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Dans l’Aisne, PotatoEurope affiche en grand le dynamisme du secteur pommes de terre


TNC le 12/09/2024 à 10:51
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Carton plein pour la première journée du salon européen PotatoEurope. (© TNC)

Avec des visiteurs et exposants français et européens venus en nombre, PotatoEurope, qui se tient à Villers-Saint-Christophe, dans l’Aisne, est à l’image d’une filière pommes de terre portée par de belles perspectives de développement.

Néerlandais, flamand, français évidemment, mais aussi polonais, anglais, et même espagnol… : Il fallait être polyglotte pour suivre, mercredi 11 septembre, tous les échanges entre visiteurs et exposants de PotatoEurope. Pour la première de ses deux journées, l’édition française du salon européen de la pomme de terre a profité d’une pause ensoleillée et d’un vent d’Ouest plutôt tonique pour être à l’image de la filière : en pleine effervescence !

Depuis quelques mois, le secteur s’offre de belles perspectives de développement. Trois industriels belges investissent massivement en France. En septembre 2023, Clarebout Potatoes a démarré la production sur son site dunkerquois, sa première usine hors Belgique.

Dans les allées de PotatoEurope. (© Terre-net Média)

Près de 20 ans après la fermeture de Flodor à Péronne, Ecofrost a repris le site pour y construire une usine flambant neuve.

Agristo, un autre baron belge de la patate, va investir 350 M€ et embaucher 350 personnes à Escaudoeuvres, pour convertir en friterie géante le site que le sucrier Tereos a fermé en mars 2023. Sans oublier McCain, qui investit 355 M€ sur ses trois sites de production en France.

30 000 ha à trouver d’ici 5 ans

Il faudra évidemment être en capacité d’approvisionner ces nouveaux sites. Et donc de trouver des surfaces supplémentaires de pommes de terre. « D’ici cinq ans, il en faudrait autour de 30 000 ha », estime Arnaud Delacour, président du GIPT.

Mais « attention à rester rationnel », nuance Alain Dequeker, secrétaire général de l’UNPT. « Il faut accompagner la demande, mais pas la devancer », complète-t-il, faisant référence notamment aux « variétés exotiques » plantées en 2024, dont on ne connaît pas encore leurs débouchés possibles. « La production de pommes de terre requiert une technicité importante et un terroir adapté », rappelle-t-il.

Il faudra aussi investir plus massivement dans les capacités de stockage. « Car à date, nous n’avons pas de quoi stocker dans de bonnes conditions cette croissance de production », poursuit Arnaud Delacour.

Pour la filière et ses producteurs, le chemin de la réussite reste néanmoins semé d’embûches. Les conditions météo laissent, année après année, des périodes de plus en plus réduites et incertaines pour récolter dans de bonnes conditions.

Les automotrices attirent les foules

Les constructeurs du secteur répondent à l’enjeu en proposant des machines aux débits de chantiers toujours plus intéressants, moyennant un poids – et un prix – qui tend à s’alourdir. En témoignent, à PotatoEurope, les automotrices 4 rangs qui arpentent, sous les yeux de producteurs venus nombreux, la trentaine d’hectares de démonstrations dynamiques.

Les démonstrations dynamiques de récolte de pommes de terre ont attiré de nombreux visiteurs à PotatoEurope. (© Terre-net Média)
Les démonstrations dynamiques de récolte de pommes de terre ont attiré de nombreux visiteurs à PotatoEurope. (© Terre-net Média)

« L’hiver dernier, environ 1 500 hectares n’ont pas pu être arrachés, faute de pouvoir entrer dans les parcelles », explique-t-on sur le stand de Grimme. Une surface pas forcément plus importante que les années précédentes. Mais cela complique considérablement la préparation de la culture suivante puisqu’il faut quoi qu’il arrive sortir les tubercules pour les jeter, quand ils n’ont même plus leur intérêt dans un méthaniseur. De quoi aussi alourdir les charges.

Les incertitudes et aléas climatiques, couplés au retrait de solutions pour lutter contre la pression des maladies et ravageurs compliquent aussi l’itinéraire technique. Mais la recherche s’active pour aider la filière à y faire face. Arvalis qui est aux manettes de PotatoEurope, pilote un programme de recherche, dont la première phase triennale d’un budget de 4,2 M€, vient de s’achever. « Cela représente la moitié du budget d’Arvalis qui est dirigée vers ce programme ».

« Il nous manque de la clarté politique »

Trois axes majeurs ont été étudiés : la sobriété vis-à-vis des intrants, la maîtrise de l’empreinte environnementale et l’adaptation au changement climatique, et la maîtrise de la qualité du champ à l’assiette. En attendant une nouvelle phase de trois ans qui démarrera en 2025, Arvalis va, pour cette campagne 2024-2025, intensifier ses recherches sur le pilotage de l’irrigation et la fertilisation. Et ajouter un nouvel axe de travail « sur la résilience des systèmes de production ».

Benjamin Louvrier, responsable du pôle recherche, développement et qualité au CNIPT (à gauche) présente, avec Didier Lombart, président du comité interprofessionnel pommes de terre d’Arvalis à droite), les avancées du programme de recherche. (© Terre-net Média)

Comme les autres filières, le secteur patatier doit aussi élaborer sa feuille de route pour opérer sa décarbonation. Les représentants de la filière doivent la présenter d’ici la fin de l’année 2024.

« Les objectifs du Giec, nous les partageons », explique Didier Lombart, président du comité interprofessionnel pommes de terre d’Arvalis. Mais, suite aux manifestations qui ont ponctué le début d’année 2024, il nous faut de la clarté et une vision politique en adéquation avec les défis à relever. Chez Arvalis, cela nous préoccupe aussi. » À Villers-Saint-Christophe, dans les allées de PotatoEurope, cette clarté politique aura été, en l’absence de Gouvernement, la grande – et seule – absente.