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Agroéquipements

Pour les constructeurs, la fête est finie : le marché va chuter de 15 %


TNC le 11/06/2024 à 12:00
Tracteur

Les commandes de tracteurs sont en forte baisse. (© Adobe Stock)

Le syndicat Axema table sur une année 2024 morose. Sans parler de crise, le retour à la croissance n’est pas attendu avant 2026. Le prix des matériels a augmenté de 26 % en 3 ans.

« Un cycle classique, c’est deux ou trois années de hausse, puis autant de baisse, avant de redécoller. Là, nous avons progressé pendant six années consécutives, du jamais vu. Il est normal que cela se calme, c’était attendu. Nous entrons dans une tendance baissière », résume Jean-Christophe Regnier, le trésorier du syndicat des constructeurs Axema, qui table sur un marché français en baisse de 15 % en 2024.

Cette situation n’est pas une surprise : la forte baisse des entrées de commandes enregistrées en 2023 se répercute aujourd’hui. Ce qui est plus inquiétant, c’est que cette tendance se poursuit en 2024. « Cela commence mal, avec une baisse de 11 % des commandes sur les quatre premiers mois de l’année par rapport à 2023 », note David Targy, économiste chez Axema. Ces commandes moribondes se feront ressentir en 2025 avec une baisse du marché annoncée de 5 %. Le retour à la croissance n’est ainsi pas espéré avant 2026.

Toute l’Europe est touchée

« 2023 a été une année schizophrène », constate Jean-Christophe Regnier. Le marché français des équipements agricoles s’est en effet élevé à 9,1 milliards d’euros, un record (avec un prix des matériels en hausse de 26 % sur les trois dernières années). En 2023, les catégories qui ont cartonné sont les pulvérisateurs traînés (+ 45 %) et automoteurs (+ 35 %), les moissonneuses-batteuses (+ 6,6 %). En recul, les presses à balles rondes (- 16,8 %), les semoirs (- 20,1 %), les ensileuses automotrices (- 28 %).

La France n’est pas le seul pays touché en Europe, elle est même moins impactée que les Pays de l’Est ou l’Allemagne. L’indice du « Climat des Affaires », une enquête d’opinion menée par le Cema (Comité européen du machinisme agricole), est toutefois au plus bas depuis la grande crise économique mondiale de 2008. « Ce qui est compliqué pour les constructeurs, c’est qu’il n’y a pas de compensation avec des marchés nationaux qui prendraient le relais de ceux en baisse », note Jean-Christophe Regnier.

Le carnet de commandes inquiète

Selon Axema, la part des entreprises françaises qui considèrent que le carnet de commandes est faible, voire très faible, a augmenté de 8 points par rapport à la dernière enquête cet hiver, passant de 25 % à 33 %. 58 % ont vu leur carnet de commandes baisser au premier trimestre 2024.

Dans le détail, les commandes de tracteurs standards sont en baisse de 13 %, les chargeurs télescopiques de 7 %, les presses à balles rondes de 12 %. Les moissonneuses-batteuses restent stables. Les ensileuses automotrices remontent de 27 % et les presses à balles carrées de 23 %.

L’emploi est épargné

Notre sondage Terre-net sur l’évolution des investissements en matériel des agriculteurs confirme cette tendance auprès de nos lecteurs : 42 % annoncent une forte baisse, 25 % une baisse, 25 % sans changement, 5 % en croissance et 3 % en forte croissance.

Malgré cette conjoncture compliquée, l’état d’esprit des entreprises reste bon. Selon Axema, elles sont 50 % à se déclarer optimistes ou très optimistes, des chiffres stables par rapport à l’année dernière. Depuis le début de l’année, 20 % ont ainsi recruté et étoffé leurs équipes. A contrario, 17 % ont réduit leur effectif, principalement en restreignant le recours à l’intérim. Pour les prochains mois, 24 % pensent augmenter leur personnel. 12 % ont quand même eu recours récemment au chômage technique.