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Un premier point sur la récolte 2024 par F. Pignolet, Soufflet Agriculture


TNC le 12/07/2024 à 17:49
FrancoisPignolet

(© TNC)

Au 12 juillet 2024, François Pignolet, directeur collecte chez Soufflet Agriculture, fait part de rendements plutôt décevants pour la récolte en cours.

« La moisson a démarré le 27 juin dernier chez Soufflet Agriculture. Pour être clair, cette année, la moisson n’est pas bonne. Les rendements sont décevants, déclare François Pignolet, directeur collecte chez Soufflet Agriculture depuis presque un an. On a été embêtés tout au long de la campagne par les excès d’eau ».

« Ce qu’on peut dire aujourd’hui : les orges de brasserie d’hiver sont récoltées à 70 %. Les protéines sont correctes de 9 à 12 %, avec une moyenne à 10,7. Les poids spécifiques (PS) tournent autour de 62 kg/hl et les calibrages sont au-dessus de 80, donc c’est une plutôt une bonne surprise sur ce point. Les rendements, en revanche, sont décevants. » Le directeur de la collecte estime « une baisse de 20 à 25 % par rapport à l’année dernière ».

« La récolte des colzas est en cours, à environ 30 % pour Soufflet Agriculture. L’humidité est à 8 %, les impuretés comprises entre 2 et 3 %, parfois 3 et 4 %. Au début, on a eu des taux d’huile qui étaient relativement décevants à 43 %. C’est toutefois en train de remonter depuis quelques jours : on est plutôt plus près des 44, 44,5 et c’est une bonne nouvelle. Les rendements ont été très décevants au départ aussi, entre 15 et 25 q/ha. Et on a l’impression, encore une fois, que les résultats ont plutôt tendance à augmenter ces derniers jours, donc à suivre ! »

« Des indices de chute d’Hagberg bons en blé »

Les silos Soufflet ont également reçu les premiers blés, en Bourgogne, Touraine Poitou, Centre Berry… Niveau résultats, François Pignolet évoque des taux de protéines autour de 11,5 %, des PS à 76,5 kg/hl. « Pour l’instant, il n’y a pas de DON : on a fait quelques analyses de mycotoxines et c’est plutôt bon. Les indices de chute d’Hagberg ne semblent pas avoir souffert des récents excès d’eau, donc on croise les doigts. »

« On attaque franchement la récolte de blé tendre en Charente-Maritime et Vendée depuis quelques jours. Les premiers blés durs ont également été récoltés dans la région Atlantique ». Le directeur de collecte souligne une souplesse au niveau de l’humidité : « on autorise à couper jusqu’à 18 % d’humidité, pour éviter le mitadin s’il y a des pluies au niveau des derniers jours avant récolte. Les PS sont plutôt faibles pour le moment. Sur les premiers blés, on a l’habitude de travailler avec des PS à 80 kg/hl, là on est plutôt à 76. Les protéines sont également un peu faibles sur les blés durs, autour de 13,5 %. Sinon la qualité est relativement correcte ».

Pour les orges de brasserie d’hiver, Soufflet Agriculture se dit, par contre, « strict sur les taux d’humidité (15 % maximum) car c’est un produit qui est destiné à germer ».

« On commence à rentrer aussi des orges de printemps semées à l’automne (OPA). Là aussi, le calibrage est correct à 80 %, les protéines un peu basses sur les premières orges récoltées, avec des PS à 62 kg/hl, mais c’est en train de s’améliorer. Les rendements se montrent aussi décevants ».

En ce qui concerne les pois d’hiver, François Pignolet note une grosse déception pour la plupart des récoltes, certaines parcelles n’ont pas été récoltées. « On attend les pois de printemps en espérant une forte correction au niveau de la qualité des rendements », indique-t-il. « La récolte des cultures biologiques démarre aussi : elle devrait s’étendre sur une grande période, compte tenu des différences de dates de semis. On espère que l’été va enfin démarrer pour que cette moisson puisse se dérouler correctement. »

Volatilité des marchés

Le directeur collecte de Soufflet Agriculture a également profité de ce point moisson pour aborder l’extrême volatilité actuelle des marchés. Parmi les éléments qui pèsent sur le sujet, « la Russie et sa récolte de blé tendre également volatile. On a démarré la récolte avec une estimation à 90 millions de tonnes (Mt), puis les gelées ont fait réviser les évaluations à 79 Mt. Cette estimation est désormais remontée à 84 Mt ».

Deuxième sujet : « les fonds spéculatifs qui augmentent le mouvement sur les prix. En une journée, on a perdu 7 €/t en blé tendre et autour de 14 €/t en colza, en lien avec une action des fonds financiers. Il y a des ventes commerciales mais il y a aussi beaucoup de spéculateurs qui vendent ce marché. Donc on oscille entre ces deux pôles, la Russie qui dit ce qu’elle veut et puis les fonds financiers, qui accélèrent le mouvement à la hausse ou à la baisse. Donc c’est très complexe et donc on a une forte volatilité ».