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En montagne, les éleveurs adaptent leur gestion de l’herbe au changement climatique


TNC le 07/08/2024 à 10:47
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En AOP abondance, la filière s'adapte aux évolutions du climat, avec l'implantation notamment de chicorée. (© AOP Abondance)

Pour faire face à la hausse des températures et aux phénomènes extrêmes plus fréquents, les éleveurs de montagne et les professionnels du secteur agricole testent des solutions. Exemple en AOP Abondance dans les deux départements de Savoie.

Les territoires de montagne n’échappent pas au changement climatique. Le Centre de ressources pour l’agriculture de qualité et de montagne (Ceraq) a ainsi constaté qu’entre 1900 et 2022, la température moyenne annuelle a augmenté de 2,6°C dans les deux départements de Savoie. Les journées chaudes (à + de 25°C) sont nettement plus nombreuses, les évènements extrêmes également alors que la durée d’enneigement chute (de 34 à 22 jours en 50 ans).

Ces bouleversements météorologiques impactent directement les agriculteurs du territoire. Les éleveurs en AOP Abondance ont vu leur cahier des charges modifié temporairement à cause des épisodes extrêmes que sont les sécheresses en 2003, 2018 et 2022, afin d’avoir plus de souplesse.

Et bien sûr, ce n’est qu’un début. Les projections climatiques du Ceraq d’ici 2100 envisagent :

  • une hausse des températures de 3°C en plaine à 10 °C en haute-montagne,
  • une pousse de l’herbe de plus en plus compliquée l’été,
  • un impact sur la qualité et la quantité de fourrages disponibles,
  • une mise à l’herbe avancée de 30 jours,
  • un stress thermique plus fort pour les animaux et une problématique d’accès à l’eau renforcée.

De nouvelles cultures fourragères

Face à cette situation, la Chambre d’agriculture Savoie Mont-blanc accompagne les éleveurs pour mieux « optimiser, valoriser et préserver l’herbe ». C’est le cas de Philippe Gillet, éleveur à Saint-Paul en Chablais. La date de sortie en pâturage de ses animaux a été avancée de trois semaines depuis quelques années, et le pâturage d’automne a été allongé, mais les mois de juillet et août sont de plus en plus compliqués avec une herbe insuffisante.

« J’ai travaillé avec la Chambre d’agriculture Savoie Mont Blanc pour réorganiser mon pâturage. Nous le gérions de la même manière depuis 20 ans et cela ne convenait plus à nos contraintes actuelles. Les vaches surpâturaient certaines zones, du fait du peu d’ombre disponible. Nous avons donc redécoupé et divisé le pâturage en parcelles pour mieux valoriser une haie qui sert d’abri l’été. Chaque parcelle dispose désormais de sa partie d’ombre, proche du point d’eau. Cela valorise mieux l’ensemble de la surface et rééquilibre le pâturage », témoigne l’éleveur savoyard.

Face au changement du climat, le Syndicat interprofessionnel du fromage Abondance (Sifa) travaille avec le Ceraq pour expérimenter de nouvelles espèces fourragères plus résistantes comme la chicorée, le sorgho ou encore le moha tout en veillant à préserver les variétés endémiques au territoire. « Nous devons également mieux connaître les conséquences que ces nouvelles implantations peuvent avoir sur la qualité et le goût du fromage », explique Joël Vindret, directeur du Sifa.

« Il faut rechercher des solutions avec les agriculteurs et les organismes extérieurs pour s’adapter du mieux possible et surtout ne pas aggraver la situation », conclut Stéphanie Lachavanne, conseillère en agro-fourrage à la Chambre d’agriculture Savoie Mont-Blanc.