étant très diversifiés d’une personne à l’autre. Elle peut s’exprimer par de la fièvre, un état grippal, des symptômes hépatiques ou pulmonaires ou, plus rarement, cardiaques. Elle peut même ressembler à une méningite.

Le traitement de la fièvre Q aiguë consiste à prendre des antibiotiques durant deux à trois semaines. Chez les patients porteurs des marqueurs de SAPL, on ajoute de l’hydroxychloroquine pendant 12, 18 ou même 24 mois.

La fièvre Q reste très sous-diagnostiquée. « Ce n’est pas forcément un problème, souligne le docteur Sunder, puisque dans la majorité des cas, elle se résout toute seule. Mais il faut penser à la chercher dans les cas de fièvre prolongée (plus de cinq jours) avec une altération de l’état général, une cytolyse hépatique et éventuellement un TCA allongé ».

Bonne nouvelle : il semble que la fièvre Q soit immunisante. « On n’a jamais vu une personne l’attraper deux fois dans sa vie, rapporte le docteur Sunder. Et d’ailleurs, il est rare de voir une fièvre Q chez un éleveur ou un vétérinaire, à l’exception des très jeunes ».

Un risque particulier pendant la grossesse

Si la fièvre Q n’est préoccupante que dans de rares cas dans la population générale, elle est grave pour une femme enceinte. Elle provoque en effet des nécroses sur le placenta, qui évoluent soit en fausse couche, soit en naissance prématurée, en fonction du moment où elle se développe. « Aucun risque n’a en revanche été identifié pour les femmes qui présentent une sérologie positive sans symptôme avant d’être enceintes », précise le professeur Jean-François Faucher, infectiologue à l’hôpital de Limoges.

Par ailleurs, la grossesse peut augmenter le risque de fièvre Q aiguë et/ou persistante, comme c’est le cas avec les autres infections, en raison de l’affaiblissement naturel des défenses immunitaires durant cette période.

En cas de fièvre Q aiguë chez une femme enceinte, un traitement par antibiotiques peut être administré pendant au moins cinq semaines. « Le problème, précise le professeur Faucher, c’est que nous ne savons pas, à l’heure actuelle, si une sérologie positive sans symptôme est un risque ou pas ».

Pas de dépistage systématique, de la prévention

La question se pose d’un intérêt du dépistage systématique de la fièvre Q chez les femmes enceintes, soit généralement, soit dans les zones géographiques à risque. Les essais qui ont été réalisés, notamment aux Pays-Bas, ne plaident pas en sa faveur. « Et c’est d’autant plus vrai que nous ne savons pas quoi faire d’un résultat positif sans symptôme », précise le professeur Faucher.

Il est plutôt conseillé de limiter les expositions autant que possible, au moins les plus importantes, et de mettre l’accent sur l’hygiène. Pour les femmes qui travaillent au contact d’animaux ou en laiterie, mieux vaut éviter les pratiques qui mettent des particules en suspension (le nettoyeur haute pression, par exemple). Porter un masque FFP2 peut aussi être une bonne chose.