Accéder au contenu principal

Le temps sec au Brésil pousse les prix du soja américain


AFP le 25/09/2024 à 18:50
db9c8db6-b-le-temps-sec-au-bresil-pousse-les-prix-du-soja-americain

A la clôture du marché de Chicago, mardi soir, la fève de soja à livraison novembre 2024 avait augmenté de 3,0 c$/bu, à 10,42 $/bu. (© Junior Gobira, AdobeStock)

Le temps sec au Brésil, où débutent les semis de soja, favorise une remontée des prix de la graine oléagineuse ainsi que du maïs aux Etats-Unis, tandis que le cours du blé est toujours essentiellement dicté en mer Noire.

« Le temps sec préoccupe pour les semis de blé en Russie et pour les semis de soja au Brésil », résume Sébastien Poncelet, du cabinet Argus Media France.

« En toile de fond, il y a une petite vague favorable aux achats de matières premières, liée à la baisse des taux de la banque centrale aux Etats-Unis et l’annonce de mesures de relance économique en Chine », indique-t-il.

Le cours du maïs américain est ainsi monté mardi à son plus haut niveau depuis près de trois mois et celui du soja a connu un sommet de près de deux mois.

Environ 0,9 % des surfaces dédiées au soja ont reçu des semis, selon le cabinet brésilien AgRural, contre 1,9 % l’an dernier à la même époque. Ce chiffre masque des disparités car les semis battent leur plein dans l’Etat du Parana (sud), qui a reçu des précipitations abondantes la semaine dernière, alors que d’autres Etats comme le Mato Grosso voisin pâtissent toujours d’un temps chaud et sec.

Certains observateurs s’inquiètent de la présence renforcée, surtout dans le sud, de cicadelles (chicharrita). Favorisé par la montée des températures, cet insecte avait attaqué le maïs argentin il y a quelques mois, conduisant la Bourse de Buenos Aires à revoir à la baisse ses prévisions de récolte pour 2024.

Pour Dewey Strickler, d’Ag Watch Market Advisors, la hausse des cours du maïs et du soja américains s’explique aussi par « la grève qui menace dans les ports de la côte Est (des Etats-Unis) jusqu’au Golfe du Mexique ».

A court terme (la grève) pourrait faire monter les prix, « mais à long terme, ce serait mauvais » pour les agriculteurs américains, ces ports permettant l’essentiel des exportations de maïs du pays, relève l’analyste.

Cela contraindrait, en effet, les producteurs à stocker plutôt qu’à exporter, avec le risque de ne plus pouvoir écouler la marchandise une fois la grève terminée.

« Yo-yo » du blé

Les analystes ne voient toutefois guère les cours évoluer beaucoup dans les semaines qui viennent.

« Je ne vois pas de raison pour que le marché bouge dans un sens ou dans l’autre. Pluie ou pas pluie (au Brésil), cela n’a pas d’importance avant mi-octobre. Le soja peut être planté après cette date », estime Jon Scheve, de Superior Feed Ingredients.

Alors que la récolte du maïs commence aux Etats-Unis, Dewey Strickler voit aussi les cours « évoluer dans des marges resserrées ». Et « une fois que la récolte sera achevée, tout dépendra de la demande, qui est assez moyenne en ce moment », relève-t-il.

Pour le blé, ajoute-t-il, les très bonnes exportations américaines de la céréale du pain (+ 36 % par rapport à l’an dernier) s’expliquent par la sécheresse en Australie, en Argentine et dans la mer Noire, mais aussi par le repli du dollar. Les Etats-Unis vendent à l’Asie (Japon, Philippines, Corée du Sud et Vietnam) et à l’Amérique latine.

Malgré la dynamique d’exportation de blé américain, Jon Scheve ne voit pas le prix aller au-delà de 6 dollars le boisseau : « Il y a tellement de blé dans le monde ; sous 5,50 dollars, le blé américain devient beaucoup plus attractif ».

Sur le marché européen, les cours du blé continuent à « faire du yo-yo », grimpant après une attaque en mer Noire, descendant pour tenter de gagner en compétitivité face aux prix russes, note le courtier Damien Vercambre.

Le prix de la tonne de blé tendre s’échangeait mercredi autour de 220 euros, sans grand changement sur 8 jours. En Europe, « on est 15 ou 20 dollars trop cher en blé meunier par rapport à la mer Noire », juge-t-il.

En revanche les cours du colza, flirtant avec les 480 euros la tonne sur l’échéance de novembre, profitent d’une dynamique des oléagineux : à la fois de celle du soja, du fait du temps sec au Brésil – et d’un « gros regain de fermeté » de l’huile de palme à Kuala Lumpur.