Accéder au contenu principal
Limites de propriété, contrôle des accès...

Que faire, en premier, pour limiter les vols dans les exploitations agricoles ?


TNC le 05/07/2024 à 05:12
clotures-adobe-stock-zmaj88

Même si ce n'est pas évident, il faut clôturer au maximum autour du corps de ferme, en laissant le minimum de passages libres d'accès. (© zmaj88, Adobe Stock)

Avant de se lancer dans des systèmes de prévention sophistiqués, électroniques notamment, l'adjudante de gendarmerie, et également référente sûreté, Mathilde Le Maur, conseille d'évaluer les risques propres au site d'exploitation, de bien le clôturer et de limiter les accès. Des dispositifs dissuasifs simples, et de protection mécanique, peuvent déjà être efficaces.

« Vols de produits, de caisse… Les agriculteurs, que je suis, m’ont déjà remonté ce type de problèmes », constate Valérie Cuvelier, conseillère en circuits courts et agritourisme à la chambre d’agriculture de Bretagne. Elle s’est donc rapprochée de la gendarmerie nationale pour voir quels services et appuis pouvaient être proposés aux exploitants, afin de réduire les risques et protéger les exploitations agricoles des vols, de denrées vendues en direct mais aussi de machines, outils divers, carburant…

Les agriculteurs, des cibles régulières.

L’adjudante Mathilde Le Maur, référente sûreté pour la gendarmerie du Morbihan, fait partie d’une unité spécialisée de prévention des actes de malveillance. À savoir : cette dernière existe dans tous les départements et s’adresse aux professionnels pour toutes problématiques liées à la sécurité. « Vous le savez bien, vous, exploitants agricoles, vous êtes une cible régulière, avance-t-elle. Mais ce n’est pas inéluctable. Il existe des moyens de vous en prémunir. »

Faire l’inventaire des menaces

Première étape : faire l’état des lieux des menaces inhérentes à votre activité. « Vous les connaissez pour l’essentiel, elles font fréquemment la une dans la presse », fait remarquer Mathilde Le Maur. « Carburant, outillage, batteries, métaux, engins agricoles et accessoires, véhicules, animaux, productions brutes, produits finis, argent… et même carcasse de viande bovine, tout se vole, il faut en avoir conscience ! », lance-t-elle.

« Même de la viande en cours de fumaison, à l’intérieur d’un fumoir situé dans l’extension d’un laboratoire de transformation, m’a rapporté un producteur, renchérit Valérie Cuvelier. Pour être au courant de l’existence de cet équipement, les lieux avaient sans doute été soigneusement repérés. » Sans oublier les dégradations et destructions qui accompagnent souvent ces délits.

Tout se vole, il faut en avoir conscience !

Carburant et outillage sont les biens les plus prisés. « Les vols de tracteurs sont rares, mais ceux de quads sont de plus en plus fréquents. De même que l’électro-portatif comme les antennes GPS, s’agissant ici de criminels en bande organisée venant de l’étranger », explique l’adjudante. Les risques, eux, dépendent de la localisation de la ferme, son isolement ou non, de la configuration du site, des installations qui sont présentes, et de ce qu’on produit et vend bien sûr. Autre danger à avoir en tête, même s’il est un peu différent : les intrusions à but revendicatif, en particulier en élevage. 

Top 3 des biens les plus prisés : le carburant, l’outillage, les antennes GPS.
Les vols de tracteurs sont plus rares.

Bien marquer les limites de propriété

Alors comment prévenir les vols dans les fermes ? L’adjudante répond à cette interrogation par une autre question : « Quand y a-t-il violation de propriété? Les agriculteurs nous le demandent souvent ». Eh bien, sachez qu’elle n’est pas constituée si l’accès est libre, non clôturé, et que tout le monde peut pénétrer sans effraction, ni escalade, et si vous n’avez subi aucune menace, ni manipulation, ni violence. Autrement dit : si vous croisez un intrus, vous pourrez lui dire de partir, mais sa présence ne sera pas considérée comme une infraction pénale.

Quand y a-t-il violation de propriété?

Premier moyen de protection donc : marquer les limites de propriété, même si ce n’est pas toujous facile dans une exploitation agricole. C’est-à-dire clôturer au maximum, quand c’est possible, « en adaptant les points d’entrée aux besoins ». « Moins il y a d’espaces ouverts, plus il est facile de les défendre », met en avant Mathilde Le Maur.

Clôturer au maximum.

Les dispositifs de fermeture sont divers : clôtures, barrières, chaînes, dotées de panneaux de signalisation « propriété privée », fossés, talus… « Les gens ne peuvent alors pas ignorer qu’ils n’ont pas à être là. » Idem pour les bâtiments agricoles. Telle ou telle ouverture est-elle utile ? Est-il indispensable de ne jamais la fermer ? Ne peut-on pas la verrouiller ou contrôler l’accès via un badge, une carte ou une serrure numérique fonctionnant avec le téléphone portable ? Autant de sujets qui méritent réflexion. « Seulement une ou deux voies d’accès, c’est plus contraignant pour les voleurs », résume la référente sûreté.

Ne pas faciliter la dissimulation des voleurs

Ensuite, essayez de ne pas faciliter la dissimulation des délinquants : élaguez et taillez la végétation à hauteur d’homme, les haies en particulier, aussi efficaces pour éviter le vis-à-vis avec les voisins que pour cacher quelqu’un ; installez un éclairage de sûreté dans les zones de passage et près des bâtiments sensibles, de type projecteur Led automatique à détection de présence par exemple, certains étant solaires, etc. « Les malfaiteurs n’aiment pas ça et essaient de les détruire. Mieux vaut donc les mettre en hauteur. Efficace et pas onéreux, c’est l’une des premières mesures à adopter. »

Tailler la végétation à hauteur d’homme.
Installer un éclairage de sûreté.

3- Sécuriser les entrées des sites et bâtiments

  • Les systèmes de renforcement mécanique

Pour sécuriser les ouvrants des bâtiments, il existe de nombreux systèmes de renforcement mécanique tels que des serrures ; des cadenas résistants, sécurisés ne s’ouvrant pas avec une pince monseigneur mais avec une disqueuse dont le bruit peut alerter, ou « hurleurs » émettant une sirène en cas de détérioration ; des verrous ; des cornières anti-pinces, des barres de sécurité ; des barrières de renfort intérieur ; des bras de force…, en vente libre (magasins de bricolage, sur internet) ou fabriqués soi-même si vous êtes bricoleurs.

(© Gendarmerie nationale)
  • Les solutions de contrôle d’accès

On peut citer aussi les solutions de contrôle d’accès comme les cadenas mécanique avec alarme GSM (s’il n’y a pas de wifi) ou alertes sur téléphone portable, digicodes… « À utiliser sans modération, insiste Mathilde Le Maur. Comme l’affichage dissuasif : « propriété sous vidéosurveillance », « sous protection électronique », « attention, je monte la garde… pour que les voleurs fassent demi-tour. » Pensez également à matérialiser les zones de protection sanitaire (biosécurité).

« Le voleur est quelqu’un de rationnel : il veut le maximum de gain en le moins de temps possible, facilement et sans risque pour lui. D’où l’intérêt de dissuader, gêner, bloquer, détecter, alerter… pour qu’il prenne peur et fasse demi-tour, dès son intrusion et même avant, insiste l’adjudante. Il est opportuniste, il passe souvent par hasard près d’une exploitation. Après avoir remarqué des choses qui l’intéressent, qu’il se dise aussi : « c’est trop compliqué d’entrer, je vais aller voir ailleurs ! » » 

Source : webinaire « Circuits courts – Prévention des risques de vol sur les fermes », de la chambre d’agriculture de Bretagne, organisé pendant le forum des circuits courts mi-juin 2024.