La filière blé dur veut enrayer la dégringolade des surfaces cultivées
TNC le 08/02/2024 à 18:30
À l’occasion de la 26e journée blé dur, agriculteurs, opérateurs, transformateurs et chercheurs se sont réunis afin de « renforcer leur coordination et de soutenir la recherche, dans l'intérêt de toute une filière centrale dans l'alimentation quotidienne des Français ».
Alors que 98 % des Français consomment des pâtes dont 62 % deux fois par semaine, les surfaces de blé dur ne cessent de diminuer ces dernières années : le niveau le plus haut a été atteint en 2010 avec 500 000 ha selon le GIE blé dur ; l’an dernier, la filière a comptabilisé 235 000 ha dans l’Hexagone.
« Nous avons pour ambition d’inverser cette dynamique baissière qui impacte toute la filière, indique Frédéric Gond, agriculteur du Loiret et président du comité de pilotage de la filière blé dur française. L’objectif est d’assurer les volumes nécessaires aux transformateurs de blé dur français et européens avec une production issue de nos territoires. »
« Accompagner le développement des moyens de production »
Pour Frédéric Gond, « le blé dur reste une culture fondamentale dans les assolements et son différentiel de marge par rapport au blé tendre demeure avantageux huit années sur dix. Mais il convient « d’accompagner le développement des moyens de production, en particulier la recherche et le développement : moins on cultive de blé dur, moins les moyens sont importants ».
« Le plan stratégique Exqualidur, piloté par Intercéréales et associé à tous les partenaires de la filière, doit apporter l’oxygène nécessaire pour redynamiser cette production. » Une attente particulière est notamment portée sur la recherche variétale. Estimé à 0,4 q/ha/an, le progrès génétique sur le rendement du blé dur est stable depuis 1981, mais reste moindre par rapport aux autres espèces de céréales à paille.
Les sélectionneurs cherchent alors à « maintenir le progrès génétique moyen et travaillent aussi sur la tolérance des variétés face aux stress hydrique ou à la pression des maladies. ». Parmi les maladies qui affectent le blé dur, la rouille brune et la septoriose sont les deux principales. Pour la première, « le niveau de résistance actuel est globalement bon et le progrès génétique se poursuit. Concernant la septoriose, la progression du niveau de résistance a été plus modérée mais la tendance semble être à l’augmentation », estiment Jean-Pierre Cohan, chef du service adaptation des cultures aux agro-climats, génétique et phénotypage pour Arvalis et Delphine Audigeos, évaluatrice des variétés de blé dur et animatrice scientifique du GIE blé dur.
Des projets de recherche (Mosadurum et Readme) sont également en cours pour introduire les gènes porteurs de la résistance aux mosaïques, présents chez le blé tendre, mais pas chez le blé dur. « Cela permettrait d’ouvrir de nouvelles zones de production. » « D’autres projets de recherche contribuent à l’amélioration des variétés en termes de résistance aux maladies, comme Duromal et Enduro financés par le Casdar, et Rouille jaune et Durable financés par le FSOV (Fonds de soutien à l’obtention végétale, ndlr). »
Pour les deux spécialistes, « l’interaction naturelle entre le rendement, la protéine et le mitadinage complique l’amélioration des critères qualitatifs. En tendance, plus le niveau de rendement d’une variété est élevé plus la teneur en protéines est faible avec une conséquence sur l’augmentation de la teneur en mitadin. Néanmoins, malgré une baisse de la teneur en protéines sous l’effet du progrès génétique rendement, on observe une progression de la vitrosité et donc de la tolérance au mitadinage ».
« L’agronomie au service de la sobriété »
Autre thématique de recherche importante : l’alimentation azotée de la culture. « Si elle est garante d’une bonne qualité et d’un rendement optimal, elle reste néanmoins le premier facteur d’émission de gaz à effet de serre de la filière », note Matthieu Killmayer, ingénieur régional et animateur de la filière blé dur, pour Arvalis. Les équipes travaillent donc sur les différents leviers actionnables pour « optimiser et/ou diminuer le recours aux engrais azotés tout en limitant leur impact environnemental », tels que « les engrais azotés neutres en carbone, le pilotage intégral des apports, l’apport de matières organiques, l’introduction de légumineuses en culture principale ou en couvert, etc. ».