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La Coordination rurale veut mettre fin à un modèle « agricide »


TNC le 19/09/2024 à 17:27
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(© © TNC)

Si l’année 2024 est « l’une des pires » depuis 50 ans, entre la mauvaise moisson, les crises sanitaires multiples pour l’élevage, mais aussi les hectares de vignes arrachés, la situation actuelle de l’agriculture résulte de « 30 années de mauvaise gestion, de mauvais accompagnement », déplore Véronique Le Floc’h, présidente de la Coordination rurale (CR), qui a rappelé au Space les propositions de son syndicat à quatre mois des élections aux chambres d’agriculture.

La faute revient, en partie, à l’Etat, accusé de sa « défaillance volontaire » face à ces différentes crises. Après les mobilisations historiques de l’hiver dernier, « qu’avons-nous obtenu ? Pas grand-chose », regrette la présidente de la Coordination rurale, qui dénonce un « agricide » : baisse des rendements, charges et normes françaises face à des prix mondiaux, décapitalisation qui s’accélère, pression administrative, prédation… Les difficultés sont si nombreuses que le tableau en est presque macabre. « C’est pire qu’un plan social, c’est la mise à mort de dizaines de milliers d’exploitations, pour une grande partie familiales », assène Véronique Le Floc’h

Un ennemi, la finance

A l’approche des élections professionnelles, qui permettent de désigner les représentants aux chambres d’agriculture, la Coordination rurale rappelle sa détermination à « tourner la page de la cogestion en 2025 ». Le syndicat reproche notamment à la FNSEA, syndicat majoritaire depuis toujours, de ne pas assumer « son rôle de contre-pouvoir en faveur des agriculteurs, car ils défendent plusieurs maillons des filières en même temps », ce qui a conduit, selon la CR, à « une dominance des industriels ». Des industriels « capables de trouver de l’argent pour prendre des parts dans nos sociétés alors qu’ils ne le trouvent pas pour nous payer des prix à une juste valeur », dénonce encore Véronique Le Floc’h.

La présidente de la CR rappelle des positions syndicales inchangées, qui doivent permettre aux agriculteurs de vivre de leur métier sans dépendance aux primes : sortir de l’OMC, exception agriculturelle, sortir l’agriculture des accords de libre-échange, régulation des productions, TVA sociale pour être plus compétitif. « Il faut arrêter de quémander des aides à chaque nouvelle problématique, c’est intenable », dénonce-t-elle.  

Si le syndicat attend, comme beaucoup, la nomination du ministre de l’agriculture, la rentrée parlementaire doit également permettre d’avancer sur la loi d’orientation agricole, dont la version votée par la précédente mandature de l’Assemblée nationale mériterait d’être complétée, juge la CR. Le syndicat met en avant certaines lignes rouges, comme le diagnostic modulaire, qui risque de rendre les transmissions d’exploitation encore plus difficile en cas de mauvaise note, ou la mise en place de France Service Agriculture, une nouvelle strate coûteuse, quand l’argent pourrait être utilisé ailleurs.

La Coordination rurale espère logiquement remporter en janvier « un maximum de chambres », mais refuse surtout un système qui fait entrer « la finance sur nos exploitations » et réduit l’agriculteur à une simple main d’œuvre. « On ne veut pas tomber dans l’esclavage moderne auquel on est en train de nous préparer », prévient de son côté Sophie Lenaerts, vice-présidente de la Coordination rurale.