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Marchés fonciers ruraux 2023

À 6 200 €/ha, le prix des terres agricoles progresse de 1,5 % en 2023


TNC le 22/05/2024 à 17:24
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Après une année 2022 dynamique, le marché des terres et prés a reculé en nombre de transactions et en surfaces en 2023. (© Adobe Stock)

Après deux années dynamiques, les prix moyens des terres et prés libres n’augmentent que légèrement en 2023, tandis que le nombre de transactions et le volume de surfaces échangées ralentissent. L’urbanisation continue à diminuer, mais la FNSafer alerte en parallèle sur un phénomène plus insidieux de consommation « masquée » de foncier agricole.

En 2023, le marché foncier rural est globalement en baisse, marqué par deux tendances : le repli modéré, en surface, des marchés agricoles et forestiers, et le recul de l’urbanisation pour la deuxième année consécutive. Le marché des terres et prés redevient, pour la première fois depuis 2017, le premier marché en nombre de transactions sur le marché foncier rural, en lien avec le net recul du marché des maisons à la campagne, a indiqué la FNSafer le 22 mai, en présentant son analyse annuelle des marchés fonciers ruraux.

Des prix en nette hausse en zone de grandes cultures

Le prix moyen des terres et prés libres atteint 6 200 €/ha, soit une progression de 1,5 % par rapport à 2022, avec une différence marquée entre zones de grandes cultures et zones d’élevage. Dans les premières, le prix moyen s’élève à 7 710 €/ha soit une hausse de + 4,8 % par rapport à 2022, en lien avec la flambée des céréales, tandis que dans les zones d’élevage bovin, le prix moyen baisse de 0,3 % pour se stabiliser à 4 630 €/ha, un écart record similaire à celui de 2020.

Le nombre de transactions recule de 1,5 % (104 560) et les surfaces sont échangées sont en baisse de 5,3 %, avec 454 900 ha, après deux années de progression. On note cependant une augmentation des ventes de terres libres (+ 3,5 %) soutenue par la forte hausse des ventes de biens bâtis (+ 20 %), assimilées à des transmissions d’exploitation, explique Loïc Jégouzo, adjoint au responsable du service Etudes, veille et prospective de la FNSafer.

Du côté des biens loués, les prix progressent de 1,4 % à 5 120 €/ha. Le rendement locatif brut progresse et gagne 0,16 point, avec un rattrapage des prix dans les zones de polyculture, poly-élevage et élevage bovin. Il reste toutefois en dessous du rendement du livret A, relevé à 3 %.

Plus de 900 000 ha concernés par les transferts de parts de sociétés

Depuis la loi Sempastous, les opérations sociétaires sont soumises à déclaration auprès des Safer. 8 280 déclarations ont ainsi été reçues en 2023, pour une surface totale concernée de 932 300 ha, soit deux fois plus que le marché foncier agricole qui représente 470 900 ha, insiste la FNSafer. Ces opérations concernent 7 220 sociétés, pour 11 840 bénéficiaires, et une valeur de 1 853 M€.

Seuls 7 % de ces cessions sont des cessions totales, 63 % sont par ailleurs réalisées dans le cadre familial. On compte 6 % de cessions entre associés non familiaux, et 31 % de cessions en faveur d’un tiers. « C’est-à-dire que 300 000 hectares changent de main hors du cadre familial. Si on veut installer, c’est sur le marché du transfert des sociétés qu’on doit aller regarder plutôt que sur le transfert de foncier en tant que tel », insiste Emmanuel Hyest, président de la FNSafer.

Une urbanisation en baisse, mais une consommation masquée

Pour la deuxième année consécutive, l’urbanisation confirme son net ralentissement, avec une baisse des transactions de — 31,3 %, et seulement 12 900 ha de surface (- 29 %), un « niveau plancher inédit », souligne Loïc Jégouzo. En deux ans, les surfaces urbanisées ont ainsi diminué de 62 %. L’effet du ZAN, le Zéro artificialisation nette, reste cependant à relativiser, estime la FNSafer, qui met également en avant l’influence de l’inflation et de la difficulté de l’accès au crédit.

En revanche, une autre forme de consommation « masquée » du foncier inquiète la FNSafer : entre 15 000 et 20 000 hectares sont détournés tous les ans de leur usage agricole. Achetées par des particuliers, ces terres sont utilisées pour des usages de loisir, de mise à distance du voisinage, voire du stockage illégal ou des aménagements illicites. « C’est une tendance lourde, précise Emmanuel Hyest, qui nous interpelle car sur le papier, ces terres n’ont pas changé de destination, mais elles ne sont plus exploitées par l’agriculture, donc on diminue le capital agricole potentiel national », déplore le président de la FNSafer.