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Gaec Vert de Lait : Un système low cost à 100 000 € d’EBE


TNC le 26/07/2024 à 04:58
GaecduVertdeLait

(© TNC)

Dans les Côtes-d’Armor (22), Maud Cloarec et Franck Lebreton ont misé sur la réduction des charges au maximum sur leur élevage laitier. Pour y parvenir, ils misent sur la monotraite et les vêlages groupés de printemps. Et si les vaches sont moins productrices qu’en système conventionnel, elles demandent aussi beaucoup moins de travail aux éleveurs.

« Soit on part dans une course en avant vers la production, convaincus que la science nous aidera à relever les défis environnementaux et climatiques, soit on produit moins et on réduit notre impact sur l’écosystème », introduit Franck Lebreton, éleveur laitier installé avec Maud, sa compagne dans les Côtes-d’Armor (22). Pour le couple, la deuxième option s’est imposée comme une évidence. Pour valoriser ses 68 ha d’herbe, il mise sur 42 vaches laitières en monotraite et agriculture biologique.

Leur principe de base : « avoir des oursins dans les poches », sourit Franck. En bref, miser sur un système low-cost pour réduire les charges. « Il y a 35 ans, les tracteurs coûtaient 5 fois moins cher qu’aujourd’hui. Ni le prix du lait, ni les niveaux de production n’ont été multipliés par 5. Nous avons donc fait le choix de réduire les intermédiaires pour garder la valeur ajoutée chez nous », tranche l’agriculteur.

Gaec Vert de lait — Exploitation en agriculture biologique
42 vaches en monotraite
160 000 l de lait produit par an, sur 270 jours
4 000 l par vache et 2 650 l/ha
45 g/l TB et 36 g/l TP
2,5 UTH sur la ferme
68 ha d’herbe, dont 58 ha autour du bâtiment
​​​​​​310 jours de pâturage par an
En agriculture biologique depuis 2016
100 000 € d’EBE
50 000 € de charges opérationnelles et charges de structure

Pour l’alimentation des vaches laitières, rien de moins cher que le pâturage. « Ici, le tracteur fait 200 h par an ». Sur les 68 ha d’herbe de l’exploitation, 58 sont accessibles depuis le bâtiment. Un parcellaire qui lui permet de pâturer du 15 février au 15 décembre. Les vaches n’ont aucun complément. L’hiver, elles ont du foin, et c’est tout. « On achète juste un peu de sel », précise sa compagne. Et les éleveurs assument produire un faible volume. Compter 3 800 l de lait par vache en monotraite. « L’objectif n’est pas de saturer l’exploitation, mais de se sortir un revenu correct », tranche le couple.

Au Gaec Vert de lait, les vaches sont dehors environ 310 jours par an. (© Terre-net Média)

100 000 € d’EBE avec des vaches à 3 800 l

Le pari est réussi. L’éleveur a besoin de 50 000 € par an pour faire tourner la ferme. « Je pense que je ne saurai pas descendre plus bas », lance Franck. Compter 8 000 € pour les besoins du troupeau « lorsqu’on arrête de donner des concentrés, on se rend compte que les charges descendent très vite », précise Maud. À cela s’ajoute un bon 40 000 € de charges de structure (mécanisation, bâtiments, comptabilité, énergie, assurance…).

« 50 000 €, c’est un chiffre intéressant, car il est couvert par les aides Pac et le produit viande sur la ferme », poursuit l’agriculteur. « Cela veut dire que la vente du lait, c’est notre bénéfice ». L’exploitation dégage ainsi un EBE de 100 000 €. « On pourrait doubler l’EBE sur la ferme, en passant à deux traites et en montant à 70 vaches laitières, mais pour l’instant l’équilibre entre revenus et temps passé nous convient ».

35 h semaine maximum

Car l’équilibre entre vie pro et vie perso, c’est important pour Maud et Franck. C’est d’ailleurs ce qui les a conduits vers la monotraite. « On a monté un système à l’irlandaise », résume l’agricultrice. Chez eux, l’année commence début mars, avec 6 à 9 semaines de vêlages. « Le printemps, c’est la période la plus intense de l’année ». Compter dans les 70 h de travail réparties sur 2,5 UTH. Vêlages, entretien des haies, foins, puis surveillance des chaleurs pour l’insémination. « C’est une période où il y a une certaine charge mentale, pour avoir toutes les vaches pleines et garder le troupeau en vêlages groupés ».

Une fois la saison de reproduction et les récoltes d’herbes passées, le rythme de travail ralentit. « À partir de juillet, il n’y a plus qu’à traire le matin et les emmener au pâturage. Au total, cela demande 35 h de travail sur la ferme ».

L’hiver, lorsque toutes les vaches sont taries et au bâtiment, compter une dizaine d’heures par semaine pour le soin du troupeau. « On s’arrange pour avoir fait partir toutes les réformes, et l’on nourrit simplement au foin ».

Le couple bénéficie également d’une salariée à mi-temps. « Ça nous permet d’avoir des engagements à l’extérieur, comme au Cedapa ou au conseil d’administration de Biolait », précise Franck.

C’est aussi une manière de pouvoir s’absenter de la ferme. « Avec notre système, nous n’avons jamais eu de mal à trouver des salariés, et nous sommes facilement remplaçables ». Ainsi, le couple parvient à prendre 8 semaines de congé par an, et à se faire remplacer certains mercredis et samedis.

Car sur la ferme, tout est pensé pour gagner du temps, jusqu’à l’élevage des veaux. « Ils restent sous leurs mères jusqu’à un mois », explique l’agricultrice. Cela permet de s’émanciper d’une astreinte. Et si les vaches baissent un peu en lait, le début de printemps est généralement marqué par des prix un peu plus bas du fait du pic de production. « Après un mois, on les retire. À un moment, on a quand même envie de vendre du lait ! ».

« Je pense que le faible niveau de charges fait la robustesse de notre système », conclut l’éleveur. « Nous sommes très autonomes, et au final peu dépendants de la volatilité du prix du lait, car nous livrons un faible volume », poursuit son épouse. Le couple bénéficiait en juin d’un prix de base à 480 € chez Biolait. Les primes qualité lui permettaient d’avoisiner les 510 €/1 000 l.