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Récolte

Moissonneuse bien réglée : paille préservée


TNC le 03/07/2024 à 05:10
Moissonpaille

Les secoueurs limitent le débit de chantier, mais permettent de préserver la qualité de la paille. (© Antoine Peucelle)

Si les andains rétrécissent au fil des années, la paille n’a pas pour autant disparue. Elle a juste changé de format. En cause ? Les successions de séparateurs rotatifs, ou encore l’arrivée des machines à rotor sur le marché. Mais tout n’est pas perdu pour les éleveurs. Avec une machine adaptée et de bons réglages, il reste possible de limiter les brisures sur les tiges. (article initialement paru le 03/07/23)

« Il y a toujours le même volume de paille qui passe dans les machines », démystifie Gérard Besnier, formateur en machinisme à la chambre d’agriculture de la Creuse. Reste à voir dans quel état elle sort de la batteuse. Car force est de constater que les moissonneuses-batteuses d’aujourd’hui sont davantage conçues pour le rendement en grain, que pour préserver la paille.

Pour comprendre pourquoi les andains sont moins volumineux que ceux d’il y a 50 ans, il faut se pencher sur le fonctionnement des machines. Ce qui casse la paille, c’est le passage dans des éléments rotatifs. « Sur les modèles les plus anciens, on en comptait deux. Un batteur, un tire-paille et puis c’est tout. Viennent ensuite les secoueurs, mais ça n’est pas eux qui altèrent la paille », détaille Gérard Besnier. Bref, un modèle empirique qui fonctionne, mais avec des performances moindres.

Privilégier les machines à secoueurs

Pour accélérer le débit de chantier et limiter les pertes, les éléments de séparation rotatifs se sont multipliés. En cause ? La séparation du grain et de la paille. « Les constructeurs estiment que 90 % des céréales arrivent à la trémie en passant au travers des corbeilles du contre-batteur », explique le conseiller. Reste alors à intercepter les 10 % restant, qui se mélangent à la paille et aux ôtons (morceaux d’épis mal battus).

Si ce sont les secoueurs qui effectuent traditionnellement cette opération, ces derniers sont maintenant accompagnés de séparateurs rotatifs transversaux. Et qui dit ajout d’un organe rotatif, dit brisures de paille en plus.

Mais d’autres modèles sont encore plus agressifs. Les moissonneuses-batteuses hybrides correspondent à une succession d’éléments rotatifs. Des séparateurs à grain longitudinaux (ou rotors) se substituent aux secoueurs en sortie de batteur. « Les secoueurs permettent une séparation souple. Si la séparation est faite via des organes rotatifs, on a forcément plus de brisures. » Sans parler des « axiales » ou machines à rotor. Constituées d’un élément rotatif pour battre et séparer le grain de la paille, ces machines sont réputées pour fabriquer beaucoup de menues pailles.

La succession d’éléments rotatifs contribue à broyer la paille et produire des andains moins volumineux. ( © G. Besnier)

Pour résumer, si l’on veut de la paille, autant privilégier les moissonneuses-batteuses à secoueurs, ou à défaut, se renseigner sur le matériel dont dispose l’entrepreneur. « Les machines qui font le buzz dans les grandes plaines ne sont pas celles qui sont le plus recherchées dans les régions d’élevage. » « Dès que l’on dépasse les 7,80 m de coupe, on commence à basculer sur des machines à rotor. À partir de là, on est plus dans une logique d’avoir du débit de chantier que de préserver les coproduits. »

Adapter le régime du batteur

Mais pour avoir de la paille, encore faut-il bien régler sa moissonneuse-batteuse. « On a souvent tendance à faire tourner le batteur trop vite », estime le conseiller. Car ce qui permet l’égrainage, c’est le frottement des épis entre eux. « On le voit bien lorsque l’on cherche à faire un échantillon à la main, le grain vient plus facilement si l’on frotte plusieurs épis. » C’est la même chose dans le batteur. S’il tourne trop vite, le matelas de céréales n’est pas suffisant pour assurer un bon égrainage. Et dans ce cas, « le batteur tient plus du broyeur que de l’égraineur ! ». En bref, une bonne manière de broyer le grain comme la paille.

« Un bon indice est de regarder si l’on a beaucoup de paille brisée, et que l’on encombre les grilles avec de la menue paille ». Attention toutefois à ne pas trop baisser le régime du batteur pour éviter le bourrage. « Mieux vaut enlever 50 tours par 50 tours », avise Gérard Besnier.

Mieux vaut également ajuster ses réglages au cours de la journée. La paille, comme le grain, est plus cassante en plein après-midi lorsque le taux d’humidité est bas. Il est donc possible de diminuer un peu le régime du batteur, et l’augmenter à la nuit tombée lorsque la paille se fait moins cassante. « Il faut adapter ses réglages aux caractéristiques agronomiques de la culture, pas seulement aux repères donnés par le constructeur », résume le conseiller.