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Projet de loi agricole

Bio : la gauche reproche au gouvernement d’avoir effacé un objectif chiffré


AFP le 18/05/2024 à 16:20

Les députés La France Insoumise et socialistes ont accusé vendredi le gouvernement d'avoir supprimé « sournoisement », à l'occasion de l'examen du projet de loi agricole, des objectifs chiffrés pour le bio et les légumineuses, le ministre Marc Fesneau reconnaissant la suppression tout en la défendant.

La disparition était passée sous les radars des députés vendredi soir, lors du vote à la chaîne pendant près d’une heure et demie de plusieurs centaines d’amendements, discutés au préalable, sur le projet de loi agricoles.

L’un d’eux, porté par la majorité et Les Républicains, a entièrement réécrit le premier article du code rural, faisant au passage sauter l’objectif de 15 % de surfaces cultivées en bio – qui devait à l’origine être atteint fin 2022 – ainsi que celui fixant une cible de 8 % en 2030 pour les surfaces dédiées aux légumineuses (pois, haricots secs, lentilles…).

À la place, il est désormais prévu de « promouvoir la conversion et le développement » du bio, et de « tendre vers une autonomie protéique nationale d’ici 2050 ».

Le lièvre a été levé par Aurélie Trouvé (LFI), qui a dénoncé « une énorme régression », son collègue Paul Vannier accusant le camp présidentiel : « En macronie, quand vous n’arrivez pas à atteindre les objectifs, vous les supprimez de la loi ».

« Il est vain de mettre dans la loi des objectifs annuels »

Le socialiste Dominique Potier s’en est également ému auprès de l’AFP, déplorant « une très mauvaise manière faite à la fois à la démocratie et à l’écologie », car « le gouvernement a renoncé à (ces) deux leviers majeurs de façon sournoise, sans que cela ne puisse faire débat au sein de l’Assemblée ».

En réponse, Marc Fesneau a confirmé le résultat : « oui, on a supprimé la mention d’un objectif au 31 décembre 2022 », qui n’a pas été atteint, ce qui démontre selon lui « à quel point il est vain de mettre dans la loi des objectifs annuels ». Le ministre a également vanté son bilan avec des surfaces bio qui ont « augmenté de 64 % depuis 2017 ».

Dans la matinée, la gauche avait protesté contre une autre mesure durcissant les sanctions pénales en portant l’agriculture dans le champ de protection des « intérêts fondamentaux de la Nation », au même titre que la sécurité, la défense, le patrimoine culturel ou l’environnement.

Une proposition issue de la droite et de l’extrême droite que Maxime Laisney (LFI) a promis de porter devant le Conseil constitutionnel, estimant que « l’arsenal répressif est déjà suffisant » et s’inquiétant de voir « utiliser les armes de l’antiterrorisme pour aller pincer » des manifestants écologistes.