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Blé, maïs, soja : le rebond se confirme sur le marché mondial


AFP le 04/09/2024 à 17:50
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Les cours rebondissent ce mercredi, à Chicago et sur Euronext (© AlfRibeiro, AdobeStock)

Blé, maïs ou soja voient leurs prix augmenter depuis une semaine sur les marchés mondiaux, signe d'un rebond certain des céréales et oléagineux en dépit d'une très brève chute du colza après l'annonce d'une enquête chinoise.

Des Bourses de Chicago à Paris, « on a bien un rebond », affirme Jake Hanley, analyste de Teucrium Trading.

Le blé a ainsi gagné 3 % en huit jours sur Euronext, où la tonne se vendait mercredi à la mi-journée à 220 euros sur l’échéance la plus échangée (décembre). Le maïs poursuivait sa remontée (+ 7,5 % depuis la fin août), à 204 euros la tonne sur l’échéance de novembre.

« L’ensemble des marchés rebondissent », tenant compte de divers facteurs dont « un mouvement de rebond technique alimenté par des rachats de fonds d’investissement » après des semaines de forte baisse et « une météo un peu moins idéale sur la Corn Belt américaine où il fait plus sec », a résumé Sébastien Poncelet, analyste chez Argus Media France.

Et enfin, a-t-il ajouté, « c’est comme si subitement, le marché du blé se rappelait qu’il y avait une récolte catastrophique en France », premier producteur et exportateur européen de la céréale du pain.

Argus Media a estimé la moisson française de blé à 25,17 millions de tonnes pour 2024, soit près de 10 millions de tonnes de moins que l’année précédente.

Rebond « artificiel » ?

Si cette contre-performance, liée à un excès de pluie et un défaut d’ensoleillement, n’aura pas de conséquence sur l’approvisionnement domestique et européen, elle pèsera sur les exportations hors UE, estimées en baisse de 60 % par le cabinet spécialisé.

Ce rebond des cours marque-t-il la fin de la spirale baissière des derniers mois ? « Il semble qu’on ait inversé la tendance sur les trois grains (blé, maïs et soja) », juge Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors.

Selon cet analyste, les marchés ont intégré les belles récoltes américaines à venir de maïs et soja, et les fonds ont liquidé leurs positions à la baisse, notamment sur le maïs. « Cela devrait se poursuivre, ce qui va soutenir les cours », a-t-il estimé.

« Quant à aller beaucoup plus haut, cela risque d’être difficile, car la concurrence du Brésil et de la mer Noire est toujours là », a-t-il relevé.

Arlan Suderman, analyste de la plateforme de courtage StoneX, est plus prudent. « Cela dépendra des chiffres de rendement à venir » et « si ces récoltes sont aussi conséquentes que prévu, il n’y aura pas assez de place pour les stocker. Cela va mettre les cours sous pression », prévient-il.

A Dunkerque, dans le nord de la France, le courtier Damien Vercambre juge pour le moment le rebond des prix « un peu artificiel », car la demande n’est pas encore au rendez-vous. « En France, pour l’instant, on n’exporte que de l’orge. »

Poids de la Chine 

L’équilibre mondial des prix va beaucoup dépendre de l’attitude des géants indien et chinois. Déjà on observe un ralentissement des importations chinoises de céréales comme l’orge, relève Argus Media.

Que va-t-il advenir des oléagineux (colza, soja)? Pour l’heure, les commandes chinoises de soja américain se poursuivent. Du 20 août à mardi, elles ont atteint 990 000 tonnes, selon le ministère américain de l’Agriculture.

Pour autant, d’après les premiers chiffres de la campagne 2023-24, qui s’est achevée fin août pour le maïs et le soja, les exportations de soja ont diminué de 14 % sur un an et celles de maïs ont augmenté de 40 %.

Les cours du colza restent élevés et orientés à la hausse, en dépit de la séance acrobatique de mardi.

Anecdotique mais révélateur du poids de la Chine – qui achète la moitié des exportations annuelles de canola (colza OGM) du Canada -, l’annonce de l’ouverture d’une enquête antidumping sur le colza canadien a semé la panique.

Les cours ont brusquement plongé avant de se redresser, tout aussi rapidement. « Côté canadien, le marché a vite temporisé, puisque pendant le temps de l’enquête, les exportations vont continuer », a noté Sébastien Poncelet.

Le Canada est le premier producteur et exportateur mondial de cette graine, utilisée pour produire de l’huile, de l’alimentation du bétail et de l’agrocarburant.