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Vaches de réforme : une ration biphase pour réduire le coût d’engraissement


TNC le 23/09/2024 à 05:18
Blondesauxcornadis

Le pré-engraissement permet d'alourdir les animaux avec des fourrages produits sur la ferme. (© TNC)

Pour réduire le coût de la finition des vaches de réforme à haut potentiel comme les Blondes d’Aquitaine, un essai mené sur la Ferme des Etablières propose d’effectuer un pré-engraissement à partir de fourrage de qualité.

Pour l’engraissement des vaches de réforme, on a coutume d’utiliser une seule et même ration sur toute la période. Cela convient plutôt bien aux races dont la durée de finition n’excède pas les 100 à 120 jours, comme la Charolaise, la Limousine ou les races rustiques. Mais vu le niveau d’exigence des Blondes ou des Parthenaises, couplé à leur capacité à prendre beaucoup de poids, la période peut vite s’allonger ! « Avec des Blondes qui peuvent prendre 220 kg sur 150 jours, nous avons voulu tester un itinéraire en deux temps, en utilisant d’abord des fourrages de l’exploitation. L’objectif était de le comparer à un régime 100 % sec », explique Jean-Jacques Bertron, responsable de projets viande bovine à l’Institut de l’élevage.

Alors quand passer au biphase ? Pour Jean-Jacques Bertron, tout dépend des fourrages disponibles sur l’exploitation. « Si on est dans une logique de simplification de l’alimentation et de réduction du temps d’astreinte sur la ferme, la ration sèche fait l’affaire. Mais si on souhaite travailler sur le coût alimentaire, et que l’on a des fourrages de qualité à valoriser, il y a de réelles opportunités ».

Introduire du fourrage dans la ration d’engraissement

Des essais menés aux Établières ont montré qu’il était possible d’obtenir des poids et conformations de carcasse correctes en débutant l’engraissement avec des fourrages autoproduits. Mais Jean-Jacques Bertron tempère, « il ne s’agit pas de donner de la « petite herbe ». Nous sommes sur des rations à plus de 0,90 UFV/kg MS pour le début d’engraissement ». En bref, compter une ration à 40 % de concentré sur les 40 premiers jours, avec 8,5 kg MS d’ensilage (2/3 de maïs et 1/3 d’herbe), 2,4 kg MB de tourteau de soja et 4,5 kg MB de maïs grain, avant de laisser place au mash de finition à volonté.

« La ration base fourrage permet d’avoir un GMQ de 1,25 kg sur les 40 premiers jours ». C’est moins qu’avec un mash, où les animaux affichent des performances à 1,5 kg/j en début d’engraissement. Mais cela permet de commencer le travail. « Lorsque les vaches passent en seconde phase, après 3 semaines de période de transition, la prise de poids repart de plus belle alors que la courbe de croissance des animaux en ration unique commence à se tasser ». Compter un gain quotidien de 1,6 kg/j pour les animaux en ration biphase, contre 1,35 kg/j pour le lot témoin sur la seconde partie de l’engraissement, pour au final, présenter des poids et conformations de carcasses comparables.

Compter environ trois semaines de transition alimentaire en milieu d’engraissement pour les vaches en régime biphase. (© Idele)

Cette légère modification de la cinétique de croissance permet de faire des économies sur le coût alimentaire. Avec la ration biphase, le coût du kilo vif supplémentaire diminuait de 20 % par rapport à celui de la ration unique sur les essais menés aux Établières.

Mais l’impact économique ne se limite pas à l’analyse du coût alimentaire. « Dans une approche globale, il faut tout prendre en compte. Comme le temps passé à faire et à distribuer la ration avec plusieurs fourrages », ajoute Jean-Jacques Bertron.

Sélectionner des fourrages de qualité

Pour que la pratique soit rentable, il est important d’apporter une ration suffisamment riche en énergie durant la première phase pour éviter un allongement de la période de finition. « Nous sommes sur un jeu d’équilibriste, entre coût alimentaire et durée d’engraissement », résume le conseiller. « On pourrait à l’avenir tester des régimes encore plus ambitieux avec les fourrages, mais tout en gardant l’objectif de produire des carcasses bien finies pour satisfaire la filière avec ces animaux haut de gamme ».

Mieux vaut donc viser les fourrages de qualité. « Si la ration descend en dessous des 0,90 UFV/kg MS, il va être difficile d’avoir des croissances intéressantes et l’engraissement va traîner ». Et s’il est toujours possible de corriger les rations avec des concentrés, « le régime peut vite se transformer en ration sèche si l’on ajoute trop de concentré à un fourrage modeste ». Pas besoin pour autant de quantités phénoménales de fourrage devant soi. Le pré-engraissement reste court et les animaux en finition sont généralement peu nombreux.

Si cette pratique est particulièrement adaptée aux animaux exigeants, avec un gros potentiel de prise de poids, un travail peut également être envisagé autour d’autres races comme les Charolaises ou les Limousines, lorsque les vaches entrent en finition avec une note d’état corporel entre 1,5 et 2. « Certains éleveurs effectuent un pré-engraissement sur des vaches de réforme avant le sevrage », remarque Jean-Jacques Bertron. Une manière d’avoir des vaches déjà en état en fin de lactation. « Le veau en profite sûrement, mais on gagne un petit peu de temps sur la finition. Mais à quel prix ? Peut-être un autre sujet d’étude… »