Accéder au contenu principal

Stocks abondants, belles récoltes et effet Trump font chuter blé, maïs et soja


AFP le 17/07/2024 à 10:31
31bcd391-2-stocks-abondants-belles-recoltes-et-effet-trump-font-chuter-ble-mais-et-soja

Les cours des grains, pour certains, à leur plus bas niveau depuis 2020. (© TNC)

Les cours du blé, du maïs et du soja américains ont chuté ces derniers jours, pour certains au plus bas depuis 2020, lestés par des stocks élevés, des récoltes abondantes et l'effet attendu de barrières douanières promises par Donald Trump.

Le cours du blé a été déstabilisé par le rapport mensuel Wasde, publié vendredi par le ministère américain de l’agriculture (USDA), qui a revu en hausse de 7 % la précédente estimation de production de la céréale aux États-Unis pour la campagne en cours.

L’USDA annonce désormais un rendement qui, s’il se confirmait, serait le deuxième meilleur de l’histoire. Le cours de la céréale reine est, depuis, descendu à son plus faible niveau depuis quatre mois sur le marché américain et depuis deux mois pour la référence européenne.

Le ministère a aussi relevé sa prévision de récolte américaine (+ 1,6% par rapport à la précédente), mais cette réévaluation a été compensée par de moindres productions attendues en Union européenne, en Russie et au Canada, ainsi qu’une hausse marquée de la consommation animale.

2e meilleur rendement de l’histoire pour le blé américain

Pour autant, le cours du maïs a aussi dévissé, de même que le soja, malgré une récolte mondiale recalculée à la baisse. Tous deux ont dégringolé, mardi, à des profondeurs plus explorées depuis l’automne 2020. Malgré les variations, « le rapport montre que l’offre est importante » pour les trois plantes, explique Arlan Suderman, de StoneX.

Cela encourage les fonds spéculatifs à parier sur un repli des cours plus net encore, au point que leurs positions à la baisse ont atteint, la semaine dernière, en net, le plus haut niveau de l’histoire pour le maïs et le soja.

Pour qu’ils changent de direction, « il nous faudrait une histoire », des nouvelles qui justifient un raffermissement, « mais il n’y a rien à raconter » pour l’instant, relève Austin Schroeder, de Brugler Marketing and Management.

Difficile de renverser la tendance

Malgré des épisodes climatiques ciblés, tempêtes et fortes pluies, les conditions météorologiques restent clémentes dans les grandes régions de production américaines. « Cela va limiter tout rebond » des prix, en particulier pour le maïs, prédit Brian Hoops, de Midwest Market Solutions.

En outre, « il y a beaucoup de maïs stocké dans les exploitations et il va falloir en vendre des millions de tonnes pour libérer de l’espace avant la prochaine récolte », qui débutera en septembre dans les principaux États qui le cultivent, avertit l’analyste.

Parmi les quelques facteurs de soutien au marché, la vague de chaleur qui frappe Ukraine et Russie, au risque de dégrader les rendements de blé de printemps et de maïs. « Mais, pour l’instant, cela ne joue pas » sur les cours, « parce que la Russie déverse beaucoup de blé à prix cassés » à l’export, tempère Arlan Suderman.

« Tant que la récolte ne diminuera pas », que ce soit sur le blé, maïs ou soja, « cela va être difficile de renverser la tendance » des prix, annonce Dax Wedemeyer, d’US Commodities, pour qui « cela pourrait se prolonger l’an prochain ».

Trump et le soja

D’autant qu’aux fondamentaux du marché s’ajoute un facteur exogène, à savoir la perspective d’un nouveau mandat présidentiel de Donald Trump, plus favori que jamais pour l’emporter, en novembre, après une tentative d’assassinat et une convention républicaine triomphale.

Élu, le promoteur immobilier « imposerait sans doute de nouveaux tarifs douaniers et mettrait encore plus de pression sur la Chine », anticipe Dax Wedemeyer. « Les gens l’ont d’autant plus à l’esprit que la Chine n’a quasiment pas acheté de soja de la nouvelle récolte cette année », souligne l’analyste.

La Chine est, de très loin, le premier importateur mondial de l’oléagineux, tandis que les États-Unis en sont le deuxième exportateur. Pour la campagne en cours, les exportations américaines de soja sont inférieures de près de 16 % à leur niveau de l’an dernier.

Une bonne partie de la demande chinoise est réorientée vers le Brésil, premier producteur mondial, dont les exportations ont bondi de 38 % en cinq ans.