« Conserver le patrimoine génétique d’hier pour créer les variétés de demain »
TNC le 12/03/2024 à 12:30
A l’occasion d’une conférence de presse, Semae a mis en avant l’importance de « conserver et de maintenir des variétés, anciennes ou récentes, d’ici ou d’ailleurs, pour répondre aux demandes des consommateurs et aux défis de souveraineté alimentaire ».
« Plus on a de diversité, plus on a de solutions et donc de chance de s’adapter », a déclaré Stéphane Crozat, directeur du Centre de ressources de botanique appliquée (CRBA) lors d’une conférence de presse organisée au Salon de l’agriculture.
« Promouvoir toutes les semences »
Il met en avant l’importance de conserver et de maintenir le patrimoine génétique végétal : « les variétés anciennes peuvent représenter des briques utiles pour faire face aux défis agroécologiques et climatiques à venir. Il y a, pour cela, une diversité d’acteurs qu’il faut mettre autour de la table, même si tous ont des enjeux et des contextes très différents ».
C’est notamment dans cet objectif qu’a été créée, en 2022, la section « Diversité des semences » au sein de Semae et dont Stéphane Crozat est le vice-président. Le rôle de cette section est de « promouvoir toutes les semences pour tous les usages et toutes les agricultures sans les opposer ».
« Nous sommes persuadés que chacun a un rôle à jouer dans la création variétale et la consommation de demain. A l’aube de grands défis, la souveraineté alimentaire passe par la souveraineté semencière », précise Laurent Bourdil, président de l’Association nationale des agriculteurs multiplicateurs des semences oléagineuses (Anamso) et membre du bureau de Semae.
Un retour des variétés anciennes sur le marché des semences facilité
La filière des semences et plants engage aujourd’hui 100 000 euros par an pour « conserver, enrichir et diffuser des ressources dans le cadre de Fonds de dotation Collections et biodiversité ». « L’enjeu aussi, c’est de caractériser tout ce patrimoine génétique », indique Virginie Bertoux, secrétaire générale du CTPS, Comité technique permanent de la sélection des plantes cultivées. Elle cite notamment l’exemple du gène de résistance à la tavelure du pommier découvert sur un pommier d’ornement originaire de Chine.
Il est également « prévu un dispositif facilitant le retour des variétés anciennes sur le marché français des semences et plants. Leur inscription au catalogue officiel est financée soit par le ministère de l’agriculture, soit par Semae, le reste à charge, ainsi, est nul pour l’organisme qui en fait la demande ».
C’est une démarche « vertueuse » : « les vieilles variétés disparaissent si on ne s’en sert pas, rappellent les équipes Semae. Il s’agit d’un élément important de la diversification (de l’agriculture, des régimes alimentaires) et de la sécurisation de notre agriculture ».
« Selon la FAO (l’organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture), 70 % des ressources génétiques mondiales ont été perdues au cours des 70 dernières années, souligne Stéphane Crozat. En 2024, ce sont 15 espèces de plantes qui fournissent 90 % des ressources alimentaires standardisées, avec en top 3 : le riz, le blé et le maïs ».