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Il soigne ses Aubracs sans tracteur, avec une pailleuse distributrice sur rail


TNC le 06/09/2024 à 04:58
Pailleusedistributrice

(© Antom production)

Pour parachever son nouveau bâtiment d’élevage, Sébastien Manhes a installé une pailleuse distributrice de fourrage sur rail dans sa stabulation. Une manière pour l’éleveur de simplifier le travail d’astreinte hivernal auprès des Aubracs.

Chez Sébastien Manhes, dans le Cantal, le fourrage tombe du ciel. Pour ses Aubracs, l’agriculteur a opté pour une pailleuse distributrice de fourrage suspendue. La machine, accrochée à un rail pile au-dessus des vaches, déroule le fourrage et le fait tomber tout droit dans la table d’alimentation. « C’est exactement le même principe qu’une dérouleuse attelée derrière un tracteur, sauf qu’il n’y a pas de tracteur », tranche l’éleveur. Et cerise sur le gâteau : elle paille aussi !

La machine doit son arrivée sur la ferme à un drôle de concours de circonstances. « En 2017, j’ai fait construire un bâtiment de 62 m de long pour abriter ma cinquantaine de mères avec un tiers investisseur en photovoltaïque », explique l’agriculteur. Pendant ce temps, les bêtes jeunes restaient logées dans une vieille stabulation, « mais il y a eu un incident », regrette Sébastien. « En 2019, après une tempête de neige, l’ancien bâtiment s’est effondré. On a juste eu le temps de sortir les bêtes ».

C’est ainsi que la nouvelle stabulation a été agrandie pour accueillir l’intégralité du troupeau. « J’ai fait ajouter un bâtiment de 32 m pour les élèves ».

Avec tous ses animaux sur le même site, l’agriculteur a cherché à simplifier autant que possible l’astreinte hivernale. Et pour ce faire, il a supprimé le tracteur pour la modique somme de 75 000 €. « Ça semble beaucoup, mais une pailleuse à turbine attelée, c’est tout de suite 35 000 €, sans parler du tracteur à mettre devant… Et ça n’est pas avec une pailleuse que j’aurais nourri mes bêtes », constate l’éleveur. « J’aurais encore dû continuer à dérouler mes bottes de foin à la main ! ». D’autant que l’agriculteur a profité du projet d’agrandissement pour inclure la distributrice dans le dossier de subvention, qui a apporté un soutien de l’ordre de 40 %.

Après un hiver de test, Sébastien n’a pas de regrets. « J’arrive vers 6 h 30 le matin, et je mets en route la distributrice chargée de la veille avec du foin. Tout de suite, les vaches ont à manger. J’en profite pour les prendre aux cornadis, et je fais les soins », détaille l’éleveur, en vêlages d’hiver. Une fois que les vaches sont affouragées, il s’attelle, selon le jour, au paillage ou à l’alimentation des génisses. Compter un ballot et demi de paille pour l’intégralité du bâtiment tous les deux jours, et une balle d’enrubanné doublée d’une balle de foin pour les élèves le lendemain. « J’ai souvent fini aux environs de 10 h. Reste à distribuer les céréales aux vaches allaitantes, à la main ». Compter 650 g de céréales aplaties et aux alentours de 300 g de correcteur azoté en plus de 12 à 15 kg de fourrage (moitié enrubanné, moitié foin). Si bien qu’à 10 h 30, « je repousse une dernière fois le fourrage, je charge la balle d’enrubanné pour la distribution du soir, et c’est fini ».

Pour Sébastien, le principal intérêt est de limiter l’utilisation du tracteur. Ne serait-ce que pour une question de largeur de stabulation. « Je stocke toutes mes bottes dans le bâtiment des vaches. Si bien qu’en début de saison, je ne peux pas passer avec un tracteur. Il m’aurait fallu un autre bâtiment. Rien qu’en pensant au prix d’un hangar à fourrage, j’amortis la machine », sourit l’agriculteur. Et en laissant le tracteur à l’hangar, la consommation diminue rapidement. « Cet hiver, je ne m’en suis servi que pour rentrer les boules dans le bâtiment. Pour le reste, le valet de ferme suffit. Au total, j’ai consommé entre 140 et 150 l de GNR sur tout l’hiver ». Mais il en convient, « il faut quand même de l’électricité pour faire tourner la pailleuse, mais elle tourne au final assez peu ». Compter en moyenne trois quarts d’heure par jour pour affourager et pailler le troupeau.

L’agriculteur estime également avoir fait des économies en paille. « Je paille tous les deux jours, et je trouve que la machine répartit bien la paille, avec peu de brisures ». Si bien que sa consommation annuelle est passée de 75 à 65 t de paille. « J’économise un demi-camion, soit presque 1 000 € », détaille Sébastien, qui achète la grande majorité de la paille. D’autant que « le paillage est homogène, je n’ai pas besoin de repasser derrière à la fourche ».

Autre avantage : plus besoin d’ouvrir les portes en hiver. Un élément qui compte lorsqu’on est installé à 1 200 m d’altitude. « On a de moins en moins d’hiver rude, mais ça m’est déjà arrivé de passer plus d’une heure à dégager l’entrée du bâtiment pour pouvoir faire un passage pour le tracteur », se remémore l’agriculteur.

Mais la machine lui a surtout fait gagner en confort de travail. « C’est vraiment un outil dont on se sert tous les jours pendant 6 mois de l’année. Ça me semble vraiment important d’investir dans le confort de travail, en comparaison à des outils de fenaison par exemple qui servent trois ou quatre jours dans l’année… C’est ce qui contribue à rendre l’élevage moins contraignant », conclut le passionné de race Aubrac.