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Behi-Alde Farm — Espagne

500 vaches laitières à 10 500 l au pâturage dans le nord de l’Espagne


TNC le 30/05/2024 à 05:06
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(© © TNC)

Faire pâturer 500 vaches demande une certaine logistique. Sur la ferme de Behi-Alde en Espagne, pas moins de trois bâtiments et deux salles de traite, répartis sur un plateau de 300 ha, permettent de valoriser l’herbe sur pied. Et si les éleveurs se donnent du mal pour pâturer, la complémentation reste importante. Compter entre 10 et 13 kg de concentré par vache à l’année, pour une production moyenne à 40 l par vache !

Les pâtures ne sont qu’à 330 m d’altitude, et pourtant on se croirait en haute montagne. Pour rejoindre la ferme de Behi-Alde, le chemin est sinueux, et la neige recouvre encore les sommets à l’horizon. C’est dans ce décor idyllique du Pays basque espagnol que se niche la plus grosse exploitation de la région. Pas moins de 500 vaches laitières y pâturent sur 300 ha de prairie. Et la pratique dénote dans une région où l’on a coutume d’affourager les vaches au bâtiment.

4,2 t de concentré par vache par an

Mais pas question pour les Espagnols de sacrifier des litres de lait au profit du pâturage. En montagne, comme en plaine, les éleveurs visent les 40 l de moyenne, et la ferme de Behi-Alde ne déroge pas à la règle. Pour y parvenir, ils ne lésinent pas sur les concentrés. Compter entre 10 et 13 kg par vache et par jour. À l’année, pas moins de 4,2 t de concentré sont distribuées par vache pour une production de 10 494 l.

« Au meilleur de la pousse de l’herbe, la ration est diminuée de moitié », explique Giorka Berria, éleveur sur la ferme. Constituée d’ensilage d’herbe, maïs, pulpe de betterave, concentré, luzerne et paille l’hiver, elle se resserre autour de l’ensilage et des concentrés lorsque les vaches pâturent. Même lorsque l’herbe est disponible, pas moins de 5 kg d’ensilage restent distribués aux vaches laitières. « Nous essayons de ne pas avoir de trop grands changements dans la ration pour éviter les périodes de transitions », résume Giorka.

Ainsi, en pleine période de pâturage, les vaches passent systématiquement à l’auge après la traite du matin, comme celle du soir. Elles regagnent ensuite leurs quartiers dans les prairies.

3 étables et 2 salles de traite

Gérer 500 vaches laitières au pâturage, ça n’est pas rien. Pour y parvenir, le troupeau est divisé en trois. Un premier site regroupe les vaches prêtes à vêler ainsi que les jeunes animaux. Un second mélange les vaches en première et seconde lactations : « le site comprend 150 vaches, à 33 l de lait en moyenne. Les meilleurs éléments sont envoyés sur un autre site où se trouvent les hautes productrices ». Une dernière étable regroupe alors les multipares ainsi que les hauts potentiels laitiers.

Deux salles de traite, distantes de plusieurs centaines de mètres sont donc présentes sur la ferme. L’installation permet de faire pâturer les vaches sur plusieurs centaines d’hectares, tout en limitant la distance à parcourir pour les animaux. Chemins de pâturage et chiens de troupeaux permettent d’assurer les transferts entre les différents bâtiments.

Une coopérative de 18 associés

Le pâturage n’est pas la seule particularité de la ferme. L’exploitation, sous statut coopératif, est gérée par un collectif de 18 associés. Une organisation atypique issue des années 80. « Cela fait plus de 40 ans que cela fonctionne comme ça », explique l’éleveur. La mise d’entrée est faible : compter 23 000 € pour rejoindre la structure. Chaque associé est alors rémunéré pour les heures travaillées : 2 000 par an selon les statuts de l’exploitation. Les bénéfices de la structure sont ensuite répartis entre les adhérents. « Nous faisons des semaines de six jours ».

L’organisation a pour avantage de rendre compatible élevage et vie de famille, avec un revers de médaille toutefois : « c’est parfois compliqué de prendre des décisions à 18 », admet Giorka. D’autant que le système a jusqu’alors demandé peu d’investissements, les bâtiments actuels datant de la fin des années 70. Avec une valorisation de l’ordre de 530 €/1 000 l en incluant les primes lait de montagne et plus-value qualité, le système est rentable pour les 18 éleveurs.