Accéder au contenu principal

« La France est entrée sur une pente décroissante de la production de grains »


TNC le 24/09/2024 à 18:03
IMG_2322

Antoine Hacard, président de la Coopération Agricole Métiers du grain. (© TNC)

Pour le président de la Coopération agricole Métiers du Grain, la moisson catastrophique menace la compétitivité des coopératives de collecte-approvisionnement déjà fragilisées par des difficultés structurelles liées à l’augmentation des charges et à la baisse tendancielle des volumes de collecte.

Après la moisson désastreuse de l’été, Antoine Hacard, président de la Coopération agricole Métiers du Grains, fait le point ce 24 septembre. Avec une production de blé inférieure de 10 millions de tonnes à celle de l’année dernière, le coût financier devrait s’élever à 300 M€ de perte de marge sur l’activité céréales pour les coopératives.

Outre le manque de volume, la qualité (poids spécifiques faibles en blé, calibrage en orges) va nécessiter davantage de travail du grain, et donc un coût supplémentaire, ainsi qu’une perte de valeur pour les adhérents, explique Antoine Hacard.

Et si, après la très mauvaise moisson de 2016, « on s’est vite rétabli, nous ne sommes plus du tout aujourd’hui dans la conjoncture de 2016 car structurellement, le modèle collecte-appro est en grande difficulté économique », ajoute le président de la Coopération agricole Métiers du Grain.

Mur d’inflation et difficultés structurelles

Suite au déclenchement de la guerre en Ukraine, les coopératives doivent notamment faire face à une inflation passée de 1,6 % en 2021 à 4,9 % en 2023. Le coût du transport routier a ainsi été multiplié par deux depuis 2020, le coût de l’énergie a grimpé de +30 %, tandis que le coût des masses salariales a progressé de +12 % depuis 2021.

Cette augmentation des charges fixes a entamé les marges des coopératives de 50 %, or ce sont ces marges qui servent à financer les amortissements et les investissements notamment pour les transitions environnementales, explique Antoine Hacard.

En parallèle, les volumes collectés diminuent de façon tendancielle. « La ferme France est entrée sur une pente décroissante de la production de grains », souligne-t-il, une perte de rendement liée aux mauvaises conditions climatiques cette année, mais plus globalement au réchauffement climatique, ainsi qu’à la diminution des moyens de protection. « La décroissance sur notre secteur d’activité a commencé », déplore le président de Métiers du Grain.

« Nous n’avons plus de temps à perdre »

Dans cette situation compliquée, « nous n’avons plus de temps à perdre », car « les coopératives pourraient être très rapidement en difficulté financière », alerte Antoine Hacard. Dans l’immédiat, deux demandes sont formulées auprès des pouvoirs publics.

D’une part, les coopératives, qui bénéficient du dispositif Aval pour les céréales (une caution d’État permettant de garantir leur stock auprès des banques) souhaitent une extension à l’ensemble des oléagineux. D’autre part, et sans surprise, elles demandent l’abrogation de la séparation de la vente et du conseil, un dispositif « qui impacte la compétitivité des coopératives », estime Antoine Hacard. À noter qu’avant la dissolution de l’Assemblée nationale, cette abrogation semblait amorcée.