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Crises agricoles: « les JO ne peuvent pas se traduire par une absence » de l’État


AFP le 08/08/2024 à 09:50
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Face aux crises agricoles, Arnaud Rousseau demande des réponses au gouvernement. (© TNC)

Entre une récolte de blé calamiteuse ou la réapparition de maladies dans les élevages, les agriculteurs font face à des crises à traiter urgemment et « les JO ne peuvent pas se traduire par une absence » de gouvernement, a estimé le patron du premier syndicat agricole dans un entretien à l'AFP.

Arnaud Rousseau, président de la FNSEA, avait demandé fin juillet au ministre de l’Agriculture Marc Fesneau de revenir rapidement sur le terrain avec des solutions pour les céréaliers les plus affectés par ce qui s’annonce comme la plus faible production de blé tendre depuis 1983.

Signal alarmant pour les éleveurs, un premier foyer en France de fièvre catarrhale ovine de sérotype 3, pouvant être mortelle pour les moutons, a par ailleurs été confirmé mercredi dans le nord. L’année s’annonce aussi compliquée pour les viticulteurs.

Question : Le ministre a-t-il répondu à vos sollicitations pour les céréaliers ?

Réponse : [Lors d’une conversation mardi soir], il n’y avait toujours rien de convenu, l’idée étant que le ministère n’avait rien de neuf à annoncer.

Mais on a besoin rapidement de racheter des semences pour semer du blé en octobre. Et quand vous faites une récolte qui est inférieure de 20 % à 40 %, vous avez des impacts en termes de trésorerie. D’autant que pour certaines exploitations, c’est parfois la deuxième ou troisième année consécutive.

Donc on a besoin que des facilités (bancaires) soient mises en place.

C’était l’engagement qui avait été pris notamment avec la Banque publique d’investissement (pendant la crise agricole cet hiver), et sur lequel il n’y a rien aujourd’hui.

Octobre, c’est dans un mois et demi. L’agriculteur a besoin de savoir à quelle sauce il va être mangé, si l’État va accompagner.

Q. : Le ministère fait valoir qu’il faut du temps pour avoir des estimations plus complètes sur la récolte, que les assurances prendront en charge une partie des pertes et qu’il faudra attendre l’impact économique réel sur les exploitations avant d’agir. Que leur répondez-vous ?

R. : On sent bien qu’au ministère, ils se disent que si il y a un nouveau gouvernement dans 15 jours, on va faire patienter les agriculteurs, puis ils se débrouilleront avec les suivants.

Le constat, il est connu. On peut discuter à 500 000 tonnes près, mais c’est une des plus mauvaises récoltes depuis 40 ans.

Quant à attendre de voir ce que vont faire les assurances, on sait très bien que les expertises, la prise en compte, prend un peu de temps. On sait aussi qu’il y a une partie des gens qui ne sont pas assurés.

Si on avait un gouvernement, on va dire classique, le ministre de l’Agriculture serait sur le terrain toutes les semaines en ce moment.

Et la question, ce n’est pas de savoir si on aura un gouvernement NFP, du centre ou de la droite. C’est qu’on a besoin d’État au moment où l’agriculture traverse une crise importante.

Les JO ne peuvent pas se traduire par une absence de conduite des affaires.

Si une grande partie des Français sont en vacances, le monde agricole est en plein boulot en ce moment et a besoin d’un gouvernement qui agit.

Q .: au-delà de la situation des céréaliers, quels sont les autres problèmes à traiter en urgence ?

R.: Le retour de la fièvre catarrhale ovine (dans le nord) fait peser de fortes inquiétudes sur la circulation des animaux. La première enveloppe d’achat de vaccins ne va probablement pas suffire et il faudra des moyens complémentaires. Pour les élevages, ce sont des réactions extrêmement rapides à prendre. Des cas de MHE (maladie hémorragique épizootique, qui touche les bovins) repartent aussi depuis 15 jours, 3 semaines, dans le Sud.

Qu’en est-il aussi du plan d’arrachage en viticulture, dont on a plus entendu parler depuis trois mois? La récolte qu’on annonce sous pression à cause des pluviométries excessives et des maladies est un nouvel épisode pour la viticulture, qui était déjà un des problèmes numéro 1.

On se réjouit que la France accueille les Jeux olympiques et on avait pris l’engagement de ne pas venir interagir avec ce moment d’union nationale. Mais pour autant, on ne peut pas se passer d’un interlocuteur public.