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Pays-Bas : la gestion de l’azote au cœur de la stratégie de D. Hettinga


TNC le 20/08/2024 à 05:30
DoedeHettinga

(© TNC)

Avec 125 vaches laitières sur 73 ha, Doede Hettinga pilote l’azote avec précision pour faire pâturer ses vaches laitières. L’objectif : un temps de retour de 7 jours sur les paddocks en pleine pousse de l’herbe.

Au nord des Pays-Bas, Doede Hettinga est un technicien hors pair. Taux d’urée, valeur azotée de la ration, teneur en N des effluents… À la manière d’un horloger, l’agriculteur gère une multitude de paramètres pour maintenir son troupeau à un haut niveau de performance, tout en jonglant avec les contraintes environnementales.

Avec 125 Holstein à 9 000 l sur une structure de 73 ha, Doede optimise la gestion de l’azote. L’objectif : tirer pleinement profit des volumes autorisés. Selon les types de sols, 265 à 345 kg d’azote hectare pouvaient être épandus en 2023 sur prairie pâturée. Compter 300 à 385 kg sur les prairies de fauche. Des niveaux élevés, mais indispensables pour maintenir les chargements actuels aux Pays-Bas.

En place sur la ferme : le « New Dutch Grazing System ». En français, un système de pâturage continu compartimenté.

En début de saison, Doede alloue 18 ha au pâturage, avec un temps de retour de 7 jours. Les parcelles de fauche sont ensuite réintégrées au circuit de pâturage lorsque la pousse de l’herbe ralentie. Selon la saison, le chargement varie de 2 à 4 UGB/ha.

L’agriculteur mise également sur un grand fractionnement des apports d’azote pour améliorer leur efficacité. (© Terre-net Média)

J’apporte entre 50 et 75 kg d’ammonitrate 27 toutes les 3 semaines

Pour assurer un temps de retour de 7 jours, pas question de lésiner sur la fertilisation. L’éleveur mise sur des épandages de lisier en début de saison, puis de l’azote minéral. « J’apporte entre 50 et 75 kg d’ammonitrate 27 toutes les 3 semaines, voire un petit peu plus en tout début de saison pour lancer la pousse », explique Doede.

Si l’utilisation d’engrais chimique peut sembler paradoxale dans un pays où l’azote organique coule à flots, le temps de retour rapide au pâturage restreint les éleveurs dans l’utilisation des effluents. « Si j’épands du lisier, je dois attendre trois semaines avant de repâturer, sinon les vaches ne veulent pas brouter l’herbe. Ça lui laisse un goût ».

Le système est certes intensif, mais il a le mérite d’être pâturant dans un pays où l’herbe sur pied est peu exploitée. Au mois de juin, 85 % de la ration des vaches était pâturée.

Piloter l’azote à travers le taux d’urée

La problématique de l’azote aux Pays-Bas ne se limite pas aux épandages. Le taux d’urée dans le lait fait également partie des éléments passés au crible. « Le taux d’urée, c’est un indicateur de la teneur en protéines de la ration, et indirectement, de l’utilisation d’azote sur la ferme », explique Doede.

« Le gouvernement incite les éleveurs à avoir un taux d’urée en dessous de 21 », décrypte Martijn Huijzer, éleveur laitier néerlandais. « Si on le dépasse, il considère que la ferme utilise trop de protéines, et donc trop d’azote. S’ensuivent des limitations sur notre plan d’épandage ».

Plutôt que de revoir à la baisse ses épandages d’engrais, Doede mise sur la récolte de fourrages de moins bonne qualité. « Je fais des fauches plus tardives pour avoir un compromis entre énergie et protéines, et récolter autour des 15 % de MAT ». Avec 73 ha d’herbe pour 125 vaches laitières, pas question de se priver de volume, d’autant que l’exploitation n’est pas autonome en fourrage.

En bref, l’éleveur propose une ration avec moins de protéines brutes, tout en maintenant son niveau de concentré (5 kg par jour et par vache) pour maintenir la production, tout en limitant le taux d’urée dans le lait. De 21 g/l, l’éleveur est passé à 14.

Autre avantage, les émissions d’ammoniac, comme la teneur en azote des effluents a diminué. Un plus dans un pays où les éleveurs payent pour se débarrasser du surplus de lisier selon son taux d’azote. « On part du principe que tout l’azote qui n’entre pas dans la vache n’en ressort pas », résume l’éleveur.